"La Vérité sur Charlie" de Jonathan Demme

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Modérateur: Amrith Zêta

"La Vérité sur Charlie" de Jonathan Demme

Messagepar N°6 sur 21 Mar 2004 3:05

[b]The Truth About Charlie
(La Vérité Sur Charlie)[/b]

Réalisé par Jonathan Demme
Avec Mark Walberg, Thandie Newton, Tim Robbins,...

[b]Synopsis[/b] :
[i]Après trois mois de mariage, Regina Lambert quitte Charlie, séducteur désinvolte au passé trouble, épousé sur un coup de tête, et dont elle ne sait pas grand chose. Mais, à son retour de Martinique, la belle jeune femme découvre que ce dernier a été assassiné et que son appartement a été dévasté. Quant au compte en banque du couple, il est à sec. Regina, qui n'a rien de la veuve éplorée, est très choquée, d'autant que trois anciens complices de Charlie viennent lui réclamer une malette pleine de diamants...[/i]

Un film incroyablement génial ! Quelle surprise cela fut pour moi dès les premières minutes de ce film inoubliable, surréaliste et irrésistible ! Me fiant naïvement à la critique, plutôt indifférente, voire hostile à ce nouvel opus du pourtant apprécié Jonathan Demme (Le Silence des Agneaux, Philadelphia), je me rendis innocemment dans la salle 11 du multiplexe local accompagné d’un ami lui-même plutôt indifférent au film en question. J’étais même assez en colère, obligé que j’étais par la force des choses à voir ce film américain tourné à Paris en version française, quand la version originale aurait certainement pu être autrement plus jubilatoire. Mais je tentai tant bien que mal de tenir le coup. Et le film commençant, mes regrets appartenaient déjà au passé, tant le talent et l’originalité immanent des images qui défilaient à mes yeux me plongèrent dans un état d’hébétude avancé. Mes amis quel film…

Il faut tout de suite signaler que ce film, entièrement situé dans la belle Paris, est avant tout un hommage appuyé à la Nouvelle Vague française, qui sévit dans notre bon pays dans les années 60. Jonathan Demme est à l’évidence un grand fan de ce mouvement artistique, comme bon nombre de ses compatriotes et collègues d’ailleurs. « La Vérité Sur Charlie » se pose ainsi avant tout comme un hommage appuyé à celle-ci, comme une immense blague qui n’a pour d’autre but que crier son bonheur de tourner à Paris dans la ville de cinéastes tels que Truffaut, dans la ville qui vit avec bienveillance les farces de Godart et compagnie, qui abrita les amours de Belmondo et Jean Seberg. On a ainsi de cesse de savourer de multiples clins d’œil multiformes, musicaux, techniques ou prenant la forme de guest-stars de renom dans ce film qui, pour dire la vérité, se préoccupe bien peu sérieusement de son histoire et bien plus de son style et des dits hommages. Anna Karénine chantant dans un night-club, Agnès Varda en veuve meurtrière, et même Charles Aznavour dans son propre rôle, surgi de nulle part dans une scène surréaliste sous les yeux ravis des deux protagonistes enlacés, savourant la beauté romantique des paroles du maître, Aznavour déclamant avec conviction et poésie « Quand tu m’aimes »…: Demme se fait et nous fait plaisir à travers ses innombrables références absolument délectables, qui traduisent tout le plaisir de Demme de tourner ce film et le nôtre de le contempler. Vive le cinéma !

-> [b][url=http://www.cinefil.com/imagescinefil/photograndformat/a34845-16.jpeg]lien photo...[/url][/b]

C’est la réalisation elle-même qui le plus évoque le style des cinéastes français, multipliant les scènes où les acteurs s’adressent directement à la caméra ou fixent celle-ci, s’amusant à trouver des angles de prise de vue déstabilisants, au montage nerveux et déroutant, poussant l’audace jusqu’à introduire des images d’archive d’Aznavour à la grande époque pianotant. Quel régal que cette scène de dialogue entre Thandie Newton et Tim Robbins à bord de la fameuse grande roue par exemple…Ou cette course effrénée de deux des personnages (en musique, évidemment) à travers les rues et le métro…Cette scène comme tant d’autre aux plans surprenants sert avant tout à en rajouter dans le côté humoristique et décalé d’un film avant tout à prendre au second degré, qui se soucie très peu de réalisme ou de scénario, s’ingéniant avant tout à brouiller les pistes d’un scénario tout aussi labyrinthique que son auguste modèle original, le grand « Charade », de Stanley Donen, avec Cary Grant et Audrey Hepburn, tourné lui en 1964 dans notre capitale. Visuellement et stylistiquement, les deux films ont peu en commun, mais le scénario des deux film, très retravaillé dans le remake, a ceci en commun qu’il a pour but de balader un spectateur vite décontenancé dans les méandres d’un thriller sans queue ni tête, d’un jeu du chat et de la souris où l’intérêt n’est très vite plus de dénouer les fils d’un suspense tarabiscoté mais de prendre plaisir aux facéties d’acteurs tous plus savoureux, d’admirer des plans qui ne manquent jamais de surprendre et de se laisser bercer par la musique, une musique tour à tour romantique, explosive, rétro, contemporaine, mais toujours, toujours envoûtante…

La musique est peut-être l’aspect le plus directement, le plus irrésistiblement sympathique de ce film fou. Pas 30 secondes ne s’écoulent sans qu’une musique différente ne puisse être entendue. Pratiquement pas de musique instrumentale ici, avant tout des chansons très, très hétéroclites, qui ont pourtant le point commun de toujours emporter le spectateur dans une ambiance qui ne cesse de changer de ton à chaque nouvelle scène. Manu Chao (« Mentira »), Aznavour, Khaled (« Ragda »), Anna Karina (« Sous le Soleil exactement »), Rachel Portman, Lhasa (« De Cara A la Pared », magnifique), Transglobal Underground, Asian Dub Foundation, une apparition éclair du groupe français de hip hop Saïan Supa Crew …hétéroclite on vous dit ! Parfois même, l’image n’a que peu d’importance, tant la chanson entendue envahit l’espace, capture l’attention d’un spectateur qui voudrait qu’elle ne s’arrête jamais, jusqu’à ce qu’une nouvelle scène ne commence, apportant avec elle très vite une nouvelle chanson qu’on décide encore plus réussie que la précédente…Et cela ne s’arrête jamais ! Là aussi, comme pour la réalisation, la musique participe très activement à définir l’humeur, l’esprit de la scène qu’elle accompagne, n’oubliant pourtant jamais le haut degré de légèreté qui traverse tout le film. A chaque nouvelle scène, sa musique, son état d’esprit propre…francophone, anglophone, hispanophone, arabophone, rock, trans, world, hip hop…Une musique à l’image du film qu’elle illustre : elle ne tient pas en place !

Et puis il y a Paris bien sûr, autre grand centre d’intérêt du réalisateur, qui s’évertue à en filmer tous les aspects, des plans les plus cartes postales (Tour Eiffel, la Concorde, les Champs-Elysées, Montmartre) aux recoins les plus vrais de la ville : Demme ne cherche pas vraiment à renvoyer l’image habituelle de Paris, l’image exotique à laquelle s’attendraient les Américains, mais cherche bien à la rendre vraie, vivante. Cela ne signifie pas que le film ne contienne pas de clichés : ainsi le béret du héros, quelques vielles voitures…Mais ici ces stéréotypes sont volontaires : ils sont un hommage, un clin d’œil de plus à la ville du cinéma par excellence, à la ville de la joie de vivre, qui épouse parfaitement l’état d’esprit rafraîchissant du film…Et puis avouons-le, Mark Walberg avec un béret, c’est la grande classe (avec un feutre aussi d’ailleurs) !
Les acteurs justement, parlons-en un peu. Tous sont irrésistibles. A commencer par Mark Walberg, acteur décidément intéressant qui remplit très bien son rôle de chevalier servant aventureux et mystérieux. Mais rien comparé à la craquante Thandie Newton, pauvre petite victime éplorée qui, fondante de naturel, va faire craquer notre beau héros et tout spectateur qui a un semblant de bon goût. L'histoire d'amour d'ailleurs qui se développe entre les deux protagonistes fonctionne très bien, grâce à une alchimie efficace entre les deux acteurs, dont le grand avantage est peut-être d'apparaître comme très naturel, comme le film lui-même finalement : tout apparaît comme très spontané, direct, franc, immédiat, naturel c'est le mot. Mais la part du lion revient au grand Tim Robbins, aux scènes rares mais jouissives. Non que ses scènes ou celles des autres soient ouvertement comiques : mais la légèreté, le grain de folie, d’insouciance du film imprègnent bel et bien chaque pore, chaque scène, poussant les acteurs à agir comme des espèces de fous insouciants qui tenteraient tant bien que mal de se contenir et de faire bonne figure. Mais rien dans ce film ne peut être contenu, tant l’exubérance impose sa marque. N’oublions pas aussi la commissaire de police, les trois loustiques à la recherche de leur magot, en oubliant tant d'autres personnages haut en couleurs...

En fait, le scénario n’a aucune importance, aucune espèce de cohérence n’est à recherchée, le film ne doit surtout pas être abordé classiquement, sous peine de rester étranger à son charme issu d’un autre monde (comme les critiques...grrrrr...). Il s’agit avant tout d’un assemblage de scènes farfelues, portées aux cieux par des acteurs foldingues, par des chansons sorties de nulle part, par une réalisation élégante, inventive et joueuse, dont le but ultime est de gagner le spectateur à la bonne humeur chronique qui hante le film. Ne cherchez pas à classer ce film, à l’identifier à un genre particulier, à chercher une logique quelconque, vous échouerez et vous vous gâcherez le plaisir suprême d’un film sans foi ni loi. Laissez-vous porter, laissez-vous submerger par cette avalanche ininterrompue, par ce délire suprême qui chante le cinéma, qui chante Paris. Qu’est-ce que j’aime ce genre de film…


PS : achetez-vous la BO, elle vaut le coup, vous l'aurez compris ! Splendide, de bout en bout...

site officiel : [url]http://www.thetruthaboutcharlie.com/[/url]

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Lisez la SV3 MillenniuM, qui a changé ma vie le 12 novembre 2002 et qui dépasse de loin tout ce que le huitième art a produit jusqu'alors en soixante ans. Vive Audrey Pauley !

Edité par - No 6 le 20/01/2003 06:41:34
Si quelqu'un m'a compris c'est que je n'ai pas été clair.
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Messagepar Charisman sur 21 Mar 2004 3:06

Critique très convaincante de N°6, je n'ai pas encore vu "La Vérité sur Charlie" et à vrai dire je pense qu'il serait dommage d'y aller sans avoir vu "Charade". Par contre les critiques accablent en général les acteurs, alors que tu les qualifies d'irrésistibles. Critère tellement subjectif ?
Charisman
 

Messagepar N°6 sur 21 Mar 2004 3:06

Oui, critère subjectif il faut croire ! Les acteurs de ce film sont en effet excellents, jouant parfaitement leur rôle dans le cadre d'un film tel que "La Vérité sur Charlie".

Ce film esr excellentissime, il vient d'ailleurs de sortir à la location et à la vente, je vous le recommende, j'ai personnellement adoré !!!
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Messagepar Charlie Aznavour sur 17 Jui 2004 12:37

LE DETAIL QUI TUE :
Lorsque la mère de Charlie identifie son fils dans une courte séquence à la morgue, elle est en compagnie du flic et d'une troisième personne qu'on aperçoit qu'un dixième de seconde : il s'agit du gars qui joue le Président dans Groland !
Charlie Aznavour
 

Messagepar Charisman sur 06 Aou 2004 8:07

Un film assez déjanté et jubilatoire qui réussit à garder sa cohérence et ne pas tomber dans le "100 % décalé". Une expérience intéressante bourrée de clins d'oeil et références, bercée par Aznavour. Plein de choses savoureuses à prendre dans ce film qui peut être considéré comme un divertissement de luxe, remake très retouché de "Charade" qu'il ne m'a été donné l'occasion de voir malheureusement. :roll:
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Messagepar N°6 sur 15 Sep 2004 10:09

L'original est passé récemment sur Arte, et c'était un pur bonheur, comme à chaque fois. Très différent du remake, sinon que lui aussi s'amuse avec le genre policier/espionnage. Un film léger et entraînant, séduisant et plein d'entrain, classieux et mondain, voilà qui s'applique finalement aux deux films. Et c'est ce qui compte !
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