par Mad sur 19 Mai 2004 16:39
Me revoilà, après un bain de soleil pris, non pas sur les plages de Cannes ou sur la Croisette, comme pourrait bien le faire notre ami Torrance en ce moment-même..., car je n’y suis pas (à Cannes), et je m’en vais vous faire ce petit speech à propos de M. Tarantino et de son [i]Kill Bill[/i]... Alors :
Attention : [b]SPOILERS[/b]
Je vous situe le contexte de cette mini-analyse thématique : Quentin Rimbaud Tarantino... Pourquoi Rimbaud ? Parce que ce volet 2 de [i]Kill Bill[/i] m’a fait découvrir une facette particulière de l’œuvre de Tarantino. Explication : Tout comme Rimbaud, j’ai une tendance a accorder une couleur aux choses, aux sentiments, aux sensations (voir son poème « Voyelles ») et j’ai grandement l’impression que, même peut-être inconsciemment, Tarantino a cette même "maladie" (je ne sais plus le nom de ce syndrome inoffensif). Pour moi, [i]Kill Bill vol.1[/i] était jaune et noir... Normal, vu l’affiche, le costume. Même pas rouge en France car la censure noir et blanche est passée par là... Bref, si on me dit [i]Kill Bill 1[/i] je vois jaune et noir, point. Et puis je me suis demandée quelle différence (en plus des différences psychologiques et émotionnelles entre les deux films, le second étant beaucoup plus riche de ce côté là) il y avait entre les deux pour que je ne les voie pas de la même couleur... Parce que je le vois bleu ce film, messieurs-dames... Oui, bleu ! Vous me répondrez (si toutefois vous voyez des couleurs vous aussi) : « Quoi ?! Bleu ?! Mais non, il est vert et jaune ! » Vert, la couleur est lâchée ! Vert comme la Black Mamba (le serpent, pas The Bride, alias... non, ça c’est un spoiler pour plus tard), vert comme le décor où vit Pei Mei (euh... c’est bien ça son nom déjà ?), vert comme le décor où vit Esteban,... Tatatatata !
Suspens, je vous expliquerai tout à l’heure mon implacable conviction.
Revenons un court instant sur les précédents films de Tarantino. Pour [i]Kill Bill vol.1[/i], je l’ai dit, c’est jaune et noir (pour ce qui est des letters, ça va de pair avec le volume 2, donc, plus tard). [i]Jackie Brown[/i] (je l’ai pas vu en entier, mais bon...) : Brown, c’est une couleur, marron, brun... et puis c’est un film aux couleurs assez funcky tout de même... Brown, on le retrouve dans [i]Reservoir Dogs[/i] si je ne m’abuse, sous les traits de Quentin même. Ainsi que bien d’autres personnages aux noms colorés. Là encore, il y a alliance entre lettres et couleurs. Aah, maintenant, le grand [i]Pulp Fiction[/i], où l’on retrouve un nom-lettre, Z, et qui est un film-BD, un film-pulp, et qu’est-ce que la BD sinon une alliance de mots et de couleurs à la Lichtenstein ?!!! Hm ?! Tout cela est inconscient, assurément et s’est développé au fur et à mesure de ses quelques films... Et [i]Kill Bill vol.2[/i] est, il me semble, peut-être bien le dernier, car l’aboutissement de toute cette phase. Il va passer à autre chose.
Et pourquoi [i]Kill Bill 2[/i] est-il cet aboutissement ? On comprend en le voyant : c’est un film beaucoup plus intérieur que les autres, un film qui révèle beaucoup plus d’émotion, même si la violence y a toujours une bonne place, elle est accompagnée de tellement d’humour, oui, d’humour et de cynisme badin, que ça le rend plus léger de ce côté là, et ce pour laisser la part belle, non pas au sentimentalisme, mais bien au côté sensitif des personnages et des spectateurs.
Après le jaune qui flash et la noirceur des personnages du premier volet, [i]Kill Bill 2[/i] devient bleu progressivement... : le bleu qu’on ne voit pas encore (car on ne sait pas encore la motivation première de The Bride pour avoir quitté l’équipe de Bill) se joint au cours du film au jaune, et cela nous donne le vert dont on parlais tout à l’heure... Mais remarquez qu’au dernier chapitre, c’est bel et bien le bleu qui envahi l’écran : Kiddo, toute de bleu vêtue, va enfin retrouver Bill pour l’affronter. MAIS (et voilà le spoiler en bonne et due forme que m’a infligé France 3, moi qui évite scrupuleusement télé et commentaires !!!) avant de revoir Bill, c’est quelqu’un d’autre que notre Beatrix-Black Mamba-Bride rencontre : c’est sa fille ! B.B. ! B.B. comme son "dernier" mot prononcé : baby. Bleue est aussi la chambre de la petite, bleue doit-être la plage sous le clair de Lune... bleu est le costume de Superman. Et bleu est le test de grossesse, qui nous révèle enfin les motivations de... [b]B[/b]eatrix [b]K[/b]iddo, who gonna [b]K[/b]ill [b]B[/b]ill. Bleu et noir est ce film : Blue and Black, et les lettres ne me contrediront pas : [b]B[/b]lack Mamba, [b]B[/b]ride, [b]B[/b]eatrix, [b]B[/b].[b]B[/b]., [b]B[/b]ill (et même [b]B[/b]udd... his [b]B[/b]rother)... et [b]B[/b]ang [b]B[/b]ang...
Voilà comment je vois maintenant ce film, maintenant qu’il a navigué à travers mon cerveau. Je le vois comme un savant mélange de mots et de couleurs, de sensations et de tensions visibles et quasi palpables ; je le ressens aussi comme une page qui se tourne dans le travail de l’auteur, mais je pense tout de même que cette nuance restera tout de même toujours quelque peu présente dans son œuvre future.
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Mad on 19 Mai 2004 21:05, edited 1 time in total.
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
[img]http://img125.imageshack.us/img125/3218/terrybanis5.jpg[/img]