Salut tlm, je me joins au débat pour apporter mon point de vue sur cette saison 2, en commençant par les deux premiers épisodes de cette nouvelle saison (je précise que je suis dans le même cas que Torrance, je suis la diffusion de Canal sans rien -ou presque- connaître de la suite).
Analysons les deux épisodes en suivant le parcours de chacun des personnages (Revoyons l'action au ralenti : X-Or est capable de se transformer en 3 centièmes de seconde... hum) :
- [b]Bauer[/b] :
[img]http://www.epidermiq.com/forum/images/avatars/gallery/galerieTV/Jack-baeur.gif[/img]
Ce début de saison pour Bauer est plutôt intéressant, bien que, comme plusieurs l''ont noté, on n''évite pas les clichés (cf.la barbe de Bauer censée symboliser sa nouvelle ''rebel attitude''). On pourra bien sûr voir dans ces clichés des facilités mises en place par la série pour mieux ensuite les dynamiter comme le dit Torrance (sacré lui [;)]), mais c''est trop facile : il suffit de voir la façon dont est mise en scène la scène du rasage de Bauer (la caméra le filme d''abord de dos, puis se porte lentement sur le miroir pour nous révéler, à grand renfort de musique ''révélation'', un Bauer regénéré, prêt pour de nouvelles aventures), il suffit de voir cette scène donc pour comprendre que les scénaristes ne s''interdisent aucun cliché. De même, et comme le disait Amrith, voir Bauer tué froidement le pédophile n''a rien de bien original (mais, c''est vrai, c''est très surprenant sur le moment). On n''en finit plus en effet de voir des séries US aux relents plutôt douteux nous montrer leur héro, le temps d''un unique épisode, décider de supprimer le bad guy de service qui est décidément allé trop loin : je me souviens d''une scène similaire dans "Nash Bridges" (grande série s''il en est!), dans le film "Les Incorruptibles" de De Palma, etc. Souvenons-nous aussi, dans le même ordre d''idées, de Scully torturant l''agresseur de son enfant dans le dyptique "La Prophétie".
Néanmoins, quasiment chaque fois, le héros prend cette décision parce qu''il a été personnellement agressé par le méchant, qui souvent a assassiné son partenaire. Or ce n''est pas le cas de Bauer, qui décide de supprimer le gars simplement pour aider au bon déroulement de sa mission (au fait, comment compte t-il expliquer qu''il ait pu approcher, tuer et décapiter un gars aux dernières nouvelles incarcéré ?). Et comme le dit Torrance, une scène pareille nous sert à comprendre une dichotomie que met en place la série entre bureaucrates clean, qui vivent dans un monde parfait où les Etats-Unis, champion de la démocratie, respectent toujours et en toutes circonstances les droits de l''homme (cf.des séries débilissimes du style "Pensacola" en ce moment sur TF1), et des hommes de terrain qui eux savent qu''il faut parfois (souvent?) se salir les mains pour accomplir sa mission.
Mais quand même, comme le dit cette fois Amrith, très dommage que la victime de Bauer soit un pédophile, ce qui atténue incontestablement la portée de son geste. Et si le gars avait été un ''simple'' criminel, un gars qui n''inspirerait aucune espèce de haine de la part du téléspectateur à priori ? Vous me direz, c''est peut-être la question que les scénaristes voulaient soulever...
En outre, voir Bauer refuser d''aider la section anti-terroriste à stopper les terroristes était plutôt intéressant : Bauer n''en a rien à foutre, tout ce qui compte pour lui est de sauver sa fille. Sauf que voilà, à peine a t-il fait 3 pas à l''extérieur qu''il voit une mère et sa fille dans la rue, et qu''il réalise qu''il y a pas moyen qu''il laisse mourir tant d''honnêtes gens. Ainsi j''irais plutôt dans le sens contraire de Torrance : "24" a tendance à mettre en place des thèmes, des persos et des réactions intéressantes avant de tout détruire en les faisant retomber dans le cliché, le banal, le conformisme. N''aurait-il pas été intéressant de s''attarder plus longtemps sur ce refus de Bauer, de le faire durer, de rendre son son changement d''avis plus profond, moins philantropique ? A moins que l''on considère que cette mère et sa fille touchent Bauer uniquement parce qu''elles lui rappelent sa femme et sa fille et que donc, quelque part, son action est purement égoïste et expiatoire...
- [b]Palmer [/b]:
[img]http://www.epidermiq.com/forum/images/avatars/gallery/galerieTV/Ps-Palmer.gif[/img]
Palmer est plus intéressant pour l''instant que l''année dernière. Si le début du premier épisode est plutôt décevant de ce point de vue là (le bon père de famille qui cherche à passer un week-end sympa avec son fiston pour resserer les liens lors -quoi d''autres ??- d''une partie de pêche, avant -bien sûr!!- d''être interrompu par le devoir qui l''appelle à lui...), Palmer se révèle ensuite plus intéressant en prenant la décison de ''neutraliser'' un journaliste encombrant. Où l''on constate une analogie inconfortable entre le Smoking Man ("F.Esmaculata") et le président Palmer... Ce qui évidemment amène le téléspectateur à se poser certaines questions sur le rôle et la responsabilité de la presse et le comportement que les politiques doivent adopter à son égard. Cette scène est donc à ranger au côté du meurtre du pédophile et de celle des remords de Bauer comme un des plus intéressantes des deux épisodes. Espérons que Palmer continue à faire preuve d''ambiguité. Et attendons de voir où nous ménerons les quelques personnages qui entourent le président et qui semblent tenter de l''influencer (nous rappelant ainsi dans une certaine mesure le rôle que remplissait sa femme l''année dernière). Ce qui serait intéressant serait de voir un président à priori bon et altruiste virer progressivement vers une attitude plus ambiguë...
- [b]Kim[/b] :
[img]http://www.epidermiq.com/forum/images/avatars/gallery/galerieTV/Kim-Baeur.gif[/img]
Aucun point positif à relever de son côté, ses ''segments'' dans les deux épisodes sont inintéressants au possible, comme l''étaient ceux dans la deuxième partie de la saison 1. Remplissage, remplissage ! Allez, un bon point quand même : étant donné l''absence de pubs sur Canal, les pauses pipi sont toutes trouvées.
Par contre, un autre segment plus intéressant est celui du mariage en préparation, qui, étant donné le contexte post-9/11 de cette deuxième saison, s''avère extrêmement intéressant, puisqu''il montre une famille américaine typique aux prises avec un jeune issu du Moyen Orient. Ce qui permet de faire écho à certaines inquiétudes de l''Amérique d''aujourd''hui : faut-il se méfier de tous les Arabes ? Ne risque t-on pas de voir sa confiance trahie ? Ces ''agents dormants'', que l''on dit parfaitement intégré à la société US en attendant l''heure de frapper, existent-ils vraiment ? Etc.
Et là, il faudra attendre la suite des événements pour juger de la qualité de cette trame. Tout comme de l''opportunité de mettre en scène des terroristes arabes : les scénaristes n''ont pas intérêt à faire n''importe quoi, ils ont choisi de s''engager dans une voie très difficile. Pour l''instant, ils s''en sortent, surtout grâce à la présence des terroristes d''extrême droite à la Timothy McVeigh (l''attentat d''Oklahoma City en 1995) : le terrorisme existe partout, il n''est pas particulièrement islamique. Bon point donc, mais la série saura t''elle garder le cap ? Remarquons en attendant que les scénaristes ont su trouver un arc scénaristique différent tout en le reliant au sujet de la saison, l''attentat, ce qui montre bien que l''arc Kim est d''autant moins excusable.
Amrith :
[quote]Et pour l'affaire des méchants qui sont pas trop méchants dans le fond et qui ont leur raisons légitimes, c'est justement le pain quotidien de toutes les séries américaines depuis dix ans, c'est une mode avec laquelle on ne peut plus faire sans. Même si Télérama est pas au courant, c'est un fait. [/quote]
Je donne raison à Amrith, n'importe quelle série ou film depuis belle lurette met en général en scènes des méchants qui cherchent à se venger, pour une raison ou une autre, de l'Amérique. Pour citer les exemples les plus récents : "Dommage Collatéral" avec le futur gouverneur Schwarzie, "Le Pacificateur" ou "Bad Company" en ce qui concerne les Serbes, ou, du côté des séries tv, "Jag", de nombreuses fois. Le méchant-qui-veut-se-venger-mais-qui-se-fourvoie-bien-sûr-parce-que-c'est-l'Amérique-quand-même-merde, c'est devenu un cliché éculé.
[quote]Mais bon, "24" a la chance de tourner autour du traumatisme post 11 Septembre et c'est la principale raison pour laquelle toute la presse française l'encense. Le thème prévaut toujours sur le scénario aux yeux des critiques, qui érigent au final une simple bonne série en chef-d'oeuvre du fait de ses liens à la réalité.[/quote]
Alors là Amrith a mille fois raison : qu'est-ce que cela peut être énervant de lire des critiques encenser des séries a priori en se fondant sur un concept, un thème, sans aller plus loin et examiner le scénario lui-même et son évolution. La plupart des critiques parleront, au sujet de "24", de sa narration éclatée et en temps réel, de l'atmosphère post-11 septembre, etc., sans jamais aborder le scénario lui-même, tel qu'il se présente épisode après épisode. Trop souvent lit-on des critiques qui jugent des séries sur des intentions plutôt que sur des résultats.
Edité par - No 6 le 28/09/2003 01:20:04
Si quelqu'un m'a compris c'est que je n'ai pas été clair.