par torrance' sur 04 Mar 2004 15:42
GUIGUI :
[quote]
beaucoup d’éléments m’ont ramené à ma propre vie et ma propre histoire ce qui m’a plongé dans une mise en abyme vraiment déstabilisante[/quote]
Au départ, je pensais que ce livre était très narcissique, dépeignant parfois avec exhibitionnisme ce que je pouvais ressentir quand tout allait mal dans ma vie.
On dit souvent que le premier roman est toujours nombriliste et je pense être tombé dans le panneau. Comment en être autrement ?
Mais le fait de savoir que ce bouquin n''est pas que nombriliste et qu''il peut toucher des individualités diverses et variées est sans doute le plus beau compliment que l''on puisse me faire, peu importe les critiques qui pourraient suivre.
Certes, ce livre n''est pas totalement maîtrisé, mais au moins, j''ai la satisfaction de savoir qu''il a permis à certains (dont tu fais partie) de se retrouver face à eux mêmes.
Il semblerait que l''on a souvent tous les mêmes réactions face au malheur...
[quote]mais aussi, et c’est là que se révèle toute l’efficacité du style simple et directe de Torrance, parce que la psychologie du personnage est vraiment très bien travaillé et toujours cohérente.[/quote]
C''est une des grandes libertés que je me suis permis durant l''écriture. Utiliser un style complètement libre de toute règle habituellement en vigueur. Je voulais que le personnage parle en toute simplicité, se répète, en fasse trop, paraisse vraiment border line à chaque instant. Et ce pour faire entrer le lecteur dans son cerveau. Du coup, le Narrateur est le personnage le plus développé, si ce n''est le seul. Comme il est le seul à parler et à donner son point de vue, on ne sait jamais si ce qu''il raconte est vrai, et c''est ce cheminement personnel face à ses problèmes que je voulais mettre en avant.
décrire ses erreurs et ses peurs, voire ses excès, était une façon pour moi de me libérer de mes propres problèmes...
D''où ce style brut, que j''avoue avoir "emprunté" à Chuck Palahniuk, l''une de mes grandes inspirations, en le mettant évidemment à ma sauce. Quand j''ai lu ses bouquins, j''ai su que je voulais avoir aussi ce style évident, facile à lire, presque lancinant. Ensuite, il suffisait de ne pas copier et d''écrire avec mes mots et ma syntaxe. Là dessus, je pense ne pas avoir complètement réussi... même si depuis, j''ai réussi à complètement m''affranchir de cette influence pour en faire un univers totalement personnel.
[quote]Tout ça pour dire que ce livre est vraiment puissant et à ne pas mettre dans les mains de lecteurs en phase de déprime. Et je ne dis pas ça par connivence avec Torrance (passque c’est mon pote virtuel tout ça…), mais parce que c’est vraiment sincère.[/quote]
Moi aussi je t''aime mon Guigui :wink:
Là encore, c''est un point que je suis heureux que tu soulignes. Que ce livre génère des émotions aussi complices avec son lecteur, c''est un pari que je suis transcendé d''avoir réussi (du moins avec toi et quelques autres)
[quote]Je trouve que la première partie est assez lourde et que tout ce qui défile sous nos yeux paraît un peu « facile » car déjà-vu. En effet, tout ce qu’on voit à ce stade ce n’est que ce que nous livre le résumé[/quote]
Je suis complètement d''accord... Aujourd''hui, je trouve cette partie un peu facile. Si je suis satisfait des 5 premiers chapitres, je trouve néanmoins que cette partie aurait pu être peut être plus originale etr fouillée. Cela dit, je ne voulais pas en faire trop, car encore une fois, c''est la vision sans recul d''un personnage déprimé qui se déteste... Donc au bout du compte, si je ressens la même chose que toi, je pense que cette partie reflète tout de même ce qu''est le personnage à cette période de sa vie.
[quote]Et bon, ce genre de sujet est dans l’air du temps et il ne faut pas beaucoup pour creuser et y aller (j’ai trouvé par exemple des échos avec le 99F de Beigbeder (qu’on aime ou pas c’est pas le propos)).[/quote]
C''est aussi pour ça que je n''ai pas voulu en faire trop, histoire de ne pas fourvoyer le lecteur. Ce n''est pas le sujet du bouquin, et j''ai survolé un peu cette partie, pour faire comprendre que le mal qui anime ce personnage n''est pas uniquement un mal vis à vis de son statut. Même si cela a une grande importance, évidemment. Mais critiquer l''entertainment à l''américaine et ce que cela implique n''était pas le fond du sujet, même si j''ai pris plaisir à dire ce que j''en pensais...
[quote]Surtout que parfois certaines phrases sont lourdes. Comme pour les « casses » que sort le personnage censé être un grand sarcastique à la répartie facile.
[i][color=red]- T’es con ou quoi ? J’essaye d’arrêter.
- Prends un peu de coke ça te feras oublier.
- Pauvre con.
- Au prix où tu es payé, tu peux t’acheter des patchs plus gros…
- Pauvre con.
-T’as de la répartie toi… On voit que t’es la star d’une sitcom…[/i][/color]
Là, c’est un peu lourdeau quand même, des casses comme ça je ne trouve pas ça efficace[/quote]
Alors, là, tu touches un point sensible Guigui.
Effectivement, je ne suis pas très habile en dialogue et autant je peux vanner avec assez de facilité dans la vie, autant j''ai eu beaucoup de mal à être aussi efficace et crédible sur papier.
Depuis que j''écris, les dialogues m''ont toujours fait souffrir et malheureusement, je n''ai pas réussi à les améliorer. Il faut dire aussi que j''ai fait peu de corrections car en un sens, ces vannes pourries finissaient par me plaire car je trouvais qu''elles reflétaient bien la mesquinerie stupide et ridicule qui se tramait dans ce milieu.
Mais bon, effectivement, ce n''est pas du Amrith ou du Strughold !! :D
[quote]Torrance : as-tu des problèmes en écrivant des dialogues ?! Car ils sont peu nombreux, et certains (comme je viens de le rabâcher pendant 10 lignes) me semble peu inspirés… Enfin bref j’insiste là-dessus car c’est vraiment un des rares défauts du roman, maintenant je vais pouvoir me la jouer dithyrambique.[/quote]
Cela dit, c''est quelque chose que je travaille énormément désormais. Je ne me contente plus de peu en ce qui concerne les dialogues. Je les réécris inlassablement, pour qu''ils sonnent juste et moins littéraire.
Mais pour "L''inaccessible", je voulais quelque chose de direct et brut dans le style, comme je l''ai dit. Et en lisant ce livre, beaucoup m''ont dit que cela se lisait presque comme un scénario, que c''était très visuel. Hors, j''en étais conscient mais je voulais écrire un roman. Pas un script. D''où peu de corrections sur ces dialogues très littéraires qui sonnent parfois faux...
Le jour où j''arriverai à écrire des dialogues comme Bret Easton Ellis, j''estimerai pouvoir être satisfait. Autant dire que je pose la barre volontairement très haut pour continuellement travailler ce point faible.
[quote]Commencer par la fin reste toujours une bonne recette lorsqu’elle est bien menée[/quote]
Alors pour ce début par la fin, je me suis tout simplement fié à Hitchcock. Il avait coutume de dire que donner l''identité du tueur dans un film permet au cinéaste de tenir le spectateur par la gorge, car celui-ci sait que le tueur peut frapper à tout moment. C''est aussi ce que fait Blake Edwards dans ses comédies avec Peter Sellers (The Party ou Pink Panther) dans lesquelles il commençait souvent par montrer que le personnage est très gaffeur. De cette manière, dès le début, on sait à quoi s''attendre et à chaque moment, on s''attend à ce que le perso fasse une gaffe...
Eh bien j''ai pris ça à mon compte. Commencer par la mort atroce et voulue du personnage permet au lecteur de savoir à l''avance qu''il est prêt à tout et surtout au pire... Ainsi, j''ai essayé de tenir le lecteur par la gorge, pour qu''il s''attende toujours au pire. Et ce, que le pire arrive ou pas...
[quote]l’arrivée de l’Amour portée par le personnage de Candice qui transforme totalement le narrateur [b](c’est plutôt lui qui se transforme tout seul à son contact)[/b].[/quote]
Alors cette remarque fait vraiment plaisir à lire !! Car oui, le Narrateur se transforme tout seul.
J''ai voulu dire que l''amour dupe tout ce qu''il touche et que bien souvent, on croit des choses sans vraiment qu''elles existent. Je ne l''ai pas dit texto, mais que tu l''aie lu entre les lignes, ça prouve que je n''ai pas manqué ma cible !!
[quote]J’ai trouvé que vraiment toutes les descriptions de ce qui peut mener et alimenter une relation amoureuse passionnelle étaient faites à la perfection (ça sent le vécu tout ça) !!![/quote]
Et oui, c''est du vécu... C''est pas facile tous les jours... (enfin, surtout pour elle)
[quote]Quand aux scènes de mutilation, je suis peut-être douillet mais à moi elles m’ont fait mal rien qu’en les lisant !!! brrr… terrible !!![/quote]
Je ne me suis fixé absolument aucune limite. Sauf sur quelques passages que j''ai coupé car trop grand guignolesques... Par exemple, quand il se coupe le doigt, il finissait par le manger, car il voulait "chier sa propre chair en putréfaction".... Mais en le relisant, j''ai trouvé ça ridicule.
[quote]Cette dernière partie est bonne elle aussi même si elle reste moins bien maîtrisée que les 2 précédentes : on adhère un peu moins aux idées et aux desseins du narrateur qui apparaissent un peu excessives.[/quote]
Pour moi, c''est peut être la meilleure avec la deuxième. Car l''excès est totalement voulu. Ce personnage qui a aimé à l''excès sans vraiment de raison, finit par en finir dans l''excès.
Ses motivations deviennent floues... Oui. Car son esprit n''en finit pas de ressasser toujours les mêmes choses... jusqu''au court circuit total.
Peut être ai-je été moins didactique dans cette partie et pas assez clair...
[quote]Car à ce stade, une personne dans cet état là aurais du mal à exprimer ses pensées et ses émotions aussi clairement et de façon aussi structurée. Alors bien sûr on est dans un roman et il est évident que ce que l’on lit n’aura jamais rien à voir avec ce qui se trame vraiment dans la tête de qql’un.[/quote]
Là aussi, je ne me suis pas posé la question de la crédibilité. Un de mes meilleurs amis qui a lu le bouquin à peine sorti de l''imprimante pour l''annoter avait écrit : "ton personnage est un putain de super héros. comment fait-il ? pourquoi est-il aussi clair dans ses pensées ?" et avait précisé que pour autant, il avait aimé la dissociation entre acte et pensée..
Si je n''ai pas fait attention à la crédibilité, c''est parce que j''ai suivi l''un des préceptes de Hubert Selby Jr qui dit qu''en gros, toute règle narrative, grammaticale peut être transgressée, tout comme la réalité, tant que cela sert l''histoire et le message. Si c''est gratuit, non, mais si c''est pour faire avancer le personnage, il ne fallait pas hésiter.
Alors ensuite, que je n''aie pas complètement réussi ce pari, cela doit sans doute dépendre des lecteurs...
[quote]En tout cas la réaction de Candice par rapport à la mort de William m''a paru irréelle et factice : "Je te déteste !"[/quote]
Complètement ! Car Candice est irréelle et factice. Est-elle vraiment étudiée ? Non... Candice est un fantôme, elle n''existe que pour le Narrateur, quasiment. Je l''ai voulue délibérément hors du temps et de toute réalité. Car sa réaction n''est sans doute pas celle là, mais c''est ce que le Narrateur nous rapporte... avec toute son hypocrisie et son mal être.
[quote]ACHETEZ CE BOUQUIN !!! [/quote]
Tu l''auras ma commission mon pote ! :D
[quote]Alors les petits bonus : j’ai adoré les scènes de baises (ça aussi ça sent le vécu Torrance ?!), et j’aime beaucoup l’utilisation aussi fine de la grossierté, car il faut être fin pour être grossier sans être vulgaire.[/quote]
Pour la baise, on va dire, que je n''ai jamais partouzé ni vomi sur le dos d''un homme que je baisais... :wink:... Mais j''ai un esprit très pervers !! :D
[quote]Et pour terminer je dirai : bravo Torrance, et à quand le prochain ?![/quote]
Merci à toi pour ta review, et le temps que tu as consacré à la lecture de "L''inaccessible".
Pour le prochain, je suis dessus depuis la fin de l''écriture de "L''inaccessible" soit depuis 2 ans et demi... Eh oui, je prends mon temps cette fois. Car j''ai eu envie de dire plus de choses et surtout, cela ne me concerne plus en tant qu''individu. Disons que c''est une vue de la société... Avec plusieurs personnages centraux cette fois... Alors je ne veux en délaisser aucun et ne rien oublier dans le message...
J''espère avoir fini l''écriture d''ici 12 ou 18 mois... (si tout va bien) et ensuite, il faudra l''éditer... Donc, c''est pas encore pour tout de suite.... Fin 2005 peut être ?
CRESPO :
[quote]Parfois je m''''identifie totalement au narrateur.
Il incarne la star que chacun d''''entre nous voudrait etre mais il nous expose son ennui de tout pouvoir avoir. son envie d''''etre quelqu''''un de normal. quelqu''''un de non-adulé.[/quote]
J''ai essayé de dépeindre ce que la célébrité pouvait avoir de pesant et d''ignoble, sans pour autant tomber dans le préchi précha et le "c''est pas facile tous les jours d''être une star"... Disons que décrire tout ça avec horreur et excès m''a permis de dire que la course à la célébrité était en train de tous nous tuer. Bien que cela ne soit pas le propos principal du livre...
J''attends ta réaction finale CrespO !! (Tu connais mon mail, hein !)
MAD :
[quote]Tu verras, c''''est tout de même tout autre chose que cela. Le thème réel du livre n''''est pas axé spécialement sur ce point de vue ; c''''est plus un support. La/les blessures du narrateur sont bien plus profondes, ses réflexions plus humaines.[/quote]
Mad ma publiciste a encore frappé ! Car oui, comme je l''ai dit à CrespO, ce n''est pas le thème principal mais un support...
Bon, en tout cas, je suis plus que ravi de l''accueil que vous faites à mon bébé... Tout cela m''encourage à continuer, et à ne pas fléchir sous les coups de l''indifférence dans laquelle j''ai erré pendant 18 mois !! Car avoir un contact avec des lecteurs, c''est sans doute ce que j''ai toujours attendu depuis que j''écris.
Alors vous ne pouvez pas savoir le bien que vous me faites, là !
Eh bien maintenant, direction ReduX où je vais répondre à mon Agent (Damien, si tu nous lis ! :wink:)
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