[size=150]ATTENTION SPOILERS[/size]
[b]Shutter Island[/b]
[b]ATTENTION SPOILERS[/b] [b]ATTENTION SPOILERS[/b] [b]ATTENTION SPOILERS[/b]
Dès les premières minutes, on ne peut pas s'empêcher de sourire tellement le film en fait des tonnes côté ambiance effrayante : musique hyper oppressante, lumières ténébreuses, personnages inquiétants voire franchement déglingués, hôpital gothique, docteur vaguement nazi (avec toute la morgue d'un Max Von Sydow, alias le Diable chez Stephen king et déjà vachement chelou dans "L'Exorciste") ouragan force 5,... Et tout le film sera du même (très lourd) tonneau, le summum étant atteint lorsqu'on visite enfin le Ward C, antre de la folie et apogée triomphale du too much (scène culte : le fou qui chope Di Caprio et qui tout en l'étranglant se plaint de la bombe H et de la violence du monde moderne). Pas très subtil tout ça, et dans le genre thriller fantastico-psychologique, je préfère de loin la sobriété d'un "Shining", qui commence lui-aussi par l'arrivée des personnages dans l'endroit maudit (musique pesante à l'appui) et suit la lente descente aux enfers de son héros, sans jamais qu'on sache vraiment si les apparitions sont dans ou hors de sa psyché torturée. Le film multiplie les fausses pistes (Von Sydow ne servira finalement à rien), de vrais nazis interviennent dans des flash-backs qui s'avèreront être tout autant hors sujet, et des spectres / hallucinations apparaissent la moitié du temps sans raison (cf. les apparitions sur fond d'explosion de voiture), même si les scènes correspondantes sont parmi les plus jolies du film. Au final, tout s'avère avoir été dans la tête du héros, mais aussi une gigantesque manipulation, mais quand même dans la tête du héros, euh...
C'est sans doute dans ce final qu'est le grand échec du film : non seulement le dénouement est presque condamné à l'avance à être décevant, mais surtout mélanger les deux explications est franchement malhonnête, facile et invraisemblable. Dans "The Game", il s'agissait purement d'une manipulation, et si ce n'était les 10 dernières minutes le film serait génial ; tandis que dans "Fight Club", c'est la psyché du héros le problème, mais là il n'y a qu'un seul élément qui est imaginaire, et la révélation finale n'annule en rien tout ce qui s'est patiemment construit auparavant, le climax final apparaissant au contraire comme un dénouement parfaitement cohérent (est-ce alors une surprise d'apprendre que "Shutter Island" devait être réalisé au départ par Fincher ?). Dans Shutter Island, rien n'est cohérent, la folie du héros apparaît comme une excuse facile pour tout expliquer en 30 secondes, et les 3/4 du film ressortent au final comme des fausses pistes, donc comme très superficiels. J'aime bien les intrigues énigmatiques à la Cluedo, mais quand on explique tout par des hallucinations franchement je me sens floué. Trop facile. Pour le coup BHL aurait été plus inspiré de s'intéresser à la représentation faite au cinoche de l'aliénation mentale, il aurait eu des choses plus intéressantes à dire.
Quant à la morale du conte, qui est que le monde moderne est ultra violent et qu'il vaut mieux peut-être se réfugier dans la folie, je la trouve assénée avec toute la sobriété et l'intelligence d'un alcoolique philosophant au comptoir d'un PMU (cf. le fou et ses remarques sur la bombe H, plus le personnage du chef de la sécurité, qui après Von Sydow se prend lui-aussi pour le Diable). Les meurtres infanticides d'une schizophrène n'ont rien à voir avec l'Holocauste, et tout ramener à la violence que porte en lui l'Homme est un brin réducteur et simpliste. Faut pas tout mélanger non plus.
Et Di Caprio ressemble toujours à un adolescent de 16 ans, donc dans le rôle d'un flic père de famille vétéran de guerre, euh, 'pas crédible'.

Si quelqu'un m'a compris c'est que je n'ai pas été clair.