Difficile de passer après une analyse aussi rondement menée !! J''ai pris beaucoup de plaisir à te lire torrance, et à vrai dire, tu as éveillé ma curiosité sur ce groupe que j''admets très mal connaître. En fait, hormis les beatles, j''ai pas mal d''à priori sur les "vieux" groupes, je le reconnais.

Mais je vais tâcher de me soigner, c''est promis. d''ailleurs, je compte sur toi pour me guider sur le chemin de la rédemption...
En ce qui me concerne, et puisqu''il m''incombe de prendre le relais des reviews de ce topic passionnant, je vais tâcher de vous faire partager toute l''admiration que j''ai pour SILVERCHAIR. Une fois de plus... :D
SILVERCHAIR :
-daniel johns : guitare/chant
-chris joannou : basse
-ben gillies : batterie
Leur histoire tout d''abord est exceptionnelle, et ce à plus d''un titre.
Ce trio australien connaît le succès alors que ses membres ne dépassent pas les 16 ans. Un titre, "tomorrow", les fait se révéler en lançant leur carrière de manière tonitruante. C''est en effet grâce à ce morceau que le groupe remporte un concours qui débouchera sur une signature chez sony music. Alors que tant de groupes galèrent, silverchair aura bénéficié d''un coup de pouce du destin incroyable... Ensuite, les choses s''enchaînent extrêmement rapidement : Leurs deux premiers albums, "frogstomp" (1995) et "freak show" (1997) cartonnent et sont le témoignage de la capacité du groupe à jouer un rock, certes bien dans le ton post-grunge de l''époque, mais sincère et puissant, passionné et rageur. Les concerts que donne le groupe sont à ce titre époustouflants et en impressionnent plus d''un. Cela dit, en dehors du soutien massif de nombreux fans orphelins de nirvana, les médias quant à eux sont beaucoup plus divisés. "une vulgaire copie de pearl jam", voilà l''étiquette que le groupe traînera comme un boulet tout au long de sa carrière, une critique qui se révélera à ce point fausse qu''aujourd''hui elle ne manque pas de me faire hurler de rire...
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FROGSTOMP : un album certes un peu naïf, mais d''une efficacité et d''une sincérité redoutable. Un pur moment de rock, quoi qu''on en dise !
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FREAK SHOW : les doutes d''un groupe confronté au succès et présenté (en partie en raison de l''âge de ses musiciens) comme un phénomène de foire. L''album est plus sombre, plus rageur, plus amère, mieux produit, et laisse déjà entrevoir la capacité du groupe à étoffer son jeu en s''essayant avec succès à des morceaux plus posés et plus riches musicalement. Les fans hurlent au génie et silverchair est désigné comme le plus digne héritier du mouvement grunge.
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NEON BALLROOM (1999) : un album noir, véritable miroir d''une part du mal être d''un daniel johns complètement laminé par une anorexie l''ayant considérablement affaibli (thème traîté de magnifique façon dans "ana''s song"), et d''autre part d''une dépendance à d''innombrables médicaments limitant un stress qui à l''époque frôle la paranoïa. Dépressif, cet album l''est donc sans aucun doute, car hormis les puissants "anthem for the year 2000" et "satin sheets", un malaise quasi-palpable émane de tous les autres titres, titres dans lesquels daniel johns se dévoile avec une sincérité désarmante. Mais là où de nombreux groupes versent dans le pathétiquement larmoyant, silverchair lui, donne dans le profondément émouvant et passionné. Musicalement déjà, silverchair bifurque très nettement. L''album s''ouvre sur le grandiose "emotion sickness" (avec la participation de david helfgott officiant en tant que pianiste) qui voit s''accomplir une symbiose magique entre violons/guitares/piano pour un titre long de 6 minutes s''achevant sur ce qui reste sans doute le plus bel arpège qu''il m''ait été donné d''entendre. La claque !
A l''exception de l''extrêmement rageur "spawn again", l''album est apaisant, relaxant, et marque définitivement un tournant dans le son du groupe, devenu capable comme le montrent des titres tels que "paint pastel princess", "black tangled heart" ou "steam will rise" de varier son jeu et de le personnaliser comme trés peu sont capables de le faire. A écouter absolument.
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DIORAMA (2002) : Daniel va mieux et il le fait savoir !! Cet album tant attendu (en tout cas par moi) symbolise clairement le bonheur et la joie de vivre, assumant ainsi totalement son côté fantaisiste et complètement surréaliste.
J''ai l''intime convction qu''il s''agit là d''un album destiné à devenir culte, non pas parce qu''il dénonce quoi que ce soit ou appelle à une quelconque révolution, mais tout simplement parce que diorama est l''incarnation musicale parfaite du rêve dans ce qu''il a de plus stimulant et ennivrant. Une véritable ode à l''imaginaire... L''album démarre sur les chapeaux de roue avec l''enthousiaste et lumineux "across the night", un titre sublime et d''une ambition gigantesque. L''orchestration magnifique et complexe signée van dyke parks (connu pour son travail avec les beach boys) confère au morceau un côté comédie musicale hollywoodienne des années 50 très appréciable. Le chant quant à lui, à la fois si abouti mélodiquement et se révélant si personnel, est irrésistible. Daniel module sa voix avec une aisance déconcertante.
A noter que les deux dernières minutes du titre marquent une cassure très nette avec les 3 premières sans toutefois en altérer la cohérence. Cette liberté de structure complètement maîtrisée n''est pas sans rappeller les beatles, maîtres incontestés des prises de direction aussi radicales qu''imprévisibles... S''ensuivent des titres tels que "the greatest view", "without you" ou "world upon your shoulders" représentant en quelque sorte "la marque de fabrique silverchair", à savoir des morceaux qui marient à merveille le rock pur et dur caractérisé par de puissants riffs de guitare, et une orchestration impeccable leur apportant une indéniable touche seventies. Le chant, comme à chaque fois, magnifie le tout de façon renversante et place chacun de ces morceaux bien au dessus de ce qu'il nous est habituellement donné d'entendre.
Le summum est atteint avec "tuna in the brine" : long de 6 minutes, ce titre est ce que l'on pourrait appeler une chanson linéaire, car elle ne suit pas le classique couplet/refrain modelant 99% de ce que l'on peut entendre dans le domaine de la musique. Ce morceau est en perpétuelle évolution, ne se "répète jamais" mais garde malgré tout une ligne conductrice lui conférant une logique dans sa structure. Tout est parfaitement lié et jamais le morceau ne donne l'impression d'enchaîner les séquences sans cohérence. Il s'agit également du morceau le plus riche instrumentalement, van dyke parks se surpassant pour offrir à ce titre une orchestration véritablement étourdissante. C'est assez inexplicable, il faut l'écouter pour comprendre.
"One way mule" ou "the lever" sont là pour rappeler que silverchair est toujours capable de jouer fort et avec infiniment plus de hargne et de sincérité que n''importe quel groupe de néo-metal à la noix matraqué sur les ondes (vous connissez linkin park ?). Et pour clore le tout de la plus belle des façons, "after all these years" se pose en ballade épurée au piano véritablement ensorcelante.
Ironie du sort, je laisse la parole à télérama qui il n''y a pas si longtemps ne cachait pas son mépris vis à vis de ce groupe soit disant si détestable... "Silverchair est devenu un monstre du rock moderne, capable de tout mélanger, de tout risquer, sans jamais perdre pied. Fans de rock old school (de t-rex à deep purple !) ou collectionneur de pop délicate, expert curieux ou simple amateur de musique ardente, ne passez pas à côté d''un tel bonheur."
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Avec, de gauche à droite : chris joannou, daniel johns et ben gillies.
Pour plus d''infos, le meilleur site français sur silverchair :
http://www.silverchair.fr.st/
PS : concert de silverchair ce mardi 3 juin à la mutualité à Paris. Un grand moment en perspective. Il reste encore 500 places, avis aux intéressés...
"Les cacahuètes, c''est le mouvement perpétuel de l''homme". JC VAN DAMME