J'arrive j'arrive. Comme d'hab j'ai vu les épisodes un peu en retard de la diffusion initiale, je viens tout juste de les regarder, et donc me voilà.
J'ai finalement bien fait de suivre la saison jusqu'au bout (merci torrance pour tes conseils éclairés ), car, malgré quelques aniccroches en cours de route, cette saison m'a globalement plu, rétrospectivement. Je suis particulièrement satisfait de l'aspect politique de celle-ci, c'est à dire de la pertinence assez vertigineuse de l'intrigue centrale, qui voit des hommes d'affaire pousser les USA à envahir le Moyen-Orient en organisant une attaque terroriste de grande ampleur sur leur sol. On y est venu petit à petit, la piste a été remontée patiemment, mais on y est finalement arrivé, et le parallèle évident avec les événements du 11/09 ET de 2003 est vertigineux, laissant apparaître une réactivité extrême des scénaristes ainsi qu'une liberté de ton et de pensée inattendue dans un programme de ce genre, surtout sur un réseau comme la Fox. Bien sûr, tout cela n'est que fiction, mais est-il seulement envisageable qu'un spectateur ayant suivi la saison ne fasse pas le lien avec l'actualité ? Il pourra tout aussi bien chasser cette pensée avec un sourire, sous le prétexte que tout ceci n'est que fiction, et peut-être les scénaristes l'ont-ils eux-aussi envisagé sous cette perspective, il n'en reste pas moins que ce portrait fait de l'Amérique d'aujourdhui, des individus qui exécutent les attentats, des conséquences que ceux-ci peuvent avoir sur la population et l'accueil réservé aux étrangers, de la dimension politique et financière du terrorisme, et des relations internationales prend parfois au cours de la saison des reflets tel qu'il semble bien avoir envie de s'arracher à sa condition d'oeuvre de fiction.
On est donc arrivé lentement mais sûrement à cette conspiration, mais au prix malheureusement de quelques longueurs dispensables : si désamorcer la bombe nucléaire bien avant la fin de la saison fut une décision surprenante et bien avisée, ouvrant de vastes possibilités pour le reste de la saison et prenant le téléspectateur complètement par surprise, les scénaristes ont tout de même dû en effet recourir à quelques subterfuges scénaristiques pour nous faire patienter bon an mal an jusqu'au 24e épisode : colonel qui détient la puce et qui désire l'échanger contre Marie Warner, petites frappes qui passaient par là et qui enlèvent la Warner et endommagent la puce, informaticien à dénicher et à protéger, etc. : il est très clair, surtout vis-à-vis de l'agression de Marie, que les scénaristes ont joué la montre, se concentrant en outre peut-être un peu trop sur Almeida et la fille à la CTA. Sans parler de Kim Bauer évidemment...
Le problème central de la saison, au début comme à la fin, aura bel et bien été une difficulté compréhensive mais très énervante à tenir l'intrigue à bout de bras durant 24 longs épisodes. Les rebondissements furent grotesques parfois, dilatoires et gratuits souvent ; mais on ne saurait nier que la plupart du temps, ça marchait, nous étions surpris et voulions connaître la suite. Et, malgré toutes nos récriminations, après les quelques coups de gueule de rigueur poussés après chaque épisode, l'on ne pouvait s'empêcher de jouer le jeu, de se demander comment cela allait continuer, émettre des théories, se mettre à la place des scénaristes, leur lançait des sortes de défis : "surprenez-moi messieurs les scénaristes !!". Preuve que les qualités surpassent encore largement les défauts de cette série.
Je suis globalement d'accord avec l'auteur de l'article que tu as posté Brad, surtout sur les qualités visuelles et techniques de la saison. Cadrage, lumière, mouvements de caméra, splits-screen, bande-son sont pour beaucoup dans l'attrait de la série, en renforçant l'aspect réaliste et pris sur le vif de celle-ci tout en lui apportant un degré de sophistication rarement atteint par les séries tv traditionnelles. De ce point de vue-là la série n'a jamais démérité.
J'ajouterai que les personnages qui nous était déjà connus ont tous connus de très intéressants développements, et les acteurs les interprétant se sont tous montrés largement à la hauteur de la tâche (mention spéciale à l'émouvant et complexe George Mason). Ce n'est d'ailleurs pas la moins paradoxale des qualités de "24" que d'allier si bien la virtuosité technique et la qualité de l'interprétation. On pourra d'ailleurs apprécier la valeur du dernier épisode de ce point de vue, un dernier épisode qui, par bien des aspects, vient plutôt conclure les pérégrinations de chacun des personnages plutôt que l'intrigue principale, laissée en suspens par la toute dernière scène voyant le président s'effondrer. Ce en quoi la saison est conclue, c'est surtout dans le fait évidemment que Jack et Kim sont enfin réunis - scène assez émouvante, qui fait assez joliment écho à la scène du père et de la fille dans le tout premier épisode. Il peut s'en passer des choses en 24 heures.... Ce qui peut pousser à analyser la saison comme rien moins que les parcours séparés et distants d'un père et d'une fille qui avaient besoin de s'éloigner pour finalement se retrouver. Ce qui est particulièrement clair du côté de Kim, qui, bien qu'elle était un boulet durant toute la saison, n'en a pas moins connu une espèce de voyage initiatique, lui faisant progressivement prendre conscience de l'amour qu'elle porte à son père, et lui inculquant quelques rudes leçons sur la vie. Ca n'excuse rien attention, mais bon c'est déjà ça de gagné. Même les Warner, qui ont occupé une place importance dans la saison, se voient réunis, le papa retrouvant enfin ses deux filles, même si c'est dans une situation offrant un contrate saisissant avec le tout début, lorsque la petite famille heureuse et épanouie se préparait au mariage de la cadette. On notera d'ailleurs la phrase prononcée par la petite soeur, constat on ne peut plus effrayant mais réaliste sur notre époque : 'tu crois être en sécurité dehors. Mais ce n'est pas le cas'. Almeida et la fille (me souviens pas de son nom, désolé) ont aussi leur scène finale, assez réussie puisque très sobre : 'A demain', suivi d'un sourire... Ah la la, c'est beau l'amour quand même... Et on notera les références à Reza et à Mason, références qui participent elles-aussi de cette impression de conclusion.
Je suis également d'accord quant aux références tv et cinéma de la série mis en avant par l'article, série qui certes n'a rien inventé mais a eu l'intelligence de rassembler des éléments épars pour produire au final une série originale, qui offre un bol d'air frais bienvenu dans un paysage télévisuel asphyxié par les séries tv banales et attendues d'un côté et les programmes de real-tv et autre émissions sociéto-ludiques débiles qui commencent à pulluler sur nos écrans. Je ne suis pas le seul à le remarquer, la télévision ces derniers temps s'enfonce dans la médiocrité, aux USA comme ici, il est donc agréable de constater qu'il existe encore des programmes intelligents et atypiques, qui offrent un vrai contenu. Et qui proposent tout simplement un divertissement de qualité, ce qui aurait, ironie suprême, tendance également à disparaître des écrans.
Conlusion : je serai au rendez-vous l'année prochaine pour la saison 3 !
Si quelqu'un m'a compris c'est que je n'ai pas été clair.