par Guigui sur 23 Jui 2004 13:24
[quote="torrance"]ça me tue d'avoir oublié, je veux relire ce post maintenant !![/quote]
Tes désirs sont des ordres, j'ai récupéré ce post mythique sur le forum du FLM :
[quote]Pour la Fête de la Musique (2003) - fête stupide qui donne l'illusion d'une politique culturelle en France - je me suis déplacé jusqu'à Marseille, où j'ai d'ailleurs pu revoir la chère Canebière dont est si fier Zozo. Là-bas j'étais venu revoir pour la seconde fois Dj Krush en concert, en me disant que ça vaudrait mieux que de déambuler dans les rues passant devant moults groupes de rock ringards improvisés et autres envolées reggae sans saveur. Apparemment certains étaient venus de Paris-même pour venir voir le dj japonais qu'ils avaient loupé par chez eux, et tous les malheureux marseillais qui n'avaient pas acheté leurs billets à l'avance se sont fait niquer et sont repartis illicos vêtus de leur short et de leurs tongs indignes. Ils n'avaient plus qu'à aller écouter de la techno pourrie.
Alors moi je connaissais évidemment pas cette petite salle, Poste A Galène dans le cinquième arrondissement et j'avais pas prévu non plus qu'il y fasse du 45° celsius que même Haroun Tazzief aurait pu étudier à l'intérieur tellement on s'y liquéfiait, et pourtant je supporte bien la chaleur mais là c'était exceptionnel. Ce qui ne m'empêche pas de mépriser les types qui se baladent en short et tongs. Il faut payer un euro de plus à la salle pour pouvoir entrer sous prétexte qu'elle est issue d'un groupe associatif.
Pauvre de moi, une fois entré, on ne peut plus sortir sous peine de ne plus pouvoir entrer à nouveau, c'est écrit sur le règlement, que je connais pas. Donc je suis coincé dans un magma atroce et moi qui était entré en avance à 21h j'apprends que Dj Krush ne sera pas là avant 23h45. Pendant donc trois heures, une gonzesse fait la dj - alors qu'elle est aussi gérante du bar pour dire ses compétences musicales - et m'assène direct donc trois heures de techno hardcore. Techno genre free-party, grosse merde boom boom qui légitime tous les stéréotypes les plus nazes qu'ont les gens sur la musique électronique. Je m'étouffe littéralement et au bout de trois heures et quart mes oreilles et mon cerveau sont ruinés psychiquement, l'état catatonique me guette, je commence déjà à maudire tous les marseillais de la planète et ce putain de videur obèse avec son t-shirt "Death Metal Friend". Pour survivre je lis un prospectus de dix lignes sur Dj Krush distribué à l'entrée par un nain avec un bob - mais un vrai nain hip-hop avec un vrai bob et un sac à dos backpacker - et ce prospectus claironne des mensonges éhontés "Dj Krush pour la première dans le sud c'est chez nous" alors que le monsieur est déjà passé trois fois rien qu'à Marseille mais aussi à Toulouse et Montpellier. Dj Krush qui est qualifié par la salle de "Rolls de l'électro", qualification débile qui a fait que la salle était remplie que d'amateurs de techno, qui ont d'ailleurs bien dû apprécier les trois heures trente de merde putassière semi-mixée qui ont fait guise de première partie à une légende vivante. Ma seule et unique chance de survie c'est de trouver de l'eau. Au bar ils en ont plus, et ils ont plus de bière non plus, juste du Coca Cola. Je hais le Coca Cola ! Le malheureux pote que j'ai entraîné avec moi dans ce bourbier après deux heure quarante de trajet du fait d'un pneu crevé, ce pote qui verse plutôt dans le punk et le gothique, s'est évanoui depuis longtemps et j'en suis contraint à lécher la sueur dégoulinante d'une fille collée à moi pour ne pas me déshydrater - ce détail est légèrement extrapolé. Est-ce moi qui suis petit ou bien les marseillais fans de techno qui ingèrent des hormones de croissance ? Les deux sûrement, il n'empêche que je vois presque rien. La merguez que j'ai bouffé juste avant d'entrer en guise de seul repas de la journée, achetée à un vieux jamaïcain rasta, ne passe décidément pas dans l'estomac.
Après trois heures trente d'endurance gastrique et de regrets de pas avoir amené un fusil à pompe pour plomber la dj, arrive enfin Dj Krush et son assistant. Il a changé de coupe de cheveux et ressemble maintenant à un personnage de manga, sauf qu'il a mis un béret pour bien marquer qu'il était en France. Malheureusement mon mental est déjà trop gâché par la pouffe d'avant et j'arrive presque pas à être intéressé. Dj Krush fait le salut japonais, et commence alors un long mix tombant trop à mon goût dans la facilité. Pourquoi ne pas jouer ses propres titres ? Pourquoi sous prétexte de concert ne programmer que des morceaux drum'n'bass', jungle ou big beat ? Pourquoi un concert devrait-il impérativement faire danser ? Il en résulte donc un mix très soigné et technique mais n'ayant pas le quart de la subtilité d'un morceau-maison. Les seuls morceaux personnels que jouera Krush sont Trihedron, Blackhole, Meïso, l'inévitable Kemuri et Song01, et ce sont en gros les seuls moments où j'étais réveillé. Avec un service de sécurité d'un type pour deux-cent cinquante personnes entassées comme des sardines sous 45° celsius, les choses tardent pas à couiller. Des gars passent derrière Dj Krush, dansent à côté de lui, tripotent ses vinyls et foutent la merde de sorte que l'ingénieur du son se goure et qu'à un moment tout s'arrête. Il faudra bien trois minutes au gorille pour s'apercevoir qu'un truc cloche, du temps que son neurone transmetteur fasse circuler l'information jusqu'au système cérébro-spinal. Dj Krush crève de chaud et finit par se foutre à poil tandis que mon pote et moi ne formons plus qu'une flaque de sueur étendue sur le parquet. A côté de moi un type enregistre un bootleg avec un micro et un lecteur Mp3 mais cet idiot l'éteint sans faire exprès et s'en rend compte qu'un quart d'heure plus tard. Sans que je sache comment, ma chemise est d'un coup déchirée dans le dos, comme pour vouloir me faire passer pour un clodo. J'essaie de raser les murs pour pas qu'on voit mon trou dans le dos, mais le nain au bob n'y est pas dupe.
Dj Krush finit son job, la salope revient faire sa bouillie technoïde à sa suite et la moitié de la salle se vide à sa gueule. Mon pote qui voulait revenir quelques jours plus tard voir un concert cold-wave me dit "Ok, c'est bon j'abandonne". Je me dis "Merde, essaie de te faire dédicacer ton disque que tu sois pas venu pour rien" et je galope jusqu'à l'entrée de derrière pour essayer de choper Dj Krush. Une fois du bon côté, le gars avec le t-shirt "Death Metal Friend" sort de la porte à la place de Dj Krush et me dit "Tu fous quoi là ?" ce à quoi je réponds "J'attends l'artiste". A ce moment là il me montre un mini-bus au loin en train de partir sur la route puis il se barre. Moi, je m'arrache les couilles au cutter.
Je marche dans une merde de chien par mégarde, puis j'arrive chez moi à Nice à quatre heures trente du matin. N'ayant pas bu depuis onze heures je vide trois bouteilles puis je vais me coucher avec un rhume contracté pendant le retour.
Moralité ? Je sais pas, à toi de voir.[/quote]
[url=http://forum.ouaisweb.com:/viewforum.php?f=77][b]Qui a dit que la fin du monde c'était pas télégénique ?[/b][/url]