"Un long dimanche de fiançailles'' de Jeunet

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Modérateur: Amrith Zêta

Messagepar Charisman sur 05 Nov 2004 13:56

[quote] Tandis que dans Un long dimanche la voix off ne sert qu'à installer un décors, une ambiance et souligner une émotion. Procédé habituel (mais pas toujours systématique) pour une adaptation d'un livre.[/quote]
Voix off oui.
Voix off parlant de la même façon qu’Amélie Poulain : discutable.
[quote] Bien sûr l'usage d'une voix-off, certaines scenettes (dispensables) de présentation de Mathilde au début qui font c'est vrai, penser à Amélie,[/quote]
+ la scène avec un orgasme en tout début (copié-collé ?), mais là je pense que ça tient plus du clin d’œil, enfin je me méfie…
[quote]les filtres jaunes et certains même acteurs rapprochent les 2 films. Mais vraiment c'est très superficiel comme points communs. Jeunet à son style et il s'y tient... [/quote]
Non je trouve qu’il a vraiment dérapé. Dans Delicatessen – La cité des enfants perdus – Le fabuleux destin d’Amélie Poulain on reconnaît tout de suite son style bien barré et original, mais là j’ai pensé d’abord à du Amélie Poulain avant du Jeunet, d’où mon problème avec ULDDF…
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bon... !

Messagepar Guigui sur 05 Nov 2004 15:12

[quote="Charisman"]Voix off oui.
Voix off parlant de la même façon qu’Amélie Poulain : discutable.[/quote]
Développe car tu n'es pas du tout convaincant... Tu aurais voulu que la voix off soit comment ? Michel Leeb en imitant un accent africain ?!

[quote]+ la scène avec un orgasme en tout début (copié-collé ?), mais là je pense que ça tient plus du clin d’œil, enfin je me méfie…[/quote]
Tiens je n'y ai pas pensé du tout pour la simple et bonne raison qu'encore une fois ces 2 éléments dans les 2 films n'ont pas du tout le même "rôle".

[quote]Non je trouve qu’il a vraiment dérapé. Dans Delicatessen – La cité des enfants perdus – Le fabuleux destin d’Amélie Poulain on reconnaît tout de suite son style bien barré et original, mais là j’ai pensé d’abord à du Amélie Poulain avant du Jeunet, d’où mon problème avec ULDDF…[/quote]
Donc il a pas le droit de faire un film un peu plus sobre niveau imagination et un peu plus grave ? Franchement là Charisman tu me déçois, tu m'avais habitué à mieux comme argumentation ;) :twisted:
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Messagepar Charisman sur 05 Nov 2004 18:54

[quote]Développe car tu n'es pas du tout convaincant... Tu aurais voulu que la voix off soit comment ? Michel Leeb en imitant un accent africain ?![/quote]
Pas besoin de développer, tout le monde entend bien que la voix off d’Amélie Poulain est originale, qu’elle décrit chaque action, chaque détail de la vie du personnage, comme cela est fait pour Mathilde dans le film, le parallèle crève les oreilles, ne me dit pas que c’est une voix off comme les autres !
[quote]Donc il a pas le droit de faire un film un peu plus sobre niveau imagination et un peu plus grave ?[/quote]
Quel rapport ? J’ai dit que ULDDF faisait penser à du Amélie Poulain avant du Jeunet, peu importe que ce soit moins imaginatif que ses précédents films tant que ce n’est pas pompé sur ses précédents films.
[quote]Franchement là Charisman tu me déçois, tu m'avais habitué à mieux comme argumentation.[/quote]
Bah je ne suis pas plus convaincu par la tienne, tu dis juste que c’est normal que ça ressemble parce que c’est le même univers que ses précédents films, mais là n’est pas la question, ça peut être le même univers sans repomper certains éléments qui ont fait le charme d’Amélie Poulain et qui ne collent pas forcément à un autre film ! :twisted: :cry:
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Messagepar Guigui sur 05 Nov 2004 19:16

[quote="Charisman"]Pas besoin de développer, tout le monde entend bien que la voix off d’Amélie Poulain est originale, qu’elle décrit chaque action, chaque détail de la vie du personnage, comme cela est fait pour Mathilde dans le film, le parallèle crève les oreilles, ne me dit pas que c’est une voix off comme les autres ![/quote]
Excuse moi, mais développe un peu, comme je l'ai déjà dis : [i]la voix-off n'a largement pas une place aussi importante et n'a surtout pas la même fonction. Dans [i]Amélie[/i] la voix off est indissociable de la plupart des scènes dans laquelle elle intervient, étant même une partie intégrante de l'action. Tandis que dans [u]Un long dimanche[/u] la voix off ne sert qu'à installer un décors, une ambiance et souligner une émotion. Procédé habituel (mais pas toujours systématique) pour une adaptation d'un livre.[/i] A ce titre cette voix-off n'a rien de plus particulier que la voix off d'un autre film et l'utilisation de la voix-off pour la présentation de certains personnages et finalement assez anecdotique pour que l'on ne retienne que cela (sans compter qu'André Dussolier n'a pas la même façon de commenter l'action que Florence Thomassin) et c'est pour cela que je trouve que dire que ce film est calqué d'[i]Amélie[/i] est ridicule ou du moins très abusif.

[quote]Quel rapport ?[/quote]
Ben, dans ce que tu dis : [i]"Dans Delicatessen – La cité des enfants perdus – Le fabuleux destin d’Amélie Poulain on reconnaît tout de suite [b]son style bien barré et original[/b], mais là j’ai pensé d’abord à du Amélie Poulain avant du Jeunet, d’où mon problème avec ULDDF…" [/i] Pour moi lorsque tu dis, avec nostalgie semble t'il, que son style était "[i]barré et original[/i]" tu sous-entends (avec le reste de ton discours) que c'était mieux "avant", que c'est ce seul style qui fonctionnerait pour les films de Jeunet. Or le réalisateur préfère ne pas s'enfermer dans un style uniquement barré et original pour faire un film un peu plus sobre et rattaché à notre réalité et notre histoire pour traiter d'un autre sujet.

[quote]J’ai dit que ULDDF faisait penser à du Amélie Poulain avant du Jeunet, peu importe que ce soit moins imaginatif que ses précédents films tant que ce n’est pas pompé sur ses précédents films.[/quote]
"Pompé" ?! Vraiment, tu as de ces termes... Donc ça te choque qu'un réalisteur réutilise certains de ses trucs ? Tu ne dois aimer que les premiers film de Lynch, Cronenberg et beaucoup d'autres ... Franchement, ce n'est pas honnête comme argument. Si tu veux vraiment avancer tu ferrais mieux de dresser un comparatif détaillé (que je réfuterai) entre les 2 films pour nous montrer les similitudes, parce que là... Ça le fait pas ;)

[quote]Bah je ne suis pas plus convaincu par la tienne, tu dis juste que c’est normal que ça ressemble parce que c’est le même univers que ses précédents films, mais là n’est pas la question, ça peut être le même univers sans repomper certains éléments qui ont fait le charme d’Amélie Poulain et qui ne collent pas forcément à un autre film ! :twisted: [/quote]
Là c'est déjà plus clair. Maintenant, le "repompage" dont tu parles de façon si exagérée selon moi, est tellement anecdotique que ne pas aimer le film pour ce seul critère est vraiment léger... Faut voir au-delà du fait qu'Audrey Tautou soit dans les 2 films. :)

Ensuite dire que selon toi certaines choses ne fonctionnent pas c'est tout à fait autre chose et je serai bien plus disposé à en discuter avec toi :)
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Messagepar Charisman sur 06 Nov 2004 0:05

[quote="Guigui"]la voix-off n'a largement pas une place aussi importante et n'a surtout pas la même fonction. Dans [i]Amélie[/i] la voix off est indissociable de la plupart des scènes dans laquelle elle intervient, étant même une partie intégrante de l'action. Tandis que dans [u]Un long dimanche[/u] la voix off ne sert qu'à installer un décors, une ambiance et souligner une émotion. Procédé habituel (mais pas toujours systématique) pour une adaptation d'un livre. A ce titre cette voix-off n'a rien de plus particulier que la voix off d'un autre film et l'utilisation de la voix-off pour la présentation de certains personnages et finalement assez anecdotique pour que l'on ne retienne que cela (sans compter qu'André Dussolier n'a pas la même façon de commenter l'action que Florence Thomassin) et c'est pour cela que je trouve que dire que ce film est calqué d'[i]Amélie[/i] est ridicule ou du moins très abusif.[/quote]
Déjà je n'ai pas critiqué la présence d'une voix off. Ensuite je n'ai pas dit que le film était une copie d'Amélie Poulain, j'ai dit que la narration était une copie de celle d'Amélie Poulain, à travers la voix off. Malgré les nuances que tu dis, pour moi il est clair que la façon de décrire les scènes dans les deux films sont très ressemblantes, et que même si la voix off d'ULDDF n'a pas une place aussi stratégique que celle d'AP, elle contribue quand même à installer la poésie du film, à travers les doutes de Mathilde. Et ces sentiments-là occupent une place importante dans l'histoire. Tu ne trouves pas que la voix off est calquée sur AP je trouve que oui et je n’ai donc pas accroché à l’ambiance, ça se résume à ça.

[quote] Pour moi lorsque tu dis, avec nostalgie semble t'il, que son style était "[i]barré et original[/i]" tu sous-entends (avec le reste de ton discours) que c'était mieux "avant", que c'est ce seul style qui fonctionnerait pour les films de Jeunet. Or le réalisateur préfère ne pas s'enfermer dans un style uniquement barré et original pour faire un film un peu plus sobre et rattaché à notre réalité et notre histoire pour traiter d'un autre sujet.[/quote]
Là il y a quiproquo je ne reproche pas du tout la thématique de ce film, quand je disais « barré et original » c’était juste pour coller vite fait une étiquette à Jeunet.
[quote]Donc ça te choque qu'un réalisteur réutilise certains de ses trucs ? Tu ne dois aimer que les premiers film de Lynch, Cronenberg et beaucoup d'autres ... Franchement, ce n'est pas honnête comme argument.[/quote]
Ce qui me choque ce n'est pas qu'un réalisateur réutilise certains de ses trucs évidemment, c'est qu'un réalisateur réutilise mal ses trucs, ou par défaut ou manque d’inspiration et c’est l’impression que j’ai eu ici !
[quote]Si tu veux vraiment avancer tu ferrais mieux de dresser un comparatif détaillé (que je réfuterai) entre les 2 films pour nous montrer les similitudes, parce que là... Ça le fait pas ;) [/quote]
Les similitudes portaient sur la voix off principalement (c.f. notre discussion sans fin), sur un passage tel que la description des 5 condamnés à mort qui prend un long moment, sur une micro-scène telle que la biographie de Mathilde identique à la biographie d’Amélie Poulain. Tu vas me répondre que ce n’est pas suffisant pour dire que les films sont calqués, je répète que ce n’est pas ce que je veux dire. Je parle de la narration encore une fois, tous les petits trucs cités précédemment que toi tu considères de l’univers Jeunet adaptés à ULDDF, et que moi je considère superflus et Amélie Poulain bis.
[quote]Là c'est déjà plus clair. Maintenant, le "repompage" dont tu parles de façon si exagérée selon moi, est tellement anecdotique que ne pas aimer le film pour ce seul critère est vraiment léger... [/quote]
Je n’emploierais pas le terme anecdotique, mais je suis d’accord pour dire que c’est insuffisant pour ne pas aimer ULDDF. D’ailleurs je n’ai pas aimé pour diverses autres raisons, mais tu t’es pas mal acharné sur cette comparaison avec Amélie Poulain que tu refuses en bloc !
[quote]ensuite dire que selon toi certaines choses ne fonctionnent pas c'est tout à fait autre chose et je serai bien plus disposé à en discuter avec toi :)[/quote]
Ce sont des choses qui fonctionnent pour certains et pas pour d’autres.
Par exemple je n’ai pas trouvé justifiées la longueur des scènes avec chaque nouveau personnage. Si cela rendait réaliste la difficulté de la quête de Mathilde, en contrepartie ça m’a rendu la vision du film indigeste. Et quand bien même on a l’impression que Jeunet s’attarde plus que le bouquin sur tous les à-côtés, comme la scène de la femme qui a eu comme amant le collègue de son mari qui prend 10 minutes pour une histoire complètement secondaire. Jeunet a exploité chaque personnage un maximum mais je me demande si c’était vraiment nécessaire. Il est beaucoup trop rentré dans les détails à mon avis, parce qu’au final ce film raconte une histoire d’amour plus ou moins banale, et tous les artifices pour l’enrober ne permettent pas de la rendre plus intéressante.
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ok

Messagepar Guigui sur 11 Nov 2004 11:06

Non je lacherai pas l'affaire, même si je met du temps à répondre ;)

[quote]Déjà je n'ai pas critiqué la présence d'une voix off.[/quote]
Je n'ai jamais dis non plus que tu l'avais fait :)

[quote]Ensuite je n'ai pas dit que le film était une copie d'Amélie Poulain, j'ai dit que la narration était une copie de celle d'Amélie Poulain, à travers la voix off.[/quote]
Sur ce quoi je t'ai répondu il me semble. Je rajouterai (qqle chose qui n'a rien à voir avec la voix off) sous forme de résumé que AMELIE est un récit linéaire qui part dans tous les sens peut être mais linéaire tout de même. Alors que DANS UN LONG DIMANCHE on a des flash-backs dans tous les sens...

[quote]Malgré les nuances que tu dis, pour moi il est clair que la façon de décrire les scènes dans les deux films sont très [b]ressemblantes[/b], et que même si la voix off d'ULDDF n'a pas une place aussi stratégique que celle d'AP, elle contribue quand même à installer la poésie du film, à travers les doutes de Mathilde. [/quote]
Sauf que dans AMELIE comme je l'ai dis la voix-off ne fait pas qu'apporter une ambiance ou de la poésie : elle amène carrément l'action en est une composante essentielle, et elle donne aussi bcp dans l'humour... Donc oui tu as ta perception des choses si tu veux, n'empêche que comparer AMELIE et UN LONG DIMANCHE sur ces seules remarques restent totalement anecdotiques et tu commences à, nous faire tourner en rond dans notre discussion...

[quote]Là il y a quiproquo je ne reproche pas du tout la thématique de ce film, quand je disais « barré et original » c’était juste pour coller vite fait une étiquette à Jeunet.[/quote]
Ouais coller une étiquette vite fait ça aide pas à être clair, tu en conviendras :)

[quote]Ce qui me choque ce n'est pas qu'un réalisateur réutilise certains de ses trucs évidemment, c'est qu'un réalisateur réutilise mal ses trucs, ou par défaut ou manque d’inspiration et c’est l’impression que j’ai eu ici ![/quote]
Voilà enfin un élément neuf dans le débat, ouf... ;)

[quote]Les similitudes portaient sur la voix off principalement (c.f. notre discussion sans fin),[/quote]
Anecdotiques et pas totalement justes comme je m'évertue à essayer de te le démontrer :)

[quote]sur un passage tel que la description des 5 condamnés à mort qui prend un long moment, sur une micro-scène telle que la biographie de Mathilde identique à la biographie d’Amélie Poulain.[/quote]
Là-dessus, je vais te surpendre car je suis titalkement d'accord avec toi : JEUNET aurait put l'argement s'en passer., surtout, pour la mini-bio de MATHILDE. La présentation des prisonniers ne me choque pas dans le sens où ce genre de chose était nécéssaire vu le grand nombre de perso qui font l'histoire.

[quote]Tu vas me répondre que ce n’est pas suffisant pour dire que les films sont calqués, je répète que ce n’est pas ce que je veux dire. Je parle de la narration encore une fois, tous les petits trucs cités précédemment que toi tu considères de l’univers Jeunet adaptés à ULDDF, et que moi je considère superflus et Amélie Poulain bis.[/quote]
J'ai bien compris ce que tu voulais dire, mais encore une fois la narration de ce film ne se résume pas à ce que tu en as retenu.

[quote]Je n’emploierais pas le terme anecdotique, mais je suis d’accord pour dire que c’est insuffisant pour ne pas aimer ULDDF. D’ailleurs je n’ai pas aimé pour diverses autres raisons, mais tu t’es pas mal acharné sur cette comparaison avec Amélie Poulain que tu refuses en bloc ![/quote]
Tout forme de comparaison abusive, car oui il y a des similitudes mais de là à enf aire la pierre angulaire de son argumentation je trouve ça plus que léger : les défauts sont ailleurs à mon sens :)

[quote]Ce sont des choses qui fonctionnent pour certains et pas pour d’autres.
Par exemple je n’ai pas trouvé justifiées la longueur des scènes avec chaque nouveau personnage. Si cela rendait réaliste la difficulté de la quête de Mathilde, en contrepartie ça m’a rendu la vision du film indigeste. Et quand bien même on a l’impression que Jeunet s’attarde plus que le bouquin sur tous les à-côtés, comme la scène de la femme qui a eu comme amant le collègue de son mari qui prend 10 minutes pour une histoire complètement secondaire. Jeunet a exploité chaque personnage un maximum mais je me demande si c’était vraiment nécessaire. Il est beaucoup trop rentré dans les détails à mon avis, parce qu’au final ce film raconte une histoire d’amour plus ou moins banale, et tous les artifices pour l’enrober ne permettent pas de la rendre plus intéressante.[/quote]
Voilà, par exemple, là aussi je suis d'accord avec toi :)
Ceci dit, "la femme qui a eu comme amant le collègue de son mari qui prend 10 minutes" c'était quand même JODIE FOSTER alors quand même :p
Mais je suis d'accord avec toi sur ce sujet...
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Messagepar Mad sur 11 Nov 2004 18:36

[quote="Charisman"]Et quand bien même on a l’impression que Jeunet s’attarde plus que le bouquin sur tous les à-côtés, comme la scène de la femme qui a eu comme amant le collègue de son mari qui prend 10 minutes pour une histoire complètement secondaire.[/quote]

Le passage avec Jodie Foster n'est pas vraiment anodin... Il est là pour expliquer pourquoi les deux amis se sont disputé, puis réconciliés, puis le coup des bottes, etc.
Mathilde démêle petit à petit l'affaire pour retrouver Manech qu'elle sait au fond d'elle être encore en vie.
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
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Messagepar Guigui sur 11 Nov 2004 19:09

C'est vrai que l'indice des bottes a quand même son importance, mais bon, c'était un peu long quand même...
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Messagepar happy sur 25 Nov 2004 5:31

Je n'ai pas trop lu vos critiques pour ne pas avoir des ''spoilers'' Le film sort aux USA ce vendredi et les critiques sont bonnes voir sur

http://www.rottentomatoes.com/m/very_long_engagement/

Il sort en décembre au Québec...je suis décue un peu mais bon j'attendrais!
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Croyance dans le cinéma

Messagepar tonnerre de brest sur 30 Déc 2004 19:28

En bon dernier de la classe, j’ai vu « Un Long Dimanche De Fiançailles ».

Cette enquête amoureuse sur un disparu de la guerre de 1914-1918 me fait irrémédiablement penser à un autre cinéaste que ce conflit obsède. Il y a dans ce long dimanche un écho du chef d’œuvre de Tavernier, « La Vie et Rien d’Autre », où là déjà tout est affaire d’identification et de cinéma. Il y a aussi un écho de son autre film, « Capitaine Conan », avec cette scène de retour sur les lieux du drame. La plaie douloureuse de l’histoire ne se referme pas, et elle saigne dans ces films, même si bien des choses éloignent les deux cinéastes dans leurs partis pris. Qu’importe, voilà deux façons d’accrocher le récit différentes qui apportent leur diversité de points de vue, et c’est tant mieux.

D’abord le corps, toujours. Celui de Mathilde, féerique et bancal, vainqueur marqué de la maladie. Maladif écho à la mutilation des soldats, à qui la guerre arrache bras ou jambes. Une jambe qui boite pour un bras en bois : dans cette époque où les technologies entraînent les plus grandes réussites sociales, dont chaque image de la capitale fastueuse jalonne les progrès exponentiels, la polyo, la grippe espagnole, viennent rappeler la fragilité des pauvres, que la guerre plonge dans le déluge de fer du monde nouveau. La guerre de 14-18 comme métaphore de la révolution industrielle, qui prend là son nouveau visage. Alors pour échapper à la mutilation de masse, à la saignée du pays, l’individu refuse le sacrifice de sa vie au prix de la mutilation volontaire. Les corps souffrants et martyrisés amputent la fiancée de son amoureux, l’esprit des militaires du retour à la vie civile, la conscience de sa mémoire.

Alors le film éclate aussi, violemment, comme un miroir dont chaque brisure tend un reflet qu’il faut recoller à un autre pour que ce démembrement générale ne devienne pas un puzzle inéluctable, pour que quelqu’un recolle les morceaux. Pour comprendre, et continuer à vivre.
Spectatrice et actrice à la fois de la reconstitution, Mathilde ramasse les morceaux épars, surmontant son propre handicap, pour voir l’histoire devenir cohérente à ses yeux, pour que le récit s’écoule enfin. « Elle regarde », conclut la voix-off. Ils se sont retrouvés et les corps séparés peuvent de nouveau s’unir.

Entre-temps, Jeunet, conscient que le film est aussi une matière dont la finalisation est le recollage de morceaux épars, disperse le récit et fait s’entrechoquer les formes, entraînant le spectateur dans le voyage hétérogène de Mathilde avant de conclure sur un champ contrechamp extraordinaire : celui dont elle a perdu la trace redevient visible, celui qui a perdu la mémoire l’invite à observer son œuvre, et c’est bien par là qu’il redevient quelqu’un, portant un nom, et c’est bien ses yeux qui sourient à celle avec qui il va recommencer l’histoire à laquelle l’Histoire a arraché trois ans. Champ contrechamp ? Non, Jeunet ne va pas encore couper par le montage les deux personnages. Il faut en finir avec la rupture et l’échange de regard. Il refuse alors la coupure fondatrice au langage filmique, celle du montage, du cut, pour faire tourner sa caméra autour du couple, dans un même champ, dans un même espace où les deux corps figurent face à face, centre du tournoiement de l’image dans un merveilleux plan final où il les restitue enfin ensemble.

Il aura fallu toute une quête pour en arriver à ce moment où le temps écoulé réunit dans une suspension contemplative les amants retrouvés. Il aura aussi fallut un récit où Mathilde voyage de point de vue en point de vue, de version en version, d’image en image, de brisures de miroir en brisures. Le spectateur accomplit alors un voyage parallèle dans l’histoire du cinéma. Puisque tout est scission, puisque le cinéma est si jeune au moment de l’intrigue (25 ans, et il commence à approcher de sa forme moderne), puisque le cinéma est matière (émulsion sensible et malléable), Jeunet précipite tous les âges, mélangent images d’archive directement issue du cinéma des premiers temps, aux images de synthèse reconstituant le Paris d’antan, aux fausses images d’archives, aux vrais champs de guerre. Mathilde fantasme sur écran noir et blanc quand son masseur lui confesse l’émotion que lui procure sa beauté. Parce que le cinéma est image fantasmatique. Il reconstitue ce cinéma d’alors, mais la reconstitution de l’époque passe aussi par les plans documentaires issue de cette période. Parce que le cinéma est empreinte de la mémoire. La capitale comme les champs de bataille ont recours aux images de synthèses rendant possibles des reconstitutions jadis quasi inimaginables. Parce que le cinéma est de l’imaginaire converti dans la réalité tangible de la pellicule.

Aucun film depuis « Dracula » de Coppola n’avait réussi un pareil tour de force. Et peut être inspirée du même film la technique de la surimpression tend aux mêmes effets. La surimpression comme l’élément le plus poétique du langage cinématographique, et l’un des plus signifiants. Les images se superposent comme les strates de temps que Mathilde remonte, et près de son visage des lettres apparaissent, parcourues de plumes nerveuses, où l’on sent l’encre imprégner le papier comme la lumière imprègne la pellicule. Dans les deux cas un récit s’écrit. Et plus le film avance, plus les surimpressions montrent des évènements non pas séparés par le temps, mais concomittents, comme le coup de fil adressé à M. Poux. Les corps se rapprochent, les temporalités n’interfèrent plus, mais se rejoignent, comme une note au diapason. L’appel de détresse du trombone trouvera son destinataire, et le phare se dresse comme une espérance dans la nuit: ses lumières tournent, mais ce sera la caméra qui à la fin tournera autour du couple. Film en spirale comme l’escalier que le jeune couple d’amant monte : Mathilde tournera beaucoup en rond pour retrouver celui qu’elle aime, mais ils finiront au centre de la spirale.

Cette conviction, cet entêtement qui animent Mathilde, nous font entrevoir l’espaces de quelques moments les tourments de l’esprit sous un angle rare et singulièrement touchant. Mathilde souffre également de troubles obsessionnels compulsifs. Dans la dureté de la réalité, elle se réfugie dans un raisonnement magique, où le rituel relance l’espoir ou permet simplement de vivre. Rien n’est plus bouleversant que de la voir compter les secondes dans le train pour conformer le monde à ses désirs, de la voir courir pour atteindre le virage avant que la voiture ne passe afin de se désinhiber, d’attendre que le chien n’arrive dans son lit pour s’affranchir de la désespérance. Dans son univers de codes, elle survit cruellement mais finalement bienheureusement aux tourments de l’extérieur. Jeune fille déraisonnable dans tous les sens du terme, comme ne cessent de lui rappeler son entourage, elle a finalement gain de cause.
Mathilde remet de l’ordre dans le chaos, le chaos d’acier de la guerre qui se moque des corps et des cœurs.

Mathilde rêve, comme au cinéma. Et son cinéma accomplit son rêve. La vie comme substance du film et vice-versa : elle a raison d’y croire. Jeunet a encore et toujours raison d’y croire.
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Messagepar Kritschgau sur 03 Jan 2005 12:32

Moi aussi, j'ai vu un long dimanche de fiancailles, il y a 3 semaines.

J'avais peur d'être déçu par le coté esthétique avoué de ce film.
J'ai été agréablement surpris : jamais la réalisation ne m'a fait perdre le fil de l'histoire. Jeunet est certes amateur des belles images, mais jamais elles ne trahissent le propos.
Il n'y a qu'à voir Vidocq de Pitof pour comprendre comment des mouvements de cameras non adaptés et non inspirés peuvent gacher un film.

On a beaucoup parlé des ressemblances ou des clins d'oeil (volontaires ou involontaires) à Amélie Poulain. On ne peut le nier, il y en a et c'est presque un jeu de les noter. Sont elles genantes ??
Je n'ai pas trouvé, c'est suffisament bien intègré dans le reste du film pour que ca passe comme une lettre à la poste. Et franchement ce n'est pas l'essentiel du film.

Il est plaisant de découvrir enfin un film sur la guerre 14-18, il y en a finalement assez peu. C'est vrai qu'il est moins glorieux de parler de 14-18 car tout le monde la voulait cette guerre, contrairement à 39-45.
Avec "Un long dimanche de fiancailles", on découvre certaines choses comme le crime d'auto-mutilation qui était puni de mort.
On découvre aussi la vie dans les tranchées, cette fameuse guerre de position qui a duré si longtemps.

La galerie des personnages est intéressante. Chaque petite histoire est pour moi digne d'interet. Au départ , je trouvais celle de Marion Cotillard un peu fade mais le face à face avec Audrey Tautou qui la conclue est marquante.
La prestation de jodie Foster même si elle est courte est comme d'habitude impressionante et juste.


Après Amélie Poulain, je n'ai pas été décu par Jean Pierre Jeunet.
C'est sans conteste un grand réalisateur francais et il est bien dommage de voir que le CNC veuille lui mettre des batons dans les roues.
Il faudra m'expliquer ce qu'Alexandre a de plus francais qu'un long dimanche de Fiancailles

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Les films sur 14-18

Messagepar tonnerre de brest sur 03 Jan 2005 17:20

[quote]Moi aussi, j'ai vu un long dimanche de fiancailles, il y a 3 semaines.
[/quote]
Bienvenue au club des retardataires :wink: !

[quote]J'avais peur d'être déçu par le coté esthétique avoué de ce film.[/quote]

Yep ! Dire que l'esthétique de Jeunet est spécifique et identifiable à 100 km nautique à la ronde est un doux euphémisme. Elle servait avant un propos qu'on pourrait qualifier en gros d' "onirique". Or, ici, le sujet nécessitait déontologiquement un certain réalisme. Jeunet ne trahit pourtant pas sa photographie habituelle (saluons le chef' op au passage) et réussit le tour de force de complexifier cette image par une réflexion profondément aboutie sur le récit et la représentation (cf mon post d'avant, j'veux pas radoter :wink: ). Le résultat est magnifique.

[quote]Il est plaisant de découvrir enfin un film sur la guerre 14-18, il y en a finalement assez peu.[/quote]

Là par contre je ne suis pas trop d'accord. Il y a eu pas mal de films sur la guerre de 14-18, à commencer par les deux autres films magnifiques de Tavernier que j'ai cité. Mais il faut reconnaître que le thème n'est pas porteur manifestement, ce qui honteux, car cette guerre débute le XXème siècle.
Un très joli film a fait un bide énorme et injustifié: "Marthe", de Jean-loup Hubert, avec Clotilde Coureau. Il mérite d'être redécouvert. Il y a en a d'autres dont j'ai oublié le nom.
Regarde "La vie et rien d'Autre", "Capitaine Conan", "Marthe": ce serait intéressant de faire un petit comparatif. Que du grand. :yeah:

[quote]Après Amélie Poulain, je n'ai pas été décu par Jean Pierre Jeunet.
C'est sans conteste un grand réalisateur francais et il est bien dommage de voir que le CNC veuille lui mettre des batons dans les roues.
Il faudra m'expliquer ce qu'Alexandre a de plus francais qu'un long dimanche de Fiancailles
[/quote]

D'accord sur tout.
Et j'en rajoute une couche en gueulant bien fort que cette histoire d'Alexandre (je n'ai rien contre le film, comme Jeunet d'ailleurs) et le fonctionnement étrange des fonds de soutien est proprement inadmissible. On reviendra sur cette affaire.
L'agent Squeulit pensait qu'il s'agissait en fait d'une pierre de forme triangulaire
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Re: Les films sur 14-18

Messagepar Guigui sur 03 Jan 2005 17:40

[quote="tonnerre de brest"]
Regarde "La vie et rien d'Autre", "Capitaine Conan", "Marthe": ce serait intéressant de faire un petit comparatif. Que du grand. :yeah:.[/quote]
Récemment aussi : LA CHAMBRE DES OFFICIERS était très plaisant et possédait déjà une photographie superbe...
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Devoir de mémoire

Messagepar tonnerre de brest sur 05 Jan 2005 21:08

[quote]tonnerre de brest a écrit:

Regarde "La vie et rien d'Autre", "Capitaine Conan", "Marthe": ce serait intéressant de faire un petit comparatif. Que du grand. .

Récemment aussi : LA CHAMBRE DES OFFICIERS était très plaisant et possédait déjà une photographie superbe...[/quote]

Fichtre ! Comment ais-je pu l'oublier, celui-là ? Un film de Dupeyron sur les gueules cassés. Tu vois, Kri, il y en a quand même, des films sur la guerre de 14-18 :wink: !
Cette relative rareté peut s'expliquer par la longue chappe de plomb qu'a fait peser la censure sur la représentation de cette guerre, et qui est toujours d'actualité, d'ailleurs. Il y a beaucoup de non-dits sur cette guerre, et les pouvoirs publics semblent compter sur le temps pour qu'on l'oublie. Mais on n'oublie pas un tel carnage aussi facilement.

Cinématographiquement, rappelons que "Les Sentiers De La Gloire" (1957), le chef d'oeuvre de Kubrick qui a imposé le style de travelling avant dans les tranchées, et qui dénonçaient les exécutions arbitraires de soldats français pour l'exemple, a été boycotté par la France, sans même passer devant un comité de censure. Il a fallu au moins deux ans pour soulever l'interdit. Politiquement, quand Jospin a reconnu lors de son mandat qu'il y avait bel et bien eu des "fusillés pour l'exemple", et qu'il les a réhabilité, Seguin s'était indigné d'une façon hallucinante, à vomir, en gueulant que c'était insulter l'honneur de l'armée française.

C'est dans cette période que j'ai vu projeté sur grand écran "La Vie Et Rien d'Autre" remasterisé, en présence de Bertrand Tavernier. Ce dernier, comme je l'ai déjà dit, est hanté par cette guerre. La réaction de Seguin l'avait mis dans une sacré colère: il a déclaré en riant que son programme était si vide qu'il voulait revenir à la censure type 1957...
Notons que chaque pays de la coallition anti-allemande a exécuté des centaines de soldats innocents.
Dans "Capitaine Conan", Berléand égrenne les motifs d'exécution, et ils sont si mesquins, vils, basé sur des détails complètement insignifiants, que cela prend l'allure d'une folie dantesque, d'une inhumanité érigée en loi.
Près d'un siècle après, il est encore vraiment difficile de nommer cette guerre.

C'est pourquoi la présentation des 5 soldats au début du film est particulièrement émouvante. Bien sûr, elle servira ensuite la trame de l'histoire pour dêmeler les fils de l'enquête. Mais le propos va bien au-delà. Un homme n'est pas un numéro. En l'occurrence, dans ces conditions, il n'est qu'un matricule. Que la voix-off serve de pont au flash-back est une idée bouleversante. Ce ne sont plus des anonymes qu'on va lacher aux mitraillettes ennemies. Ce sont des individus, qui ont eu une vie, et qui ont eu une histoire. Raconter leur histoire, c'est rappeller qu'ils ont été autre chose que de la chair à canon. Alors Jeunet, qui doit prendre son temps de récit en compte, opère selon son style ( et comment reprocher à quelqu'un d'avoir un style, et quel style ! ? ): de ces moment qui paraîssent insignifiants et qui sont finalement l'essentiel. Tous ces petits détails qui vous reviennent à l'esprit et qui sont presque plus importants que tous les évènements qui vous ont entouré au même moment. Un parfum, un regard, un mot: ces petits rien qui font votre mémoire. Justement, c'est en [u]en mémoire [/u]de ces soldats que Jeunet va fouiller dans leur mémoire, pour leur redonner une identité, une humanité, dans un univers où ce mot n'a plus de sens.
Cet humanisme propre à Jeunet se retrouve peu ou prou dans dans la majorité de ses films. Et cette capacité à le suggérer par de petites touches emporte ma totale adhésion.
Mathilde fait parti d'une de ses 5 histoires, mais en même temps chacune ont leur autonomie et laisse deviner des pans de vies abîmés derrière elle (d'où l'importance des seconds rôles).
Mathilde les traverse et découvre l'innomable (comment donner un nom à ce qui arrive à Malech: être éclaboussé du corps volatilisé de son compagnon ?).

Les flash-backs sur l'enfance de Mathilde sont également essentiels. Ce sont les mêmes petits riens qu'affectionnent Jeunet. Et en même temps ils ont leur utilité profonde dans la structure et les renvois du films (j'en reviens au regard sur le corps, cf plus haut). Sans eux, on ne comprendrait pas que la France de l'époque est celle des grandes épidémies, et des maladies abominables dont les pays riches ont pu se débarrasser, comme la polyo. A ce titre, il faut considérer Mathilde comme une survivante, presque une miraculée, comme Malech. Les massages qu'on lui fait valent tout l'or du monde: ils révèlent à quel point la beauté de son corps a été sauvée. Il y a un aspect très tactile dans ce film, qui renvoie à cette réflexion sur la matière de l'image dont je parlais.

Le grain de la voix-off, tactile aussi, tend des ponts entre ces moments du film. C'est aussi une façon d'imposer la nécessécité de parler, de nommer la guerre de 14-18, qui s'efface. Jeunet ne veut pas qu'on tue ces soldats une seconde fois, en les passant dans le bilan comptable de l'oubli. Il faut leur donner corps, et individualité.
Lisez les "Paroles de Poilus", en kiosque, pas chers: les lettres des soldats à leur proche. Il faut un peu de courage.
Jeunet participe du même effort que ceux qui ont réuni ces courriers.
Allons-nous perdre la mémoire, comme Malech ?

C'est un peu la question que posait Jacques Brel, dans la sublime chanson "Jaurès".
Comme vous le savez, Jean Jaurès considérait cette guerre comme une guerre de classe où on allait envoyer les paysans et les ouvriers de deux pays au massacre. Il paya cette vision de révolutionnaire de sa vie, assassiné, dans le dos. Il fut la première victime de la guerre.
Alors permettez-moi de mettre en relation ces volontés de ne pas renoncer aux histoires dans l'Histoire, même si les choix sont très différents.

Jaurès
De Jacques Brel, 1977

Ils étaient usés à quinze ans
Ils finissaient en débutant
Les douze mois s'appelaient décembre
Quelle vie ont eu nos grand-parents
Entre l'absinthe et les grand-messes
Ils étaient vieux avant que d'être
Quinze heures par jour le corps en laisse
Laissent au visage un teint de cendres
Oui notre Monsieur, oui notre bon Maître

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

On ne peut pas dire qu'ils furent esclaves
De là à dire qu'ils ont vécu
Lorsque l'on part aussi vaincu
C'est dur de sortir de l'enclave
Et pourtant l'espoir fleurissait
Dans les rêves qui montaient aux cieux
Des quelques ceux qui refusaient
De ramper jusqu'à la vieillesse
Oui notre bon Maître, oui notre Monsieur

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

Si par malheur ils survivaient
C'était pour partir à la guerre
C'était pour finir à la guerre
Aux ordres de quelque sabreur
Qui exigeait du bout des lèvres
Qu'ils aillent ouvrir au champ d'horreur
Leurs vingt ans qui n'avaient pu naître
Et ils mouraient à pleine peur
Tout miséreux oui notre bon Maître
Couverts de prèles oui notre Monsieur

Demandez-vous belle jeunesse
Le temps de l'ombre d'un souvenir
Le temps de souffle d'un soupir

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
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Re: Les films sur 14-18

Messagepar Kritschgau sur 05 Jan 2005 22:42

[quote]
[quote]Il est plaisant de découvrir enfin un film sur la guerre 14-18, il y en a finalement assez peu.[/quote]

Là par contre je ne suis pas trop d'accord. Il y a eu pas mal de films sur la guerre de 14-18, à commencer par les deux autres films magnifiques de Tavernier que j'ai cité. Mais il faut reconnaître que le thème n'est pas porteur manifestement, ce qui honteux, car cette guerre débute le XXème siècle.
Un très joli film a fait un bide énorme et injustifié: "Marthe", de Jean-loup Hubert, avec Clotilde Coureau. Il mérite d'être redécouvert. Il y a en a d'autres dont j'ai oublié le nom.
Regarde "La vie et rien d'Autre", "Capitaine Conan", "Marthe": ce serait intéressant de faire un petit comparatif. Que du grand. :yeah:
[/quote]

Vi, vi je me suis mal exprimé : il est plus juste de dire que le créneau n'est pas porteur.
En ce qui concerne Capitaine Conan, c'est un film que j'ai vraiment envie de voir. Je l'ai loupé à sa sortie ciné et depuis je n'ai pas eu l'occasion de le regarder.


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