Guigui m'a convié à [url=http://www.epidermiq.com/forums/viewtopic.php?f=4&t=320&p=41103#p41103]rejoindre[/url] votre forum dans le cadre des inquiétudes que suscitent le prochain film de JJ Abrams.
C'est l'occasion pour moi de défendre [i]Star Trek: Enterprise[/i] sur un forum où elle ne l'a jamais été.
Lorsque j'ai découvert [i]Enterprise[/i] en 2002, j'avoue avoir été moi-même pour le moins réservé. Sans toutefois tomber dans la franche hostilité (car je continuais à accorder ma confiance aux auteurs historiques de la franchise), bien des aspects me rebutaient...
Malgré tout, j'ai continué à la suivre jusqu'à son terme, puis je l'ai revue avec un peu de recul, à la lumière de la concurrence (comme [i]BSG 2003[/i] par exemple) et de mon excellente connaissance du reste de la franchise.
[center][img]http://www.lmds.fr/images/Star_Trek_Enterprise_Staff.jpg[/img][/center]
Et aujourd'hui, lorsque l'on me demande quelles sont mes séries [i]Star Trek[/i] préférées, je réponds que je les aime toutes autant (bien que [i]ST TNG[/i] conserve une place particulière pour moi car c'est elle qui m'a fait aimer [i]Star Trek[/i]). Mais je réponds aussi que l'objectivité m'oblige à admettre que les deux séries les plus riches et qui ont le mieux consolidé et crédibilisé [i]Star Trek[/i] en tant qu'univers cohérent de SF sont [i]ST DS9[/i] [u]et[/u] [i]Enterprise[/i] [u]ex aequo[/u] !
[i]Enterprise[/i] a souffert d'aborder une époque que chaque [i]trekker[/i] avait mentalisé à sa manière depuis trop longtemps. De ce fait, elle ne pouvait pas faire l'unanimité, elle ne pouvait que briser nombre d'idées reçues et se mettre donc à dos pas mal de fidèles.
Sa mission fut aussi ingrate que difficile : elle devait assurer la transition entre "notre" monde et celui de [i]Star Trek[/i], et réussir à satisfaire les attentes du public contemporain (effets spéciaux dernier cri, mise en scène dynamique...) tout en donnant l'apparence d'être chronologiquement très antérieure à une série fauchée produite dans les années 60.
Après avoir analysé méticuleusement chacun de ses 98 épisodes, soupesé chaque choix d'auteur face aux autres options possibles, j'en arrive à la conclusion qu'[i]Enterprise[/i] n'aurait pas pu faire mieux, et qu'elle a donc rempli sa mission au delà de toute espérance (je suis bien sûr en mesure de corroborer cette assertion) !
Ainsi, non seulement [i]Enterprise[/i] n'a violé aucun canon, mais elle a réussi le tour de force de résoudre la plupart des contradictions qui subsistaient dans la franchise (au sein de [i]ST TOS[/i] notamment, et entre [i]ST TOS[/i] et la [i]TNG-era[/i]).
Les [i]trekkers[/i] ont d'ailleurs commencé à apprécier [i]Enterprise[/i] à partir de sa troisième saison, et même à l'ovationner dans sa quatrième. Or faut-il rappeler qu'il fallut attendre la troisième saison de [i]ST TNG[/i] et la quatrième de [i]ST DS9[/i] pour que ces séries soient pleinement appréciées !? [i]Enterprise[/i] n'a donc pas fait pire en terme de reconnaissance que les séries les plus réputées de la franchise ! Mais le contexte de 2005 n'était pas celui des années 90, et de n'avoir pas été comprise et aimée à temps par le public lui fut malheureusement fatal.
Le seul véritable défaut de [i]Star Trek: Enterprise[/i] est d'avoir été annulée prématurément, alors que son potentiel narratif était probablement plus important encore que celui des autres séries [i]Star Trek[/i]. Mais en dépit de cette contrainte, elle est malgré tout parvenue à clore élégamment l'aventure, tout en traitant des problématiques les plus importantes pour le reste de la franchise.
D'aucuns ont critiqué la [i]Temporal Cold War[/i]. C'est pourtant un ressort passionnant ! Car le voyage temporel fait partie des fondamentaux de la franchise, et lui a offert ses meilleurs épisodes. Or il aurait été très inconséquent que l'existence du voyage temporel ne le conduise pas à devenir tôt ou tard un outils politique et stratégique comme un autre dans le cadre des rivalités et des affrontements entre puissances adverses.
[i]ST ENT[/i] a mis un terme à la [i]Temporal Cold War[/i] au début de sa quatrième saison de façon un peu frustrante il est vrai, mais pas incohérente pour autant. Cela résultait en fait de la conscience par les scénaristes que la quatrième saison serait la dernière, et donc de la nécessité de traiter en urgences des questions directement en rapport avec [i]ST TOS[/i] et [i]ST TNG[/i].
Mais à l'origine, Rick Berman prévoyait de jalonner les sept (ou dix) saisons de [i]Temporal Cold War[/i], en suggérant qu'une telle guerre ne prend jamais fin. Ce qui en effet est le plus logique...
Bien qu'il soit généralement admis qu'[i]Enterprise[/i] ne "décolle" que dans les saisons 3 et 4, les deux premières n'ont pas à rougir pour autant ! Elles constituent en fait un touchant hommage aux aéronautes (comme Gene Roddenberry), aux pionniers en tous genres façon [i]The Right Stuff (L'étoffe des héros)[/i], mais enrichies d'une réévaluation perpétuelle desdits "héros", qui périodiquement se plantent ou font fausse route - approche plutôt rare et courageuse dans une série audiovisuelle non humoristique.
A l'instar du film [i]Star Trek: Nemesis[/i] qui gagne aussi à être revu, certaines œuvres de qualité ne dévoilent pas tout leur potentiel au premier visionnage. [i]Star Trek: Enterprise[/i] fait partie de celles-là ! Ses revisionnages révèlent d'immenses richesses qui la hissent au niveau des meilleurs déclinaisons de la franchise. Et Archer apparaît finalement comme l'un des trois plus mémorables capitaines de [i]Star Trek[/i] - aux cotés de Picard et Sisko.
Par delà l'appréciation de [i]Star Trek: Enterprise[/i], qui demeure comme pour toute chose affaire de goût, je tiens à rendre grâce au courage qu'il a fallu à Rick Berman & Brannon Braga pour développer une série prequelle de [i]ST TOS[/i] et pourtant sise dans le même univers. Cela prend un sens particulier à l'aube du [i]reboot[/i] complet de l'univers [i]Star Trek[/i]...
Le film de JJ Abrams incarne la [i]voie de la facilité[/i] (un univers parallèle pour s'affranchir de tout canon), tandis que [i]Star Trek: Enterprise[/i] en avait représenté - huit ans avant - la parfaite antithèse : [i]la voie de la difficulté[/i] !
Et c'est probablement pour cela que le film de JJ Abrams connaîtra un triomphe, lorsque [i]Star Trek: Enterprise[/i] n'en connut aucun, ou du moins trop tard.
Yves