[b][size=150]Ma review de
[color=darkred]I WANT TO BELIEVE[/size][/b][/color]
IWTB se déroule six ans après une fin de série qui, de façon générale, ne faisait plus du tout la part belle au paranormal et à la Conspiration, mais se servait de ces éléments comme support pour raconter des histoires relatives à ses personnages, et, essentiellement, à Mulder et Scully. La focalisation à l’extrême sur Mulder et Scully –et également la mise en place de leur couple sous prétexte de la cohérence de leur évolution, mais c’est un autre débat- a, je pense, grandement contribué à ôter l’intérêt des deux dernières saisons de la série, où chaque introduction de personnage, et chaque aspect paranormal potentiellement intéressant s’est transformé en pétard mouillé du fait de ce choix exclusif fait par Carter et Spotnitz. En effet, il apparait, pour ma part, que X-Files avait encore des choses intéressantes à raconter, même au bout de neuf ans ; alors que visiblement, elle n’avait plus beaucoup de choses à raconter sur Mulder et Scully. Des histoires abracadabrantesques entourant leur couple et leur enfant sont apparues pour combler ce creux, et lancer un nouveau fil rouge.
J’ai essayé de résumer ce que m’a inspiré IWTB. A vrai dire j’ai, depuis les dernières saisons, perdu toute adhésion avec les évolutions de l’univers X-Files que je trouve vraiment mauvaises, et en inadéquation avec les fondements de la série. En ça IWTB m’a conforté dans cette idée, si bien que si un troisième film devait exister je ne m’y intéresserais sans doute pas.
IWTB a au moins le mérite de ne pas être un énième pavé rétroactif remettant en cause des éléments de la série, mais une photographie instantanée de la situation six ans plus tard.
Dans cette critique, j’ai voulu réfléchir un peu, dans un premier temps, aux différentes évolutions caractérisant les personnages, souvent pertinentes d’ailleurs, et aux évolutions dans la façon de raconter les histoires impliquant Mulder et Scully, déjà moins pertinentes à mon sens. Sinon je ne m’attarderai pas énormément sur le scénario qui ne donne pas beaucoup de grain à moudre. Impressions diverses retenues après un visionnage du film, dans lequel certaines choses m’ont sûrement échappé, mais qui m’a permis d’asseoir certaines certitudes :
[b]Evolutions[/b]
IWTB confirme de façon nette les dernières saisons, à savoir que Mulder et Scully ayant –et c’est logique- évolué, X-Files a évolué dans le même sens aux yeux de Carter et Spotnitz, pour toujours conserver les deux personnages comme centre névralgique de X-Files. X-Files ce n’est donc plus Les X-Files à proprement parler, mais uniquement Mulder et Scully. Il va de soi que le rôle des personnages étant nettement moins intéressant désormais, les histoires le sont également. On aboutit ainsi à une saison 9 avec un Mulder en fuite sans rôle immédiat à jouer, et une Scully n’ayant rien à dire, qui demeurent tout de même les personnages principaux ; + un film post-série avec un couple classique et ses querelles internes à des années lumières des X-Files, qui demeurent les personnages principaux également. Compte tenu de ce choix, il apparait désormais compliqué de montrer l’évolution de Mulder et Scully et de prendre le temps de raconter en même temps une histoire intéressante avec d’autres personnages. Aucun compromis n’est souhaité par Carter et Spotnitz. Cet état de fait était évident à la fin de la série, et il apparait que les auteurs ont conservé la même optique, au point de ne pas même développer correctement l’histoire paranormale vendue comme le cœur de ce film.
L’invraisemblable procès de [i]The Truth[/i] n’était pas facile à digérer au niveau scénaristique. Supportés par des acteurs qui rentrent bien dans leur rôle, Mulder et Scully, six ans après, sont désormais un couple bien établi. Les éléments personnels et l’évolution des deux personnages durant ces quelques années apparaissent assez cohérents, du moins pour Scully. L’approche proposée dans ce film est en effet plutôt simple : Mulder, en exil dans le foyer conjugal, n’a plus d’activité professionnelle du fait de son statut de recherché qui court toujours. Scully officie en médecin dans une clinique religieuse ; et tous deux vont être impliqués à nouveau dans une enquête du FBI.
Le traitement narratif de leur couple à l’occasion de cet évènement est particulièrement bien travaillé, et les réactions des deux personnages aux évolutions de l’enquête assez pertinentes, malgré quelques passages très hasardeux, notamment l’évocation de Samantha. Si le revirement de position de Scully quant à l’utilité de Mulder à l’enquête apparait un peu trop rapidement à mon goût, cela marque cependant son dégoût profond, ouvertement exprimé, envers Father Joe -le pédophile-, qui est un élément moteur par rapport à l’implication de Scully dans le même temps à sauver la vie d’un enfant. L’avènement rapide du thème religieux par les paroles de Father Joe contribuent, de la même façon, à accélérer l’énervement de Scully, et pointer du doigt le paradoxe entre la défense de l’Eglise dans ses paroles à Father Joe, et l’opposition à l’Eglise dans son travail de médecin au quotidien.
Cependant, la sincérité perçue dans cette MSR vole très rapidement en éclat, tous les éléments gravitant autour de Mulder et Scully, et notamment Father Joe, alimentant peu à peu un débat lourdingue sur la persistance et le renoncement de Scully. Ces considérations, qui sentent le réchauffé à plein nez –au même titre que le titre usurpé du film-, vont ainsi nous tenir la jambe une bonne partie de IWTB.
Vient la fin de séance, et les différentes conclusions entre Mulder et Scully ;
une première conclusion assez X-Filienne et dualiste d’abord, à propos de la non-reconnaissance du rôle de Father Joe dans le dénouement ; tandis qu’une envie de dénonciation de non-dits traverse l’esprit de Mulder, comme à l’époque des X-Files, c’est logiquement que Scully ne s’émeut pas spécialement de l’injustice liée à Father Joe ;
une deuxième conclusion au point d’interrogation posé dans ce film sur la viabilité des deux personnages l’un sans l’autre ; IWTB se consacre à démontrer l’interconnexion préservée de Mulder et Scully, au-delà des simples mots de Mulder répondus à l’agent Whitney et sa vision réductrice du service des X-Files ; même si leur passivité notoire par rapport à l’enquête est assez désespérante et leur confère des figures de papi / mamie des X-Files, Mulder et Scully parviennent tout de même à se compléter sur des éléments mineurs, et surtout à suffisamment s’apaiser mutuellement pour maintenir leur couple malgré les heurts présentés dans ce film ;
enfin, une dernière conclusion à la longue intrigue gnangnan sur le renoncement et l’enfant malade.
[b]Vue d’ensemble du scénario[/b]
Le scénario proposé par IWTB consiste en une série d’enlèvements, et une enquête qui, souffrant d’un manque de pistes, fait appel à Father Joe pour ses dons de voyance, puis à Mulder pour son expérience des voyants. Une trame intéressante, qui dresse au passage un petit clin d’œil à certains personnages marquants des X-Files évoqués par Whitney, qui s’est replongée dans les dossiers (clin d’œil déjà plus remarquable que le perpétuel recyclage des crayons dans le plafond). Tiraillée entre les faits qui ne plaident pas en la faveur de Father Joe, et sa volonté d'y croire, le film nous amène vers un « duel » entre elle et Mulder. Whitney se veut ouverte à la croyance, au contraire de Drummy, peu crédule, qui n’attend que l’échec de Mulder. Compte tenu du non-rôle de Drummy dans l’évolution de l’intrigue -celui-ci se cantonnant à ses fonctions hiérarchiques-, sa petite opposition à Mulder se place bien plus en retrait.
La scène haletante de course-poursuite Mulder-Whitney-Russe laisse place à un délire de Carter doublement consternant –visuellement et scénaristiquement-, si l’on considère que le personnage secondaire potentiellement le plus intéressant de l’intrigue disparait définitivement, pour laisser encore plus de place à la MSR. Un procédé qui s’inscrit dans la triste continuité d’une saison 9, ayant sacrifié Reyes au profit du rôle inintéressant de Scully, et ayant également mis, ponctuellement, Doggett sur la touche (souvenons-nous de son envoi à l’hôpital quand il fallait parler un peu plus de Mulder et Scully).
Father Joe, personnage qui a une faculté assez déconcertante à alterner des phases à la cool à moitié à poil dans son appart', avec de grandes pulsions qui l’amènent à trouver toutes sortes d’indices dans la neige par un "lien" mystérieux, est attendu au tournant. Quand il apparait qu’il connaissait un des agresseurs, il est immédiatement écarté de l’enquête et soupçonné d’avoir bidonné ses visions. Mais quand il apparait qu’il a violé cet agresseur lorsque ce dernier était enfant de chœur, c’est la révélation dans un grand élan de crédibilité : « Oh Mon Dieu c’est donc lui le lien ». Le lien étant trouvé, il faut croire que Carter et Spotnitz ont eu le sentiment du devoir accompli, et se sont quelque peu relâchés (c’est peu de le dire) sur l’intrigue principale de manipulation d’organes et de fusion de membres (au point, tout de même, de ne rien raconter sur ce laboratoire de l’horreur qui prospère au fond d’une route enneigée -où La Poste passe pourtant régulièrement-).
Mulder, lui, opère une filature d’une discrétion à toute épreuve, au milieu de nulle part, quelques mètres seulement derrière la voiture de son agresseur. Prenant le soin de chercher le numéro de téléphone de Scully dans son mobile, paf… une agression inattendue survient. Heureusement l’agresseur, qui pourtant n’a pas de scrupules à couper des têtes, oublie au passage de s’assurer de la mort de Mulder. Tout ceci se termine par un règlement de comptes à la hache, avec une intervention in-extremis de Scully, qui n’aurait pu être là sans Skinner, le nouvel homme fort de l’ombre, là quand il faut.
La vision des numéros gagnants de la boite aux lettres –qui n’est pas sans rappeler « La Vérité est au centre du cercle » de l’épisode [i]Revelations[/i]- , aura permis à Scully de trouver la voie. Au même titre qu’une recherche Google apportera une ébauche d’explication sur les expérimentations russes, et permettra de potentiellement guérir une maladie incurable. Autant de facilités certainement déjà vues dans la série, mais qui là passent beaucoup moins bien quand la nature même de ces expériences et l’histoire ne sont jamais ré-évoquées par la suite, et n’intéressent pas particulièrement Mulder et Scully. On aurait par exemple pu apprécier que l’homosexualité des agresseurs, et l'histoire de manipulation d'organes elle-même servent de support à quelques échanges entre eux. Seul Father Joe, son rôle et sa légitimité, seront évoqués.
En somme un scénario potentiellement intéressant rendu faiblard par de gigantesques lacunes dans le traitement, et un désintérêt patent des auteurs à construire une histoire bien ficelée. Noyée dans un flot de MSR, supportée par un Connolly / Father Joe pas crédible pour un sou, et des personnages secondaires inexistants, l’histoire appelle au final peu le spectateur à chercher des explications ou des réponses supplémentaires.
Si le film débute par une scène bien mal pensée, qui sous-entend -sans doute sans le vouloir- que Mulder et Scully ne vivent pas ensemble, pour le reste je ne remets pas spécialement en question la pertinence des dialogues dans leur contexte, mais plutôt la consistance des dialogues eux-mêmes, qui respirent un manque profond d’inspiration.
[b]Echanges[/b]
D’entrée de jeu, on attaque sur un style inédit dans X-Files, avec un Mulder au discours-gag graveleux autour du caractère pédophile de Father Joe, et une révolte grossière soudaine de Scully contre le même Father Joe. Une entrée en matière assez déplacée, qui semble vouloir ainsi écarter les personnages de leurs discours carrés et réfléchis du passé, pour arpenter un style beaucoup plus direct et "nature". Cela se confirme rapidement par les private-jokes au lit de Mulder et Scully. C’est d’ailleurs dans le lit de Mulder et Scully qu’il va désormais falloir sa trouver pour être au courant des tourments psychologiques de nos deux ex-agents, notamment au sujet l’absence de leur fils et de la position difficile à tenir de Scully avec l’enfant à soigner. Une pilule tout de même difficile à avaler…
Des dialogues entre Mulder et Scully qui évoluent vers quelques litiges les opposant : Mulder va t’il s’acharner à vouloir aider le FBI au risque de ne pas rentrer au foyer conjugal le soir ? Scully doit-elle persister à maintenir le garçon en vie malgré les regards méchants des autres ? C’est Father Joe qui va être la clef de tout cela, en parlant à Scully du renoncement. Voilà finalement l’échange verbal principal et la seule thématique claire proposés par IWTB.
Une tentative de réintroduction de Samantha s’opère également en milieu de film, avec une interpellation de Scully à Mulder, et une vision de Father Joe. Cependant, cette voie n’est pas suivie par la suite. Mulder ne se montre en effet pas très inspiré par le sujet, lui-même ne semblant pas s’attendre à cet artifice de narration. A moins, bien sûr, qu’il ne s’agisse simplement de scènes coupées montées par erreur dans le film…
Du côté des personnages secondaires, les échanges entre Mulder et Whitney sont assez réussis, mais l’évolution de cette petite opposition est bien malheureusement avortée par le « drame » que l'on sait. Côté Drummy, le personnage restant cantonné à une expression minimaliste, nous ne saurons jamais trop ce qui se cache derrière cet agent du FBI bougon.
Enfin, il faut noter que la scène principale avec le méchant russe du film est un contrôle de papiers par des agents du FBI lambdas dans le couloir d’un hôpital, ce qui est symptomatique du degré d’importance accordé à l’histoire paranormale dans ce film.
Bref, un film dont l’intérêt des dialogues rase bien souvent les pâquerettes, et je crains que ce ne soit pas le Walter Skinner pathétique de IWTB qui me contredise.
[b]Considérations diverses[/b]
En terme de décors, IWTB rend plutôt bien. Après des premières minutes alléchantes et prenantes, par la simple mise en image parallèle de la recherche dans la neige et de l’agression de la jeune femme, les scènes au FBI balayent ensuite les visages, personnage par personnage, avec des mises aux points particulièrement moches.
De façon plus générale, la réalisation du film est ensuite plutôt sobre. La vision du laboratoire est, dans un premier temps, partielle, vue par les yeux de la fille enlevée ; avant de devenir totale, lorsque Mulder arrive sur les lieux.
Je m’étonne, en revanche, du décalage complet de la mort de Whitney avec l’ambiance du film ; Carter nous offre le palme de l’horreur, avec la réalisation d’une scène à l’esthétique d’un rare mauvais goût, qui surpasse allègrement celles de désintégration de super soldats sauce saison 9.
Contrairement à [i]Fight The Future[/i], dont l’envol final du vaisseau affichait un contraste assez sympathique entre décor intérieur et extérieur enneigé, le dénouement de IWTB, avec l’intervention dans le laboratoire de l’horreur, ne restera pas spécialement dans ma mémoire, malgré le maintien d’une luminosité sombre très appréciable. Carter n’aura pas non plus pris le risque de nous montrer comment Mulder, avec sa petite clef opportune, parvient à se débarrasser du chien fou à deux têtes…
[b]Conclusion[/b]
J’ai fait le tour de mon ressenti sur les différents éléments de IWTB. Un film englué dans les histoires de couple et de "ténèbres" qui n’arrive pas à se dépêtrer des tournants exclusivement shippers pris par les dernières saisons, et qui poursuit donc son évolution logique vers une soupe indigeste. C’est triste à dire mais il n’y a vraiment plus rien qui me botte dans l’actuel X-Files de Carter ; pas assez de substance pour faire un film de personnages réussi, et pas assez de volonté pour reproduire un épisode loner du calibre de ceux des bonnes saisons de la série… Cumulé à une romance prépondérante qui a déjà plombé la série, un esprit "revival" qui ne prend pas, et des artifices présomptueux tels que la "scène" post-générique de IWTB, c'est désormais un supplice pour moi de regarder ce que X-Files est devenu. Cela ne m'empêche pas d'en parler, mais putain ça fait chier !
Sur ce...
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