par Romain' sur 04 Avr 2004 13:46
Pour ma part, je n’ai pas vu de gros problème de forme. Il y en a, c’est certain, mais aucun film n’est parfais. Et pour reprendre ce que dit Aneth, je suis suffisamment stimulé par le fond pour que les petites erreurs de forme n’ait pas d’effet anesthésiant.
Je trouve que toutes les exagérations qu’on reproche au film (les 100 Smith, la course sur l’autoroute, Neo superman, etc.) sont justifiées par la nature même de la Matrice ; et si ce film ressemble à un jeu vidéo, c’est que les auteurs l’ont voulu ainsi pour une raison qui me semble être totalement justifiée. La matrice, c’est un monde virtuel…comme un rêve dans lequel Neo devient lucide, et prend le contrôle de ce rêve. Un rêve dans lequel on peut voler, dans lequel on est invincible (presque), et où les ennemis (et parfois les situations) sont abracadabrants.
Ce que j’aime avant tout dans un film, une série, une BD, peu importe, c’est quand l’histoire amène le spectateur/lecteur à la réflexion, peu importe que la forme soit parfois un peu bancale. Ce que Matrix 2 fait parfaitement.
Par exemple dans X-files, ce qui me plaisait par-dessus tout, c’était ce fameux « la vérité est ailleurs ». Cet esprit qui faisait qu’a chaque fin d’épisode on se trouvait complètement embrouillé, sans savoir si ce qu’on avait compris était vrai ou faux. Si Mulder était un pauvre fou ou un visionnaire. Si ce qu’il voyait était une pure hallucination ou la réalité. (et quand le doute est parti, quand on a su clairement que Mulder était dans le vrai, la série m’a semblée horriblement fade). Et c’est parce qu’il y avait cet esprit tordu qui me faisait réfléchir après visionnage que je regardais, car franchement, la forme me plaisait sans plus. (je peux étendre la réflexion à une autre série, « l’homme de nulle part », qui posait le thème de l’identité, et me faisait cogiter dans mon coin. Ca reste une des séries qui m’a le plus marqué)
Matrix 2 me pose les questions suivantes : Qu’est-ce que la réalité ? Sommes-nous vraiment maîtres de notre destin ? Qu’est-ce que la vie ? Peut-elle être artificielle, composé de silicium et de métal usiné ?
Le film s’en sort bien parce qu’il ne prétend pas répondre à ces questions, mais bien au contraire, se contente de les poser sous une forme originale, et d'apporter des élements de réflexion. Rien de plus. Au spectateur de répondre.
Ensuite, chacun est libre de dire si oui ou non ces thèmes sont adroitement utilisés. (où si mon interprétation de Matrix 2 ne correspond pas à la sienne). Je trouve que oui.
A vrai dire, les critiques sur Matrix 2 me font penser aux critiques que j’entends parfois sur Gunnm : C’est trop violent, il n’y a que des combats sanglants qui durent trops longtemps, c’est incompréhensible, etc.
S’il est vrai que beaucoup de personnes n’aiment Gunnm que pour son aspect violent, c’est avant tout, là encore, pour les questions posées par ce manga que moi je l’aime (ce n’est pas par hasard si mon personnage préféré est Desty Nova). Des questions qui justifient l'emploi de la violence en tant qu'élément de réflexion.
Je ne vais pas en faire la liste, mais le fait est que certaines d’entres elles rejoignent celles de Matrix bizarrement…
Pour finir, effectivement, les frères W n’ont rien inventé. L’univers Matrix est largement inspiré par la littérature SF (le cyber punk de Gibson entre autres), par la culture manga japonaise (courant SF toujours), et même par Alice au pays des merveilles. Mais peu importe. Un peintre, quand il se met à l’ouvrage, n’invente pas la peinture, ni la toile, ni les pinceaux qu’il utilise. S’il se met à faire un portait, là aussi, il n’invente rien de neuf, l’art du portrait existait déjà avant. Et pourtant, c’est l’agencement particulier de tous ces éléments, que lui seul aura été capable de faire, qui donnera une œuvre nouvelle.
Matrix c’est ça. Un agencement inédit d’éléments anciens.
Ce n’est pas révolutionnaire, mais pourtant on n’avait rien vu de pareil avant.