[quote="MaRiNa"]
Mais s'il éclate une guerre dans les années à venir, si la Turquie n'est pas acceptée dans l'Europe, elle va se dire "puisque les Européens n'ont pas voulu de nous, nous allons nous y opposer", ils vont donc s'allier avec les opposants de l'Europe dans cette éventuelle guerre (que personne ne souhaite, nous sommes bien d'accord) et ça risque d'empirer par la suite.
Conclusion: je pense que les pays Européens devraient laisser une chance à la Turquie, car en cas de guerre, si la Turquie se retourne contre les autres pays Européens, on s'en mordra les doigts et ça aurait été une grosse erreur d'avoir refusé la Turquie alors qu'elle voulait y entrer.
Voilà, mon opinion est dite

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deux réflexions rapides:tu envisages une guerre entre qui et qui ?? parce que a moins que tu précises exactemen ta pensée, cette réflexion est profondément infondée....Tu vois la turquie déclarer la guerre aux 25 pays de l'Ue sous prétexte qu'elle n'y est pas entrée ? c'te blague....et je vois mal la turquie s'éloigner du giron US (bush soutient son entrée dans l'Ue pour info) pour rejoindre des ennemis (que jattend de voir définir) ... autant qu'elle s'autodétruise direct le résultat serait le même...
d'autre part explique moi ce que tu entends par adaptation des turcs à l'Europe parce que ça : ça me fait méchamment penser à de l'assimilation pure et simple
deuxio : je doute que l' on est cette idée d'adaptation avec les 25 pays membres. de plus "adaptation" (ya pas à dire ce terme est tres mal choisi)
à quoi exactement ? et pourquoi donc ?
ci dessus un panel des arguments des "contre" concernant l'adhésion de la turquie, tirée d'une synthèse de l'ENS datant de janvier 2003, pour faire avancer le débat

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Argument géographique[/b]
« La Turquie n’est pas européenne, sa capitale n'est pas en Europe, elle a 95% de sa population hors d'Europe. » Voici l’un des principaux arguments de VGE. Le problème est que la définition des frontières européennes est absolument artificielle et a varié dans le temps ; l’argument géographique (argument que les français privilégieraient à 40%) n’est qu’un prétexte.
A terme, quels sont les pays qui auront le droit à l’entrée dans l’Union ? Quelles sont les frontières extrêmes acceptables de l’Europe ?
Dominique Strauss-Kahn affirme que sa conception de l’Europe est un grand groupe de pays regroupant non seulement les pays du continent mais aussi l’ensemble des pays méditerranéens (quand ceux-ci seront démocratiques, bien sur) comme le Maroc et Israël.
[b]Argument historique et culturel[/b]
La Turquie ne serait pas historiquement européenne, affirment certains. Ceci est totalement faux. En effet, la Turquie, depuis la chute de l’empire romain d’orient, s’est toujours imposée en Europe : à la mort de Soliman II, en 1566, les frontières de l'Empire ottoman s'étendaient jusqu'au nord de Budapest, englobant la Hongrie, la Moldavie, la Serbie, la Bulgarie et la Grèce.
D’autres ne contestent pas l’histoire commune entre nos peuples mais font remarquer que la Turquie a toujours été l’ennemie de l’Europe (en faisant référence à l’empire ottoman). Doit- on rappeler que les ennemis historiques de la France sont les anglais et plus récemment les allemands ? De plus le but de l’Europe est de regrouper des pays pour leur trouver des points communs et empêcher une guerre entre eux (origine de l’Europe avec l’axe franco-allemand).
Enfin certains disent que l’on ne pourra trouver de points de convergence entre nos pays car la Turquie n’a pas de culture commune avec les pays de l’Union (les bases culturelles se résumant pour certains à l’héritage des Lumières et du Christianisme). Remarquons que la Turquie à plus de points culturels communs avec la Grèce que celle-ci avec les pays baltes.
[b]Argument religieux[/b]
Ainsi l’argument de la culture se rapproche davantage de l’argument religieux et la volonté de créer une Europe « club de pays chrétiens » chère à E.Kohl.
Rappelons qu’un certain nombre de pays de l’Europe et la Turquie - en témoigne la polémique actuelle sur la place du foulard islamique - sont des pays laïcs . Ainsi comment définir un club chrétien ?
De plus, l’Albanie et certains pays des Balkans, qui sont au centre de l’histoire de l’Europe, seront-ils laissés de côté du fait de la majorité de musulmans de ces pays ?
Il est nécessaire de réaffirmer le principe de laïcité en Europe, l’absence de discrimination religieuse et ne pas inscrire (comme le demandent le pape et Berlusconi) la notion de patrimoine religieux catholique dans la constitution à venir en Europe.
[b]Argument stratégique
[/b]Aux arguments religieux et géographique, certains opposent l’argument stratégique.
Par sa localisation au carrefour des continents, l’entrée de la Turquie en Europe replacerait cette dernière au centre de la scène internationale (monopolisée par les USA de nos jours).
De plus, la Turquie pourrait devenir le porte parole de l’UE dans les pays musulmans. Ces pays écouteront davantage un message délivré par un pays dit frère.
[b]Argument institutionnel[/b]
* La Turquie attend depuis 15 ans aux portes de l’Europe et tente de répondre aux différents critères imposés par les européens pour entrer dans l’UE. Il est trop tard pour leur dire qu’ils ne pourront jamais entrer en Europe. Sinon l’UE perdra toute crédibilité internationale. Ceci serait d’autant plus illogique que la Turquie est membre du conseil de l’Europe, de l’OCDE, l’OTAN et de plus la commission s’y est engagée en 1999 en affirmant que la Turquie avait (et a toujours) vocation à entrer dans l’UE.
Cela n’empêche pas de dire qu’aujourd’hui l’Europe n’est pas prête car ses institutions ne pourraient incorporer un pays aussi grand. Sont elles vraiment capables d’incorporer 10 petits pays simultanément ? Non, par conséquent il faudrait faire attendre tous les pays et non seulement la Turquie.
* Ce qui semble être le plus important pour les états européens c’est leur perte de pouvoir au niveau du parlement car ils représentent des pourcentages de population plus faible. La France et l’Allemagne perdraient leur place de puissances les plus importantes d’Europe étant dépassé en nombre par la Turquie, qui semble avoir moins de légitimité car c’est un pays arrivant. Dans ce cas, il faut rompre avec la logique d’élargissement.
* L’entrée de la Turquie entraînerait une dilution du projet européen : nous n’aurions pas les mêmes intérêts. N’est-ce pas encore plus vrai en incorporant 10 nouveaux pays ?? Il est plus dur de se mettre d’accord à 25 qu’à 16. Certains font un procès d’intentions à la Turquie, affirmant que celle-ci serait le cheval de Troie des USA ; les USA feraient un forcing pour l’adhésion de la Turquie en espérant que son entrée inhibe toute construction d’une Europe politique. Au contraire, le PS considère que l’entrée de ce pays fera une Europe plus grande donc plus à même de s’opposer aux USA.
[b]Argument économique[/b]
Quel coût à l’entrée de la Turquie en Europe ?
Les économistes estiment que l’entrée des 10 pays coûtera 0.03% du PIB de l’Union. Or dans le cas d’un élargissement à 28 pays, ce coût devrait être inférieur à 0.05%. Ce coût n’est donc pas si important.
A long terme se pose la question de la concurrence déloyale de ce pays avec le reste de l’Union. De plus, l’économie turque étant plus faible que celle de l’Union, il risquerait d’y avoir un flot d’émigration dans nos pays. Enfin les aides attribuées à la Turquie seront autant d’aides en moins pour les autres pays (argument du non au traité de Nice par les Irlandais) : en particulier les fonds de la PAC seraient plus faibles pour la France et les autres pays européens.
Le problème de ces arguments est qu’ils sont applicables non seulement à la Turquie mais aussi aux 10 autres pays, d’autant que l’économie turque est plus saine et forte que l’économie des pays baltes.
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Petits arguments perso[/b]
Enfin certains pays comme la Grèce ont finalement accepté l’idée de l’entrée de la Turquie en Europe. En effet, c’est le meilleur moyen de faire en sorte que l’UE s’implique davantage dans les conflits antre ces pays : établissement clair d’une frontière dans la Méditerranéenne entre la Grèce et la Turquie, résolution du problème chypriote, reconnaissance des génocides…
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Argument démocratique[/b]
C’est le seul argument valable énoncé par les opposants de l’entrée de la Turquie et pourtant l’un des arguments les moins utilisés par les sondés. La Turquie a été et est encore en partie un pays non totalement démocratique. En effet, le pouvoir législatif se sent toujours surveillé par les militaires. Signe positif : les militaires ont finalement joué (ou semblent jouer) le jeu démocratique vu leur opposition au parti islamiste et l’absence de révolte. Cette passivité est en partie due au fait que les militaires (pro-européens) ne voulaient pas nuire à l’entrée de la Turquie : ainsi l’Europe semble être un gage de stabilité politique pour ce pays.
De plus, depuis la promesse d’entrée de la Turquie, de nombreuses avancées ont été effectuées : abolition de la peine de mort en temps de paix, interdiction de la torture, reconnaissance des minorités… Evidemment ceci n’est pas suffisant mais la perspective de cette intégration semble faciliter la mise en place d’une démocratie saine.
Donc la Turquie n’est pas prête (comme une minorité des 10 états du traité de Copenhague) mais a vocation, une fois que la démocratie sera stable, à entrer dans l’Union. La remarque de VGE a eu deux impacts : stigmatiser la Turquie et obliger l’Europe à affirmer qu’en 2005 il y aura ouverture des modalités d’intégration de la Turquie sans autres négociations !
Deux questions se posent donc : quelles limites à l’UE ? Et aussi quelle place pour la population européenne qui à aucun moment n’a été consultée ? L’Europe s’éloigne-t-elle davantage des européens ??