par Amrith Zêta sur 11 Mai 2005 15:59
WITH TEETH
1. All The Love In The World
De très loin le meilleur morceau du disque, dont la fin est magistrale et atypique pour du NIN. Il débute avec des percussions mi hip-hop mi industrielles telles que celles de "Where Is Everybody ?" [The Fragile] avec un piano de fond qui rappelle "La Mer" [The Fragile] pour finir sur un ersatz de gospel que l'on attendait certainement pas chez Trent Reznor. Très réussi.
2. You Know What You Are ?
L'équivalent de "Starfuckers" [The Fragile] sur cet opus, c'est-à-dire des percussions saccadées et des guitares triturées sur ordinateur. Le refrain un peu metal est d'une force et d'une rage rare. Encore réussi.
3. Collector
On aime ou on aime pas, personnellement ça me laisse assez de marbre car je ne comprends pas le rapport avec NIN. Ca n'est pas mauvais mais ça me fait davantage penser aux groupes de rock de djeun's actuels qu'à NIN. Une tentative ratée de donner dans le [Pretty Hate Machine].
4. Hand That Feeds
Etonnant morceau au format pop, plus proche de "Head Like A Hole" [Pretty Hate Machine] que des compositions récentes. Premier maxi tiré de l'album, décevant au premier abord, sympathique après habitude. Un truc entraînant et facile comme voulait en faire Trent Reznor depuis un moment, avec deux trois touches NIN pour pas que ce soit incongru.
5. Love Is Not Enough
Morceau plus expérimental et lent que les précédents, qui rappelle "The Mark Has Been Made" [The Fragile] et qui nécessite donc un temps de compréhension. Passé ce temps, du bon NIN.
6. Every Day Is Exactly The Same
Pressenti comme second maxi, un morceau aux couplets electroniques qui poursuit dans le ton de "The Wretched" [The Fragile]. Les couplets sont effectivement bons mais le refrain est un peu agaçant avec sa guitare fonctionnant comme un métronome. Un morceau qui aurait pu être parfait.
7. With Teeth
Toujours dans l'esprit de titres à la [The Fragile], excellent morceau éponyme bizarre avec de grosses basses et une coupure en son milieu typique de NIN. La voix est un peu monotone par moments mais l'ensemble créé vraiment une ambiance originale.
8. Only
Troisième maxi annoncé et titre le plus inattendu pour du NIN puisqu'il s'agit basiquement d'un morceau de funk à la sauce electro-industrielle. Complètement réussi et dans la veine de "The Only Time" [Pretty Hate Machine], mais le BPM en accélération.
9. Getting Smaller
Enfin un morceau où Trent Reznor se lâche sans complexes d'intellectualisme forcené à la NIN. Rapide et brute comme l'était "Gave Up" [Broken] en son temps mais le fun en plus, un titre résolument rock'n'roll fait pour le live. Les dernières mesures chantées rappellent la fin de "Down In It" [Pretty Hate Machine].
10. Sunspots
Très bon morceau calqué sur "I Am Looking Forward To Joining You Finally" [The Fragile] en un peu plus cogneur. Le petit riff électronique sinusoïdal peut tout de même gaver à la longue mais la basse est à sa place et compense.
11. Line Begins To Blur
L'unique morceau à évoquer un tant soit peu la période malsaine [The Downard Spiral] et en l'occurrence le morceau "Reptile". Plus industriel, moins lisse, avec quelques fausses notes volontaires, morceau relativement bon.
12. Beside You In Time
Du 100% NIN. Anti-commercial au maximum, complètement expérimental, ultra-saccadé et hypnotique, évoque "Underneath It All" [The Fragile] et Memorabilia [Closer]. Impossible à encaisser pour les radios, un titre audacieux dont la fin, avec ce fameux air de guitare distordue à la fois rentre-dedans et pacifique qui représente à lui seul TOUT NIN. La claque qui encule le rock.
13. Right Where It Belongs
Tentative de Trent Reznor de nous refaire le coup de "Hurt" [The Downard Spiral]. Ca fonctionne à moitié. La moitié qui fonctionne c'est celle qui fait qu'objectivement ce morceau au piano et à la basse modifiée sur synthétiseur est très joli. La moitié qui ne fonctionne pas c'est celle qui fait qu'objectivement le morceau, aussi joli soit-il, est quand même périssable sur la durée.
14. Home
Morceau non-mentionné au dos de la pochette, qui termine le disque sur l'esprit qui l'a le plus habité, celui de [The Fragile]. Un son lancinant, de grosses percussions solennelles et des basses lourdes et graves. Si le morceau est lent et pas accrocheur au premier abord, il révèle une mélodie après étude et aurait donc été totalement dans la veine de NIN sans cette fin abrupte et trop précipitée, symbole d'un album qui aura vraiment été intriguant de tout son long.
Au final, et contrairement aux abrutis de Libération qui disent que [With Teeth] est le meilleur album de NIN tandis que [The Fragile] serait le moins bon (!), ce disque n'est qu'un bon, voire très bon album au palmarès de Trent Reznor. Il est moins diversifié que ses prédécesseurs, moins cohérent puisque les morceaux y sont pour la plupart isolés, et globalement moins charismatique et plus humble. Le problème c'est que cet album n'arrive pas à se détacher complètement de [The Fragile] qu'il tente inconsciemment de reproduire, ce qui est impossible. Outre [The Fragile], on sent quelques influences minoritaires avec des morceaux plus electroniques lorgnant vers [Pretty Hate Machine], mais là encore le charme n'agit plus autant qu'avant. Peut-être que Trent Reznor n'aurait pas dû annoncer [With Teeth] des années à l'avance comme étant un album du retour aux sources pop-rock electronique, car hormis pour deux morceaux ça n'est pas du tout le cas. Cet album tente de concilier un peu tout NIN mais n'y réussit pas, car l'effet [The Fragile] est trop pregnant et prend le pas sur les autres périodes du groupe, notamment sur la période [The Downard Spiral], pourtant la plus importante en termes de popularité, qui est presque éclipsée. Au final, [With Teeth] très bon disque, mais on ne révolutionne pas dix fois l'Histoire, il y a un moment où le mythe s'arrête pour laisser place à un bon groupe de plus. Ce moment est arrivé. Il était de toutes manières impossible de faire mieux que [The Fragile], le monument absolu de NIN et le disque culte des années 90 avec [Mezzanine] de Massive Attack.