"THE VILLAGE" de Nigth Shyamalan

Avatar pourri ? The Dark Knight chef d'oeuvre ? You decide !

Modérateur: Amrith Zêta

Messagepar LeMartien sur 23 Aou 2004 12:22

arf à vrai dire je ne me rapelais meme plus qu'il était toujours en vie, il est vrai....
Sinon j'ai voulu écrire en blanc pour les spoielr smais le fon d de mon message est gris foncé une fois sur deux et je suis tombé sur le gris foncé :p

Bref concernant le twist (pourquoi je me sentirai attaquer par tes propos torrance? tu expliques ton point de vue, tu ne critiques pas le mien :p) il est vrai que ce genre de narration est assez rare dans les films connus pour en faire une amrque de fabrique de Night.
Signes a en effet un twist différent que les autres films mais il sert encore une fois, comme dan tous les films cités, des évènements précédents. Dans Signes, cela sert surtout une scène (l'accident) alors que les autres films sont presque entièrement remis en cause ou presque.

Mais les twists comme dans Outer Limits par exemple sont assez forts pour faire oublier les 90% de l'histoire pour reprendre Night.
Faire oublier? Oui ou réinterpréter car avec une bonne fin tu peux rattraper une mauvaise histoire !
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Messagepar pippinvert sur 23 Aou 2004 21:03

[quote]Les mecs qui ont fait ce résumé se sont gourré car je peux t'affirmer qu'il n'y en a pas[/quote]

SPOILERS (of course)

[color=white]Alors permet moi de te contredire car je crois qu'il y a effectivement 2 dates inscrites sur la pierre tombale :1890-1897. Je me suis même fait la réflexion que son gosse était mort à l'âge de 7 ans.[/color]
Il faut que tu respires, c'est demain que tout empire.
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Messagepar Guigui sur 23 Aou 2004 22:41

[color=white]Ben merde alors, je suis sûr de ne pas avoir vu de dates, car c'est quand même ce qui m'a fait avoir ma réflexion spoilers !!! Si quelqu'un peut choper des captures de cette scène ce serait bien cool :)

Mad t'étais là : c'est bien devant cette scène que je me suis retourné vers toi en te disant que le truc c'était que l'histoire se déroulait en 2004 et non au 19ème siècle comme le film le laisser penser...[/color]

Ayé je doute maintenant, et si c'était ça le vrai twist !? :heu:
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Messagepar Mad sur 23 Aou 2004 23:08

Non, c'est un peu après, la scène était déjà passée. Tu m'as dit ça et je t'ai répondu : [color=white]"J'ai pas vu de dates sur la tombe, alors..."[/color]
[quote="Guigui"]Ayé je doute maintenant, et si c'était ça le vrai twist !? [/quote]
Non, ce serait pas un twist là, c'est pas assez ambigu !
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
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Messagepar LeMartien sur 23 Aou 2004 23:13

résumé de yahoo :

Résumé:
En 1897, les habitants d'un village sont persuadés d'être cernés par des créatures mythiques. Personne n'a encore osé s'aventurer dans les bois où elles vivraient. Le jeune Lucius Hunt veut voir ce qui se cache par delà les limites du village et son audace aura des terribles répercussions.
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Messagepar Mad sur 23 Aou 2004 23:15

J'avais peut-être du caca dans les yeux alors... 8)
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
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Messagepar Mad sur 23 Aou 2004 23:20

Sur Allociné :
[i]A la fin du XIXe siècle, une petite communauté isolée vit dans la terrifiante certitude qu'une race de créatures mythiques peuple les bois entourant le village. Cette force maléfique est si menaçante que personne n'ose s'aventurer au-delà des dernières maisons, et encore moins pénétrer dans les bois… [/i]
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
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Messagepar Mad sur 23 Aou 2004 23:48

Vous savez à quoi il m'a fait penser le film ?! A ce tableau là :

:arrow: [url=http://www.artunframed.com/images/NewFolder15/wood24.jpg][u]LIEN IMAGE[/u][/url]

Il s'appelle "American Gothic" (de Grant Wood) hmmm wood, ça ne vous rappelle rien ? Et le gothique américain ! Si "The Village" c'est pas du gothique américain, avec son poids de non-dits, peut-être d'adultères, avec ses mensonges, cet indiscible, comme dirait Lovecraft, l'innommable...
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
[img]http://img125.imageshack.us/img125/3218/terrybanis5.jpg[/img]
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Messagepar Guigui sur 24 Aou 2004 0:09

[quote="Mad"]Non, c'est un peu après, la scène était déjà passée. Tu m'as dit ça et je t'ai répondu : [color=white]"J'ai pas vu de dates sur la tombe, alors..."[/color] [/quote]
Aaaaaaaaah oui je me souviens maintenant :)
[url=http://forum.ouaisweb.com:/viewforum.php?f=77][b]Qui a dit que la fin du monde c'était pas télégénique ?[/b][/url]
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réactionnaire

Messagepar tonnerre de brest sur 24 Aou 2004 1:57

On peut dire que la campagne marketting était bien rodée, avec les trois lois à ne pas transgresser, type "Gremlins"
Il va sans dire que maintenant c'est l'annonce du film qui provoque la surprise quand on le voit, et non plus le contenu, comme c'était le cas auparavant. Là où l'on s'attend à un film qui fait ressurgir nos angoisses, c'est face à une réflexion sociale que l'on se retrouve !
Il va sans dire également que la mise en scène de Shyamalan est excellentissime, notamment dans la gestion de la longueur des plans. Chaque plan chez lui ressemble à un plan séquence. Et c'est précisément là que l'irruption d'une image très courte va susciter l'effroi, ou la surprise. Ce sens du rythme, qui est la marque de son talent, est de nouveau au rendez vous dans ce 4ème opus. La plasticité du film ne tolère aucune critique: les plans sont magnifiquement cadrés, sortes de tableaux mouvant lentement au rythme d'imperceptibles mouvements de caméra.
Seulement, une belle composition picturale ne suffit pas à convoquer tous les moyens d'expressions cinématographiques, et cette succession d'images parfaites finit parfois par dissiper l'intéret du contenu à force de trop s'allonger. Le réalisateur tombe dans les défauts de ses qualités (bien que ce soit rare et que l'intrigue nous ramène vite à notre attention). En témoigne d'ailleurs un générique de fin ponctué de magnifiques photographies style XIXème qui semblent vouloir dire qu'arrêter le temps suffit à provoquer la beauté.
Le problème ne tient donc pas à l'impeccable réalisation, mais au contenu étonnemment réactionnaire de ce film, profondément dérangeant.
Le philosophe Hegel, qui vécut au XIXème siècle, était plus moderne que la pensée de ceux qui ont fondé ce village. Il traitait de "belles âmes" les personnes qui par horreur du monde allait s'enfermer dans les couvents afin de prier pour lui sans se salir les mains. Ce que dénonce le philosophe, Shyamalan le glorifie deux siècles après.
Car dans ce sens, ce village est bien un couvent, fonctionnant comme les institutions religieuses, avec leurs lots de rituels et d'interdits, fondées sur la peur de la transgression et de la punition, une sentence s'abattant chaque fois que la frontière est passée: marques sur les portes, animaux dépecés, etc... Le Village est bien une société fondée sur la peur et qui croit échapper à l'humanité en se cloîtrant dans une forêt.
Il s'apparente à l'idée du phalanstère, une microsociété utopique, sauf qu'ici, l'utopie est fondée sur un leurre, alors que les vrais phalanstères avaient une volonté d'édifier un modèle de monde meilleur. Ce n'est pas le cas ici, puisque tout fonctionne sur la coercition invisible, sur le mensonge.
Quelques décideurs/fondateurs constituent un conseil dirigeant une société pacifiée dont l'argent a disparu. Personnellement, je trouve ça tentant !
Mais à quel prix se perpétue cette utopie ? Au prix du sacrifice des siens, puisque les soit-disant monstres de la foret interdisent l'accès au médicament des villes, lieux de perversions comme l'indiquent les pires clichés.
On pourrait à ce moment là de l'histoire penser que le réalisateur dénonce une sorte de totalitarisme, ce qui serait un propos louable en désignant une contre-utopie. Mais on est loin du compte. Au contraire, il justifie ce mode de vie par un final salvateur: le fou a donné corps aux monstres imaginaires en se faisant tuer par une humaine dupée. Le fou qui incarne ici la jalousie, la tentation, le pêché. Il incarne le mal extérieur, bien que faisant parti de la communauté, car il a perdu la raison dans ce Village gouverné et habité par des gens "raisonnables" et obéissants.
Le pire sans doute tient au fait que le sentiment amoureux est lui-même perverti, car il sert de prétexte et de légitimité au mensonge: pour la communauté, Ivy aura tué un monstre, elle s'en portera témoin. Son amour est instrumentalisé par le conseil.
L'enfer est pavé de bonnes intentions.
Le comble est que M. Night Shyamalan n'a pas le courage d'aller au bout de son propos, essayant de ménager la chèvre et le chou. Quand Ivy arrive dans le monde moderne, elle tombe comme par miracle sur un homme à la voix douce, excessivement compréhensif, et qui constitue le pendant contemporain de Lucius. Comme si le réalisateur tentait de dire que finalement, le monde extérieur n'est pas entièrement mauvais. S'en suit la scène la plus radicalement démonstrative, lorsqu'il vole les médicaments, devant son chef en train de lire les pires horreurs du monde dans le journal, tandis qu'une radio nous assomme de nouvelles terrifiantes.
La légitimation de l'existence du Village, phalanstère monstrueux et manipulateur, devient totale.
En guise de conclusion, il reste à souligner combien ce film est une exaltation de l'égoïsme et du repli sur soi.
Le Village ressemble bien étrangement dans son concept aux quartiers privés des riches américains qui se retranchent derrière leurs murailles pour ne pas avoir affaire avec les misères du monde. Ce même type de quartier qu'un épisode de X-Files dénonçait avec virulence en lui donnant précisément pour métaphore un monstre...

Le vrai combat contre l'injustice et la violence en ce monde consiste à affronter les problèmes, et non les fuir. Chacun de nous porte en lui sa part d'utopie s'il veut bien faire un effort pour améliorer les choses.
Vision humaniste que ce Village retranché dans les bois méconnaît. Qu'il y reste.

Au fait, j'ai conscience d'apporter un avis assez contraire à tous, alors, n'oubliez pas: :peace: :)
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Messagepar Mad sur 24 Aou 2004 12:38

En fait, pour moi la fin n'encensait pas tellement les gens du village, qui, je trouve, sont plutôt montrés désormais sous leur vrai jour de menteurs, de fabulateurs, qui ont risqué la vie des leurs pour se protéger de leur propres démons. Je trouve que c'est plutôt bien présenté, et que la happy end n'est pas pour eux, mais bien pour nous (téléspectateurs), heureux d'avoir le point de vue spécial de ces gens, et de nous dire, bon ça va si on est fous ici, ils sont fous aussi chez eux... Tous les Hommes sont pareils en fait, qu'ils soient isolés, éloignés ou non. On a ça en nous, c'est notre nature en quelque sorte : ceux qui voulaient s'isoler, se couper du monde cruel, reproduisent tout de même ce Mal qu'ils fuyaient. Ils se mentent, se trahissent, ils s'aiment, ils jouent, ils se battent, etc.

[quote="tonnerre de Brest"]Mais on est loin du compte. Au contraire, il justifie ce mode de vie par un final salvateur: le fou a donné corps aux monstres imaginaires en se faisant tuer par une humaine dupée. Le fou qui incarne ici la jalousie, la tentation, le pêché. Il incarne le mal extérieur, bien que faisant parti de la communauté, car il a perdu la raison dans ce Village gouverné et habité par des gens "raisonnables" et obéissants. [/quote]
Le final, pour moi, est loin d'être salvateur. Il incarne justement le mal intérieur, celui que les Anciens fuyaient, mais qu'ils ont eux-même reproduit... soit génétiquement, soit moralement. Car ils sont Hommes et de leur humanité, ils ne pourront jamais s'échapper. Ils ont bien sûr emporté aussi le Bon, le Bien avec eux : l'amour, la joie, la fête, la danse, le rire. Mais ils ont emporté l'autre partie de ces bagages inséparables : le Mal, le mensonge, la peur, la trahison, le meurtre, la jalousie. Ces 2 facettes font les Hommes, on ne peut les séparer.
Et ils ont exagéré, au fil des ans, ce mensonge sur la ville, en même tant que cette légende de monstre porc-épic. Ces 2 mensonges ont grandi ensemble, et paf, on s'aperçoit que ce n'est que du vent : les monstres n'en sont pas, la ville n'est pas si infâme... Et eux, baignent toujours dans leurs non-dits, vis à vis des autres villageois, grâce à une aveugle témoin (c'est le comble) de l'existence des monstres, mais témoin en même temps de la relative douceur de la ville et de ses habitants.
Et là ensuite, libre à nous de savoir si leur équilibre va rester tel qu'il est, ou bien s'il sera très vite rompu...
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
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Messagepar Mad sur 06 Sep 2004 18:36

J'ai repensé à un petit truc...
La couleur rouge...
C'est aussi bien la couleur de l'Indien que du Communiste... 2 entités que les USA rejettent.
C'est aussi, à mon sens, une critique de cette communauté qui se veut différente et meilleure mais qui au fond d'elle a les même peurs, voire les même a priori que le reste de la population...
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
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Messagepar Guigui sur 06 Sep 2004 18:41

[quote="Mad"]C'est aussi bien la couleur de l'Indien que du Communiste...[/quote]

[img]http://www.benoitpoelvoorde.be/images/arrive8.jpg[/img]

[i]Quelle est la première chose qui te saute aux yeux ?!
Les briques... Les briques rouges !!!
Et le rouge c'est la couleur de quoi ?!
C'est la couleur du sang, la couleur des indiens, c'est la couleur de la violence...[/i]
[url=http://forum.ouaisweb.com:/viewforum.php?f=77][b]Qui a dit que la fin du monde c'était pas télégénique ?[/b][/url]
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Messagepar Mad sur 06 Sep 2004 18:52

J'en suis toujours avec le livre sur les Indiens d'AMérique (parce qu'en lisant plusieurs livres à la fois, j'avance lentement, et puis c'est violent quand même), eh bien je peux te dire que la violence venait justement des colons, les néo-Américains, les soldats, qui les appelaient "l'ennemi rouge" !!!
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
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Messagepar tonnerre de brest sur 06 Sep 2004 22:58

[quote]les soldats, qui les appelaient "l'ennemi rouge" !!!


[/quote]

Ils avaient un aspect prophétique, ces soldats, car ils n'imaginaient pas quelle couleur prendraient les luttes pour les droits civiques (du moins si on s'en réfère à certains groupes).
L'esprit de lutte que proscrit le réalisateur dans "Village" pourtant.
:wink:
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Messagepar Mad sur 06 Sep 2004 23:08

Ce que je veux dire, c'est que je vois aussi dans ce film une critique du comportement américain, et ce à travers toute leur histoire (je parle des Etats-Uniens là, pas des Natifs Américains i.e. les Indiens d'Amérique).
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
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abstraction

Messagepar tonnerre de brest sur 07 Sep 2004 2:39

Je viens de relire ton excellente analyse du film, et je comprends mieux ce que tu veux dire lorsque je lis cette phrase:

"MNS utilise une mythologie ancienne, les héros, les demi-dieux , devenue relativement récente, par besoin des Américains nouveaux venus sur leurs terres volées, pillées aux Indiens (si, si, j’y tiens !) de se créer des mythes"

Point sur lequel je suis à 100% d'accord ! :wink:

J'aimerais cependant tellement croire que tu dis juste quand tu affirmes que Shyamalan condamne en quelque sorte cette communauté totalitaire fondée sur la distillation de la peur... Cela réconcillierait l'intelligence de la mise en scène avec le propos, mais vraiment ce propos me semble un encouragement au repli sur soi, un déni du monde insupportable...
Ce qui m'avait bouleversé dans "6ème Sens" était l'extraordinaire humanité du discours. Moins que le coup de théâtre final, l'émotion tenait dans ce rêve désespéré qu'incarne le don du jeune garçon. D'ailleurs rien que d'en parler me remue...
Il semble ensuite que cette humanité ait déserté ses films, à part dans l'extraordinaire "Signs", aussi terrifiant qu'émouvant (film qui me semble être comme un écho du Chemin De Croix, que Gibson met en scène précisément après).

La mise en scène du "Village" systématise trop son style pour qu'on y ressente une âme, une "présence". Et c'est là-aussi que le bas blesse.

J'ai relevé de nombreuses comparaisons entre Shyamalan et Hitchcock. Je te cite, Mad, car j'ai ton papier sous la main, mais d'autres ont fait le même rapprochement.

"Que ce soit dans Sixth Sense, Unbreakable (c’est bien ça le titre VO, hein ?) et Signs, on s’aperçoit qu’en fait MNS utilise un procédé assez similaire—se basant très certainement sur sa connaissance des films d’Hitchcock et des histoires que ce dernier a choisies de mettre sur grand écran—qui est d’utiliser un élément de l’étrange, du paranormal, et de le tourner et de le retourner de telle sorte que d’une part le spectateur oublie ou omette certains détails, qu’il baisse sa garde en somme, que sa notion de réalité disparaisse petit à petit, au fur et à mesure que le film avance"

Certes, il ne fait aucun doute que Shyamalan connait son Hitchcock par coeur, mais il n'en tire que des effets de style, maniant à la perfection la célèbre opposition "suspense VS surprise" théorisée par le maitre. Ce qui en soit est déjà un gage de talent, car rares sont ceux qui arrivent à manier les concepts hitchcockiens avec facilité et intelligence.
Cependant, je voudrais revenir sur un point: Hitchcock n'a jamais réalisé de films traitant du paranormal. On m'objectera que "Les Oiseaux" est LE modèle du film fantastique tel qu'il s'est dévellopé dans les années 70-80.
Mais l'angoisse des oiseaux ressemble plus à un postulat situationnel qu'à un désir de fantastique, même si d'évidence le film est imprégné de religiosité (anticonformiste, bien sur) et d'un ton apocalyptique.
Les films de Shyamalan sont bien trop bavards pour être purement hithcockiens. La conversation entre Lucius et Ivy filmée en un seul plan le prouve amplement: là où Hitchcock aurait convoqué le langage cinématographique pur, celui des images et du montage, Shyamalan utilise une autre voie.

Est-ce par facilité ( c'est-à-dire faire déblatérer les personnages afin de ne pas s'encombrer de ce qui fait la substance même du cinéma: le langage visuel ) ou pour une autre raison ? Torrance parle parfois de "tableaux" chez Shyamalan. Il y a effectivement une subtilité plastique impressionnante dans ses films, et dans "Le Village" en particulier. Ce sont des tableaux "vivants" qui s'étirent dans le temps, inscrivant une densité d'action affolante dans un dénuement d'effet qui crée une totale contradiction dans le plan. Ainsi, la conversation de Lucius et d'Ivy serait totalement plate si elle suivait le modèle classique du champs-contrechamps. MSN les dispose face à face et la discussion peut commencer. Le temps sans coupure en fait un plan à la limite du plan-séquence, et le jeu des acteurs remarquablement éclairés s'installent dans cette temporalité où leur présence ontolgique s'impose, nous obligeant à être suspendu à leurs lèvres. :shock:
On peut donc dire qu'à ce niveau, c'est plutôt du côté d'Orson Welles et de Jean-pierre Melville que lorgne le cinéaste. Par l'inspiration de Melville (ou du cinéma de l'ontologie qu'incarne Melville avec quelques autres), il se situe dans la lignée de Tarentino, et aussi surprenant que cela puisse paraître, il y a beaucoup d'accointance dans leurs cinémas respectifs.

Le cinéma de Shyamalan s'inscrit donc dans une pensée de la "présence", de "l'aura", qui s'incarne dans la réalité de chaque plan. Et comment pourrait-il en être autrement lorsque dans trois films sur quatre, le sujet porte lui-même sur une présence angoissante: visions dans "6ème Sens", E.T. dans "Signs", créatures dans "Le Village". Ses plans sont habités d'une présence comme le sont ses histoires.
Le recours à la méthode Hitchcock devient alors terriblement efficace quand dans cette lenteur oppressive surgit soudain la violence, l'effet de surprise ou de suspense.

Mais cette impeccable maîtrise tend vers l'abstraction. La systématisation de son style finit par se retourner contre lui-même dans "Le Village". Si je cite la scène entre Lucius et Ivy (leur déclaration d'amour, la révolte de Lucius), c'est bien parce que seuls ces deux personnages parviennent à toucher réellement. Le concept efface le contenu émotionnel. Les autres personnages n'existent pas en dehors du carcan esthétique où Shyamalan les place: ils ont une fonction, mais pas d'âme.
L'inspiration hitchcockienne de révéler le pot-aux-roses au milieu du film saborde sa charge effrayante, voire l'ambiance installée. Le parcours d' Ivy pour sauver Lucius sauve la situation, d'autant plus que le doute instillé par la présence d'une "vraie" créature lui donne du relief.
Mais le final rend d'autant plus insuportable le système de pensée et de valeur que défend le film, aussi puritain que conservateur. :o

Aussi le film critique-t-il peut-être le comportement américain, notamment vis-à-vis du génocide indien, mais dans une contradiction totale avec l'ensemble de son propos qui défend les "Belles âmes" qu'insultait à juste titre Hegel (cf mon autre post sur ce film).

Ce grand faiseur d'image doit leur rendre une humanité. Il touche en permanence aux limites de la distanciation. C'est très beau, mais il ne faudrait pas perdre l'émotion en chemin. :wink:
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Messagepar Mad sur 07 Sep 2004 11:45

[quote="tonnerre de Brest"]Cependant, je voudrais revenir sur un point: Hitchcock n'a jamais réalisé de films traitant du paranormal.[/quote]
Oui, je sais bien. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Mais MNS utilise le procédé Hitchcock (suspense/surprise), et rajoute son truc à lui : utiliser le paranormal mais vu sous un autre angle qu'à l'habitude.
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
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Messagepar strughold sur 07 Sep 2004 13:21

[quote="Mad"]Vous savez à quoi il m'a fait penser le film ?! A ce tableau là :

:arrow: [url=http://www.artunframed.com/images/NewFolder15/wood24.jpg][u]LIEN IMAGE[/u][/url]

Il s'appelle "American Gothic" (de Grant Wood) hmmm wood, ça ne vous rappelle rien ? Et le gothique américain ! Si "The Village" c'est pas du gothique américain, avec son poids de non-dits, peut-être d'adultères, avec ses mensonges, cet indiscible, comme dirait Lovecraft, l'innommable...[/quote]

Un tableau qui d'ailleurs a inspiré un plan du générique de la série "Nowhere Man"...
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Messagepar tonnerre de brest sur 09 Sep 2004 4:28

[quote]Mad a écrit:
Vous savez à quoi il m'a fait penser le film ?! A ce tableau là :

LIEN IMAGE

Il s'appelle "American Gothic" (de Grant Wood) hmmm wood, ça ne vous rappelle rien ? Et le gothique américain ! Si "The Village" c'est pas du gothique américain, avec son poids de non-dits, peut-être d'adultères, avec ses mensonges, cet indiscible, comme dirait Lovecraft, l'innommable...

[/quote]

Ce tableau laisse une étrange impression, comme les films de MNS ( on sent un mal à l'aise soudre ). On est très loin de l'Amérique des cow-boys... Oui, tu as raison, il y a des relations à faire là, Mad. Merci en tout cas de ce lien qui m'a fait découvrir l'existence d'une peinture dont j'ignorais tout. :wink:
Ca me fait penser que le cinéma américain s'intéresse de plus en plus à l'histoire de la civilisation de la côte Est, me semble-t-il.. "Sleepy hollow", d'abord. "Gangs of N.Y." ensuite. Et maintenant ce modèle adopté par les dirigeants du Village...

J'avais oublié une chose concernant hitchcock. S'il est vrai qu'il n'a pas touché au paranormal, il n'en a pas moins structuré la dramaturgie qui allait faire l'appanage du genre. "Les Oiseaux" se resssentent dans "Les dents de la Mer", "Alien", entre autres films auxquels ces oeuvres se réfèrent. La liste est trop longue !
Il y a un parrallèle saisissant entre "Les Oiseaux" et "Signs", dans l'enfermement des personnages face à la menace: des cubes dans des cubes... Et des attaques de plus en plus angoissantes. C'est à mon sens le plus hitchcockien des films de MNS...

Ceci dit, je vais aller déjeuner au rhum :wink: .

:beuré:
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Messagepar zerosum sur 12 Sep 2004 17:15

J'aime pas trop faire ce que je fais, mais tant pis : je vais répondre sans avoir lu toutes vos analyses que je n'avais pas lu de peur des spoilers...

Très simplement : j'ai énormément aimé ce film. Son atmosphère, sa sensibilité, sa musique, ses personnages, tout.
En fait j'avais déjà saisi le fond de l'histoire rien qu'en voyant la bande-annonce. (spoilers ahead) Avec son énonciation des 3 règles, je me doutais bien que tout cela allait s'avérer n'être dans le film qu'un moyen "d'encadrement" des habitants de la communauté (rien que le titre "The Village" laissait déjà présager un tel développement d'ailleurs...). Et le début du film, avec la relative importance donnée aux "anciens" m'a très largement conforté dans mes impressions.
Pour le coup, Shyamalan ne me paraissait pas très efficace dans sa "manipulation". Seulement voilà : par la suite ce bougre est parvenu à véritablement me faire douter (la course poursuite dans la forêt...). Tout cela est à mon goût extrêmement bien ficelé (malgré des ficelles pourtant très grosses, paradoxalement) > Alors qu'il vient à peine de désamorcer son "mystère", Shyamalan parvient (aussi malhonnêtement qu'efficacement) à relancer son mystère et lui donner plus de puissance évocatrice encore. J'ai trouvé ça assez fort, je dois bien le dire !

Au delà de ça, et bien que dire sinon que certains passages du film m'ont véritablement envoûté. Soit par leur intensité (une main aveugle et néanmoins confiante tendue vers l'extérieur, à la merci du danger - largement de quoi me faire retenir mon souffle et décoller sur les quelques notes de musiques qui ont suivi), soit par le vertige qu'elles procurent (je pense notamment à ce plan s'attardant sur cet employé de la "ville", interloqué par sa rencontre avec cette jeune "villageoise" qui vit dans la forêt et qui vient d'y retourner). La scène où Lucius se retourne vers son frère, la lame plantée dans sa chair, compte elle aussi parmi ces images puissantes qui restent et imprègnent définitivement l'esprit...

[quote="torrance"]A la fin de la projo, la plupart des journalistes disaient "c'est trop facile, c'est vain, c'est vide, ça sert à rien, c'est lent, c'est long..."...etc...[/quote]
Sinistres personnages !!!! :(
"The Village" est à mes yeux un film magnifique, magistralement mené du début à la fin, et surtout il s'agit de loin du film le plus consistant de M. Night Shyamalan !

Torrance, toi qui défends depuis le début ce film, tu seras sans doute heureux d'entendre que lorsque je l'ai vu au cinéma (dernière scéance du soir à Bercy - salle presque pleine), "The Village" a reçu à la fin quelques applaudissements. Timides mais bien réels... C'est une chose suffisament rare pour être précisée... :wink:

Quoi qu'il en soit, "The Village" m'a vraiment réconcilié avec Shyamalan, après l'ineptie nommée "Signs" (destinée comme il le dit lui-même à des obèses décérébrés !!!) :wink:
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gothique

Messagepar Mad sur 13 Sep 2004 23:48

[quote="tonnerre de brest"]Ce tableau laisse une étrange impression, comme les films de MNS ( on sent un mal à l'aise soudre ). On est très loin de l'Amérique des cow-boys... Oui, tu as raison, il y a des relations à faire là, Mad. Merci en tout cas de ce lien qui m'a fait découvrir l'existence d'une peinture dont j'ignorais tout. :wink:
Ca me fait penser que le cinéma américain s'intéresse de plus en plus à l'histoire de la civilisation de la côte Est, me semble-t-il.. "Sleepy hollow", d'abord. "Gangs of N.Y." ensuite. Et maintenant ce modèle adopté par les dirigeants du Village...[/quote]
Tu parles de "Sleepy Hollow", qui est au départ une nouvelle d'un autre artiste gothique américain, Washington Irving, et tu as là tout à fait raison... enfin, selon moi.
Pour moi, MNS est un réalisateur gothique... Il a, dans ses films, tous les ingrédients du gothique américain (attention, à ne pas confondre avec le gothique germanique !!! :shock:

D'ailleurs, je dois avoir quelque part un morceau de cours à propos du tableau... Je le traduirai et en transcrirai l'essentiel si tu/vous veux/voulez. Je dois avoir aussi quelque chose sur "Sleepy Hollow", mais ça n'est pas l'endroit. Ou alors, je compilerai le tout afin d'en retirer les liens entre le gothique américain et MNS.
Ça dépendra du temps que j'aurai :wink:
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Messagepar tonnerre de brest sur 14 Sep 2004 1:38

Pour Mad et zerosum...

[quote] "The Village" a reçu à la fin quelques applaudissements. [/quote]

Le film ne laisse donc vraiment pas indifférent (phrase typique du critique insipide :D ), car chez nous ça a été plutôt l'inverse...
Un type devant moi s'est levé, s'est retourné vers ses amis, et s'en est pris aux "clichés" du film, d'un air navré. Je dois dire qu'il disait tout haut ce que je pensais tout bas :wink: .


[quote]Tu parles de "Sleepy Hollow", qui est au départ une nouvelle d'un autre artiste gothique américain, Washington Irving, et tu as là tout à fait raison... enfin, selon moi.
Pour moi, MNS est un réalisateur gothique...[/quote]

Je ne connais pas assez ce gothique là pour analyser MSN sous cet angle.
Mais là, je sais que tu es un million de fois mieux renseigné que moi sur le gothique américain :wink: !
Je trouve en tout cas l'approche prometteuse.

[quote]D'ailleurs, je dois avoir quelque part un morceau de cours à propos du tableau... [/quote]

Ce tableau apparait dans le générique de l'émission "D'art d'art" (émission prétexte à de la pub) qui commente certaines oeuvres avant le film du dimanche ! Il est partout :D !

[quote]D'ailleurs, je dois avoir quelque part un morceau de cours à propos du tableau... Je le traduirai et en transcrirai l'essentiel si tu/vous veux/voulez. [/quote]

Tu parles si je veux ! Oui ! Je serais ravi d'en apprendre plus à ce sujet, ainsi que du reste.
En relisant les différentes interventions qui défendent le film, celles de Torrance, zerosum, et toi, Mad, et en revisionnant les souvenirs du film dans mon esprit, finalement le doute s'est installé en moi.
Et ça m'a donné l'envie de retourner voir le film !
Ce que je vais faire prochainement.
Cela ne disqualifie pas pour moi les commentaires que j'ai pu faire, car après tout ils sont le fruit d'une première analyse et je crois qu'ils ont une certaine acuité malgré tout. Cependant, vous avez réussi à me convaincre à le revoir. Après tout, n'importe qui peut se tromper lourdement, et de toute manière on ne comprend pas complètement un film si on ne le voit pas plusieurs fois.
Je vous dirai mes nouvelles impressions :wink: .
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Messagepar Mad sur 14 Sep 2004 1:44

[quote="tonnerre de Brest"]Cependant, vous avez réussi à me convaincre à le revoir.[/quote]
J'espère qu'il t'apparaîtra alors sous un meilleur jour :wink:

C'est OK pour les "cours" de gothique alors... je vais m'arranger pour faire ça :)
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
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Messagepar Mad sur 14 Sep 2004 17:09

[quote="strughold"]Un tableau qui d'ailleurs a inspiré un plan du générique de la série "Nowhere Man"...[/quote]
Strughold, je ne connais toujours pas--shame on me--la série [i]Nowhere Man[/i], mais j’aimerais bien que tu me/nous dises ce qui, dans la série, rapporte au gothique américain, par rapport à ce tableau... d’après ce que je vais en dire ci-dessous.

[b][i]American Gothic[/i][/b] de Grant Wood (voir lien posté un peu avant) :

Tout d'abord, en terme de mise en scène, on peut isoler la fourche du premier plan, très certainement un outil bien utile à la ferme, mais aussi objet menaçant surtout lorsque l'on voit les visages sévères du couple présenté... Bien sûr, par rapport au couple du Village (je veux parler du prof et de sa femme) ils sont ici bien plus austères... mais nous allons voir plus loin ce qu’il en est vraiment de ce couple... Ceci est vraiment dominant dans ce tableau, là où notre regard se focalise, même si ce n’est pas totalement gothique. Mais si on commence à s’intéresser à d’autres éléments, là, ça devient plus gothique : derrière le couple, on peut voir une ferme (qui ressemble plus à une église Puritain qu’à une maison...) D’un point de vue architectural, le meilleur emplacement pour la fenêtre gothique est le pignon de la maison (que vous remarquerez être au centre de la toile, afin de bien attirer l’attention), et ceci conduit à l’idée d’une influence religieuse (voir les églises américaines de Nouvelle Angleterre).
Donc, on reprend les éléments depuis le début : nous avons un outil utilisé (utilisable) dans la vie quotidienne, pour les travaux de la ferme, mais qui est aussi un symbole de peur, combiné avec une présence religieuse forte, renforcée par les vêtements sombres des deux personnages... ternes. Le tout étant plus oppressant qu’accueillant (comme l’a remarqué Tonnerre de Brest : on s’y sent plutôt mal à l’aise... un on se sait quoi, peut-être proche du non-dit... du tabou). En fait, le thème religieux sous-jacent est plus que souligné ici, il nous lie à un passé plutôt sombre de l’histoire américaine (car, ne le saviez-vous pas, le Puritanisme fut responsable des pendaisons et des crucifixions de 20 personnes, et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, à Salem en 1692 parce que certains «bien pensants» puritains voyaient en elles des sorciers et sorcières possédés par Satan !
Malgré tout, ceci ne fait pas de ce tableau une œuvre gothique... Il y a autre chose. Qu’en est-il donc de ce couple qui a l’air si triste, gêné, embêté ? Pourquoi, par exemple, la femme ne peut-elle pas regarder directement vers nous comme le fait l’homme ? Est-ce un hasard (mais y-a-t-il hasard dans cette forme d’art ?) ou bien cache-t-elle quelque chose sous ce regard détourné ? Bien entendu, ceci n’est que pure spéculation, mais on pourrait penser que cet homme et cette femme ne forme pas un couple mari et femme comme on pourrait le penser à première vue, mais peut-être père/fille. Ah ah, là les choses vous paraissent peut-être plus bizarres, mais on touche au point du non-dit de tout à l’heure, ce qui nous rend vraiment mal à l’aise... La femme nous semble tout de même presque vieille, avec ses cheveux tirés en arrière, coiffés en chignon... Vous pensiez qu’elle était la femme de cet homme sévère ? Et si c’était sa fille ! Là s’instaure quelque chose de plus sombre, un secret incestueux au sein de cette famille. Et puis, où est la mère de cette femme ? Où est sa femme à lui ? Est-elle morte ? Sinon, pourquoi n’est-elle pas représentée sur le tableau. Tout ceci, inconsciemment d’abord, puis consciemment désormais, nous met mal à l’aise, on ressent toutes ces choses intérieurement, comme tous les non-dits qui peuvent se glisser dans ce genre de famille. La présence d’une mère, d’une femme diminuerait-elle la sensation gothico-américaine que Wood a essayé de capter dans cette toile ? Certainement ; la mère donne une entité familiale, elle encrerait le tableau dans la tradition, elle ferait en sorte de créer un noyau familial. Mais ce que nous avons en fait ici sous les yeux est une sorte de leurre nous montrant un mari et sa femme qui sont en fait un père et sa fille...
Voilà ce qui donne le ton gothique de cette œuvre : le labeur au quotidien, l’aspect puritain (et hypocrite), les secrets de famille : les non-dits et les tabous, l’inceste... C’est tout cela que Grant Wood voulut recréer : cette suspicion, cet aspect coupable des protagoniste, et c’est pour cela qu’il a intitulé son tableau [i]American Gothic[/i].

Dans [i]The Village[/i], qu’a-t-on si ce n’est cet aspect effleuré non pas de l’inceste cette fois, mais de l’adultère (autre thème du gothique américain), le côté religieux et patriarcal, les non-dits (et les mensonges) et le rejet du progrès ?

Je conseille aussi la lecture de Nathaniel Hawthorne, grand écrivain gothique américain, et plus particulièrement [i]The Scarlet Letter[/i] et [i]The House of the Seven Gables[/i] ([i]La Lettre écarlate[/i] et [i]La Maison aux sept pignons[/i])
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
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