LA DVDTHEQUE IDEALE

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Modérateur: Amrith Zêta

LA DVDTHEQUE IDEALE

Messagepar torrance' sur 04 Mar 2004 23:39

Après la discothèque idéale qui continue à fleurir, je souhaitais ouvrir un topic sur le cinéma, quelque chose de plus large que de simples topics sur un film...

Voilà donc la DVDthèque idéale, un topic dans lequel chacun pourra venir parler des films indispensables, ceux à avoir en DVD, à voir et revoir, ceux ayant eu une influence majeure dans votre vie, ceux vous remettant en mémoire des souvenirs et émotions fortes.

Un topic large, donc, où vous pourrez enfin faire des reviews complètes de vos films marquants (et ce, qu'ils aient été ou non édités en DVD bien sûr !).

Alors je vais commencer avec un film qui vient juste de sortir en DVD, un film somme comme on n'en fait plus aujourd'hui, un de ces films qui aura marqué le cinéma, et accessoirement, ma petite vie...


[b]IL ETAIT UNE FOIS EN AMERIQUE[/b]

1984
De Sergio LEONE
Avec Robert DE NIRO, James WOODS.......
Musique de Ennio MORRICONE

[img]http://images-eu.amazon.com/images/P/B000092T6K.01.LZZZZZZZ.jpg[/img]

J'attendais avec plus qu'impatience la sortie en DVD de "Il était une fois en Amérique" car ma VHS commençait à dépérir à force de la passer en boucle...
Voilà un des quelques films qui auront marqué mon enfance, et ce, grâce à mon cher père, que je ne remercierai jamais assez pour m'avoir fait découvrir quelques uns de ces films monumentaux qu'il aime tant...
En dépit de la violence picturale, morale, psychologique de ce film, mais aussi de la complexité de ses thèmes et de sa narration, je me souviens avoir vu ce film vers mes 10 ans, mon père à côté, m'expliquant que la vie pouvait parfois être aussi cruelle, aussi dure et sale que le montrait Leone.

Ce genre d'expérience forge un petit garçon et apprend aussi la curiosité. Alors que mes camarades de classes kiffaient "Un flic à la maternelle", je rêvassais en classe en pensant à ce film dantesque qui m'aura définitivement "traumatisé"...
La beauté du cadre et son importance, le langage cinématographique et musical, "Il était une fois en Amérique" aura fait partie de ces films qui auront forgé mon envie d'écrire et surtout, mon envie de découverte.

Je l'ai revu hier soir, après 4 ou 5 ans d'abscence dans ma vie..
Et je ne peux que conseiller vivement à ceux qui ne l'ont jamais vu de se l'acheter dans la minute après avoir lu ce post.

"... en Amérique" est le dernier film de Leone, et aussi, sans doute, l'un des derniers chef d'oeuvre à l'ancienne du cinéma.
Cinéma d'un autre temps, où l'on prenait son temps pour raconter une histoire, où les cadrages en disaient autant (parfois plus) que les dialogues, où chaque élément visuel (décors et costumes grandioses et minutieux, photographie, montage...) prenait sa place dans l'édifice, "... en Amérique" nous fait une démonstration de classe, d'intelligence, de beauté, de mélancolie, de dureté... Une leçon de cinéma tout autant qu'une leçon de vie.

Ce film est touchant par la multitude des thèmes abordés, se rejoignant en une grande idée : la vie d'un petit gangster, Noodles (De Niro) et de ses accolytes, des années 20 à la fin des années 60. Noodles, tout au long de sa vie, devra faire des choix et ira sur la voie de l'amitié indestructible plutôt que sur celle du pouvoir omniscient et de l'argent. Noodles est un looser, comme il le dit lui même, et c'est son histoire qui est racontée ici.
Faites de trahisons, de coups bas, de violence, d'amours ratées, de sacrifices idiots et de fuites, l'histoire de Noodles dénote de celle du héros traditionnel. Car Noodles, n'est pas un héros et il y a fort à parier qu'il aura inspiré à Scorsese ses personnages des "Affranchis" et de "Casino".

Raconter "Il était une fois en Amérique" est impossible, tout simplement car ce film de 3h40 est une saga complexe, que chacun appréhendera à sa manière, particulièrement la fin, tout en nuances et douceur, dans laquelle le spectateur pourra trouver SA fin...
Et puis, il y a cette complexité de montage, par laquelle Leone se permet toutes les libertés. Mélangeant présent et passé, passant de l'un à l'autre de façon abrupte pour mieux nous intriguer, Leone construit une narration parfaite, envoûtante, mystérieuse, dans laquelle les personnages prennent forme pas à pas, 3h40 durant. Rien n'est jamais définitif, car rien n'est jamais totalement exposé... Brillant.

La classe de la réalisation en dit long aussi sur la maestria de ce bijou. Le premier quart d'heure, et notamment cette scène où une sonnerie de téléphone intemporelle vient déchirer les images pendant de longues minutes, jusqu'à ce qu'on comprenne d'où elle vient, de quel temps... magnifique...

Ce film est pétri de scènes magiques et marquantes. En le revoyant, je me suis rendu compte à quel point mes 10 ans étaient encore bien en moi, comme si ce film, et certains de ses moments, ne m'avaient jamais quitté... Patsy dans les escaliers avec sa charlotte russe, Cockeye et sa flute de pan, les cinq gamins marchant joyeusement avec le pont de Brooklyn en fond, la petite Deborah (Jennifer Connelly) dansant avec malice dans l'arrière salle du restaurant...
Mais aussi des scènes d'une violence inouie, tant par la crudité visuelle que par la force psychologique qu'elles mettent en avant...

La musique d'Ennio Morricone, toujours aussi profonde et viscérale, réserves des moments sublimes, qui auront donné au film son identité visuelle, la quasi totalité de la partition ayant été composée avant le tournage et ayant été joué sur le plateau pour inspirer les comédiens... Une BO rare et intense, d'une gravité et d'une nostalgie qui me tire encore des larmes aujourd'hui...

Si vous ne l'avez pas compris, "Il était une fois en Amérique" est LE DVD à acheter en ce moment... (avec "Il était une fois dans l'ouest", évidemment !).
Tout ici confine au génie, y compris des acteurs qui s'effacent avec talent derrière leurs personnages pour ne laisser voir que leurs blessures, leurs fragilités, leurs vides.

Un bijou de 3h40, interrompu d'un entracte. Malheureusement, l'éditeur n'a pas respecté l'entracte choisi par Leone et a préféré couper le film en deux parties quasi égales (1h55-1h40) alors que l'entracte intervient normalement à 2h25... Seul défaut majeur de ce DVD...
Car l'image est d'une beauté hallucinante et je n'avais jamais vu ce film dans d'aussi bonne condition..; Quant au son, remasterisé en 5.1, il est remarquablement bien spatialisé et d'une pureté rendant furieusement hommage à la musique de Morricone. Un must, donc.

A vous procurer d'urgence... !!

P.S : à l'époque, aux USA, sous la pression de distributeurs idiots, le film était sorti dans une version linéaire de deux heures qui est à fuir si vous l'avez en VHS... Ne regardez que la version de 3h40 qui est LA version voulue par Leone.

P.S 2 : très peu de bonus ici mais juste un petit documentaire de 20 mn sur Leone et son oeuvre. 20 mn intenses et très intéressantes. Mais le film n'a pas besoin de bonus, tant il est une aventure humaine et artistique remarquable.
Régalez-vous ! Si vous ne l'avez jamais vu, j'envie le choc que vous allez avoir, la découverte de ce film étant une expérience magnifique d'intensité.

"Mozart, Bach, Beethoven, je vous signale que je les ai tous coiffés au poteau. J'ai écrit 5500 chansons, moi !" James Brown

Edité par - torrance le 04/10/2003 18:10:46
torrance'
 

Messagepar Damien sur 04 Mar 2004 23:40

Excellent topic et excellent choix de film !

[quote]Et puis, il y a cette complexité de montage, par laquelle Leone se permet toutes les libertés. Mélangeant présent et passé, passant de l''un à l''autre de façon abrupte pour mieux nous intriguer, Leone construit une narration parfaite, envoûtante, mystérieuse, dans laquelle les personnages prennent forme pas à pas, 3h40 durant. Rien n''est jamais définitif, car rien n''est jamais totalement exposé... Brillant.[/quote]
En effet, splendide montage ! Il faut rappeler néanmoins que (tu le dis dans ton ps) lorsque le film est sortit pour la première fois au cinéma, le studio avait engagé le monteur de "Police Academy" si je me souviens bien pour monter le film. Evidemment, ce dernier l''avait monté de façon chronologique, le film perdant tout son charme !
Des critiques cassèrent le film à sa sortie et parlèrent de chef d''oeuvre en voyant la version définitive. Preuve que le montage de "Once upon a Time in America" est un outil de naration très important dans ce film.

[quote]les cinq gamins marchant joyeusement avec le pont de Brooklyn en fond[/quote]
J''adore ce plan ! Des décors vraiment somptueux !

[quote]Si vous ne l''avez pas compris, "Il était une fois en Amérique" est LE DVD à acheter en ce moment... (avec "Il était une fois dans l''ouest", évidemment !).[/quote]
En effet, je me joins à toi pour conseiller ce film à tous ! Je ne l''avais jamais vu avant sa sortie DVD, mais cela faisait longtemps que je voulais voir ce film. Je n''ai donc pas hésité une seule seconde en voyant le DVD et je dois dire que je n''ai pas été déçu, loins de là !

Il est à regretter que ce film soit si peu connu par rapport à d''autres films de cette envergure comme "The Godfather" et "The Godfather, Part II".

Bref, achetez ce film, je m''en porte garant !

Et lorsque vous verrez le tout dernier plan avec De Niro, réfléchissez bien... ;)

[url=http://www.theredux.com][size=75]TheReduX.com[/size][/url]
Damien
 

Messagepar underhilldaisy' sur 04 Mar 2004 23:41

Super méga choix de film, mais je préfère en fait il était une fois en amérique, c'est vraiment LE film de sergio leone que j'adore, surtout la scène du début avec la mouche, c'est vraiment une scène hallucinante, ca rend folles certaines personnes, mais moi, perso, c'est culte!

***bien des personnes en vie méritent la mort, et bien des morts méritent la vie.pouvez-vous la leur rendre?***GANDALF
**Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit, mais Savoir nous laisse dans un perpétuel état de calme**-Honoré de Balzac
underhilldaisy'
 

Messagepar Damien sur 04 Mar 2004 23:41

dans l'ouest plutôt ;)

TheReduX.com
Damien
 

Messagepar underhilldaisy' sur 04 Mar 2004 23:42

oui dans ilétait une fois dans l'ouest, désolée, ca va pas chez moi!
c'est bien celui là :D

***bien des personnes en vie méritent la mort, et bien des morts méritent la vie.pouvez-vous la leur rendre?***GANDALF
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underhilldaisy'
 

Messagepar crespo sur 04 Mar 2004 23:52

Au risque de me faire lyncher, je n''ai vu ni dans l''ouest ni en amerique.

Si un jour j''ai l''occasion je n''y manquerai pas.

[b]Moustik, l''effleureur effleuré...[/b]
[img]http://fans.polish-sausage.com/noromo/images/100x35c.jpg[/img][img]http://www.sixfeetunder-france.com/avatars/sfu_generique5.gif[/img]
crespo
 

Messagepar hOpe sur 04 Mar 2004 23:53

Alors on sera deux à se faire lyncher ...

On peut tuer un homme, mais on ne peut détruire ce qu'il représente.
hOpe
 

Messagepar torrance' sur 04 Mar 2004 23:53

On ne va pas vous lyncher mais vous perdez quelque chose de sublime les gars !

Damien, je suis d'accord avec toi sur le visage de De Niro à la fin, car ce dernier plan ouvre tellement d'interprétations différentes (et acceptables) que cela en devient abyssal !

"Mozart, Bach, Beethoven, je vous signale que je les ai tous coiffés au poteau. J'ai écrit 5500 chansons, moi !" James Brown
torrance'
 

Messagepar genny' sur 04 Mar 2004 23:55

Voilà ma liste de films à avoir en DVD (dans le désordres le plus complets !!). Je donnerai mes raisons dès que j''aurais un peu plus de temps.

[b][color=red]- THELMA ET LOUISE[/color][/b]
Film américain (1991). Comédie dramatique
Date de sortie : 29 Mai 1991
Avec Susan Sarandon, Geena Davis, Harvey Keitel,
Michael Madsen, Brad Pitt...
Réalisé par Ridley Scott

C'est un des premiers films qui m'a fait découvrir les paysages de l'ouest américain, pour moi il s'agit DU road movie par excellence.
Je trouve la musique (entre autre de Marianne Faithfull) et les 2 actrices impecables.

[b][color=red]- DEAD MAN[/color][/b]
Film allemand, américain (1995)
Western.
Avec Johnny Depp, Gary Farmer, Lance Henriksen,
John Hurt, Michael Wincott
Réalisé par Jim Jarmusch

Le scénario est tel que le film m'a fait penser à un conte lorsque je l'ai vu. De plus, la photo est superbe.

[b][color=red]- ORANGE MECANIQUE[/color][/b]
Film britannique (1971).
Science fiction.
Date de sortie : 15 Mai 1972
Avec Malcolm McDowell, Patrick Magee, Michael Bates,
Warren Clarke, John Clive...
Réalisé par Stanley Kubrick

Mon film favori de Kubrick: pour la force de son message, la musique, l'ambiance du film.

[b][color=red]- 2001 SPACE ODYSSEY[/color][/b]
Film britannique (1968)
Science fiction.
Date de sortie : 27 Septembre 1968
Date de reprise : 07 Mars 2001
Avec Keir Dullea, Gary Lockwood, William Sylvester, Daniel Richter, Douglas Rain...
Réalisé par Stanley Kubrick

Autre merveille à mes yeux. La réflexion et les questions que sucitent le film sont pour moi passionantes.
La musique est ici aussi mémorable.

- LA PIANISTE
- BOWLING FOR COLUMBINE
- FEMMES AUX BORDS DE LA CRISE DE NERF
- LA DERNIERE MARCHE
- LAND AND FREADOM
- TOGETHER
- HANA BI
- O BROTHER
- LE SILENCE DES AGNEAUX
- MULHOLLAND DRIVE

genny, qui complètera

Edité par - genny le 12/10/2003 13:02:18
genny'
 

Messagepar torrance' sur 04 Mar 2004 23:57

[b][color=red]REQUIEM FOR A DREAM[/color][/b] (2001)

[img]http://images-eu.amazon.com/images/P/B00005U2OJ.08.LZZZZZZZ.jpg[/img]

Sujet : L''exploration effrayante de l''addiction, sous toutes ses formes...
Ou les relations entre 4 personnages principaux, qui vont tous sombrer peu à peu dans l''enfer...

Difficile de résumer "Requiem for a dream", adaptation cinéma du roman de Hubert Selby, Jr, "Retour à Brooklyn" ("requiem for a dream" en VO......).
Tout d''abord, pour comprendre ce film, il faut un peu parler de Hubert Selby Jr, romancier américain encore vivant aujourd''hui.
HS Jr, est de ces romanciers dont chaque ouvrage est un choc esthétique, narratif. Avec seulement 5 romans à son actif, HS est aujourd''hui, à 75 ans, une icône incontournable de la littérature underground postmoderne.
Selby a tout connu dans sa vie : la misère, la tuberculose, la quasi mort à l''âge de 20 ans, l''ablation de six côtes et d''un poumon pour le sauver, puis la rémission, l''alcool, la drogue, les excès. Jusqu''à ce qu''il trouve l''écriture. Une écriture révolutionnaire, qui aura porté son empreinte sur toutes les années 70 (et notamment chez Don DeLillo) et surtout sur la génération d''écrivains des années 90 (comme Easton Ellis, Palahniuk, Wil Self...etc...).
Hanté par la mort, la violence, l''addiction, le mal dans tout ce qu''il a d''attirant, Selby va écrire 4 romans de pure noirceur, où il va analyser l''esprit humain dans toute sa saleté, sa folie, sa médiocrité. Mais chez Selby, jamais de jugement de valeur. L''invention stylistique dont il va faire preuve va lui permettre de mélanger 1ère et 3ème personne, en un récit dans lequel le narrateur devient le personnage et vice versa. Les persos de Selby nous touchent tous par leur faiblesse puisque ce sont les nôtres.
En 1970, "last exit to brooklyn", son premier roman, analyse la société de la fin des années 60, dans toute sa violence, dans sa recherche effrénée de liberté et de sexe. Un scandale censuré.
En 1972, il écrit "La geôle", pour moi le roman le plus déstabilisant qu''il m''ait été donné de lire, où Selby nous fait peu à peu entrer dans la tête d''un taulard... Effrayant, poignant, très souvent gerbant, d''une violence extrême à tous les niveaux, "La geôle" est une expérience incomparable, rapprochant le lecteur d''une tension proche de la folie.
En 1977, le brillant "Le démon", confirme que Selby n''a aucun concurrent quand il s''agit de décrire l''âme humaine pervertie. L''histoire d''un homme d''affaire qui a tout pour lui mais qui a un gros défaut : il est accro du cul et va vite en devenir dingue...
1980 : "Requiem for a dream"... Drogue, TV, amincisseur, confiseries, sexe... Requiem explore les addictions et la perversité des sociétés libérales...
1986 : recueil de nouvelles (rééditées cet été, jetez vous dessus) "chanson de la neige silencieuse"...

2000 : "Le saule"... Le premier roman de Selby où la lumière et l''espoir apparaissent, à travers l''histoire d''un jeune Noir de 15 ans avide de vengeance mais qui va rencontrer sur sa route un clochard qui va tenter de le guérir de ce mal qui le ronge... Un livre en un seul chapitre (!!) en 330 pages que vous n''arriverez pas à quitter et dont la beauté frappante va vous suivre des semaines durant.

Voilà pour Selby... Son style, une vraie révolution se permet toutes les libertés, y compris celle d''enfreindre les lois élementaires de la littérature (concordance des temps, toujours garder le même point de vue de narration...) "tant que cela sert le récit" (dixit le maître). Fait de phrases répétées comme des mantras maléfiques, de saut à la ligne intempestifs, de phrases entremêlées, d''absence de ponctuation ou au contraire de surabondance de ponctuation, le style de Selby est comme le langage : mouvant, incontrôlable, claquant, sec... Un style dont l''héritier actuel est Chuck Palahniuk (cf sujet sur la rentrée littéraire).
Un style protéiforme qu''il semblait impossible de retranscrire à l''écran...

Hé bien, Aronofsky a gagné le pari... Je pensais impossible que le film tiré de "requiem..." puisse être à ce point fidèle au roman.
En salle, ce film est un véritable grand huit kaleidoscopesque. Un trip malsain et dérangeant, où les images viennent s''entremêler aux dialogues sans qu''on puisse les connecter ensemble.
Le split screen est utilisé à merveille et permet à l''auteur de saisir l''esprit même de la littérature de Selby : la fulgurance, la rapidité, le trouble, la mutitude d''informations...
Les effets clipesques (comme celui de la rétine se contractant après un fix d''héro) sont de merveilleuses trouvailles, qui, loin de dénaturer le propos comme c''est souvent le cas, l''accentuent, servant à nouveau la référence au style de Selby. Surtout que ces effets nous immergent totalement dans une sorte de coton malsain et violent que l'on imagine parfaitement ressembler à l'état de manque... ou d'euphorie...
Ne parlons pas de la mise en scène, au couteau , qui gère une direction d''acteur impeccables (Leto et Wayans sont exceptionnels, fait extraordinaire en soi) avec Ellen Burstyn en tête dont la composition d''une vieille femme sous pilules amincissantes restera dans l''histoire pour être l''une des plus dérangeantes...

La musique, elle, est un bijou sonore, d''un glauque et d''une grâce servant elle aussi à merveille le visuel du film. Une bande son idéale pour comprendre le malaise inhérent à chaque oeuvre de Selby.

Ce film est un chef d''oeuvre parfois méconnu (bien qu''aujourd''hui, il soit devenu cultissime) qui doit surtout et avant tout vous pousser à lire du Selby... Car vous n''en ressortirez jamais indemne, quelque soit le livre...

Le DVD, quant à lui, est techniquement irréprochable. L''image est sublime et la spatialisation du son est hallucinante, jouant elle aussi un rôle immense dans la perception du film. Si vous êtes équipé en 5.1, regardez "''requiem..." à fond et je vous promet que vous allez passer un moment intense...
Les bonus sont intelligents et tous utiles... Le commentaire audio est une leçon de cinéma en bonne et due forme. Les scènes coupées, bien que peu intéressantes en soi, montrent bien comment Aronofsky est parvenu à maîtriser son sujet, au plan près. Le making of de 35 mn, très informatif, a plus de mérite et d''objectivité que tous les making of hollywoodiens habituels. Sans compter un documentaire de 52 mn sur Selby himself, où vous verrez le maître en vrai, parler avec sagesse et douceur, lui qui a écrit parmi les romans les plus horribles du vingtième siècle... Et puis quelques autres bonus sympas comme une interview de Selby par Burstyn et qq bonus cachés...

Bref, "Requiem..." est un indispensable de toute DVDthèque qui se respecte, tant par ses qualités visuelles et narratives immenses que par la fidélité avec laquelle il adapte le roman et le style de Selby.
Un film qui risque grandement de vous donner la nausée... Mais rassurez-vous, c''est normal...

"-Qu''as tu fait pendant ces 35 ans ?
-Je me suis couché tôt"

Edité par - torrance le 10/10/2003 23:26:59
torrance'
 

Messagepar Damien sur 04 Mar 2004 23:58

Torrance, je t'adore ! J'ai vu ce film il y a quelques temps déjà et je l'ai a-do-ré ! Ma copine l'ayant acheté en DVD (...), je le lui ai emprunté il y a quelques jours et je comptais justement me le remater demain ainsi que ses bonus ! Grâce à toi, je vais me jeter sur les bouquins de Selby dès demain !!! Tu m'as trop donné envie de les lire !!!

Deux chefs d'oeuvres sur deux films, je m'incline et surtout j'attends ta prochaine review car tu prends le temps pour écrire tes propos.

TheReduX.com
Damien
 

Messagepar Damien sur 04 Mar 2004 23:58

Petite question pour Torrance : tu as lu ses bouquins en version originale ou les traductions françaises ?

TheReduX.com
Damien
 

Messagepar torrance' sur 04 Mar 2004 23:59

Je suis content que tu t'apprêtes à te jeter sur les bouquins de Selby....
Pour ma part, je les ai tous lu en traduction françaises, toutes très soignées et ultra convaincantes (grâce à des pointures comme Francis Kerline ou Marc Gibot)... La raison est simple : mon anglais est très bon mais je ne suis pas bilingue et la littérature de Selby, jouant beaucoup sur les ruptures de phrase, l'absence de ponctuation (8 pages sans un seul signe dans "Le saule" !!!), il m'est difficile de tout saisir. Je me suis ensuite attaqué au "Démon" en anglais et c'est quand même difficile à suivre, par le fait même du style de Selby (allons-y aussi pour l'argot new-yorkais... !!). Mais si tu es vraiment bilingue, tu peux tenter l'expérience en anglais...

Petit conseil : lis les dans l'ordre car tu y verras une évolution marquante aussi bien dans le style que dans la descente progressive en enfer de ses sujets, jusqu'à la "rédemption" dans "Le Saule"....

"-Qu'as tu fait pendant ces 35 ans ?
-Je me suis couché tôt"
torrance'
 

Messagepar Kri... sur 05 Mar 2004 0:00

[quote][b][color=red]REQUIEM FOR A DREAM[/color][/b] (2001)[/quote]

Ce film est un film de dingue et un bijou rare dans le paysage cinématographique.

Un film qui vous prend aux tripes et vous procure les mêmes effets qu''un grand huit dans un parc d''attraction
une réalisation complètement en phase avec le sujet décrit : complètement psychédélique, qui n''est pas loin de vous faire vivre les même effets que les drogués du film

Comme l''a souligné Torrance, la musique est génial et n''a pas laissé le petit monde du cinéma indifferent :
la bande annonce des 2 tours fut par exemple basé sur le thème musical principal de Requiem for a dream.

@++,Kri...
Kri...
 

Messagepar Damien sur 05 Mar 2004 0:00

[quote]Comme l''''a souligné Torrance, la musique est génial et n''''a pas laissé le petit monde du cinéma indifferent :
la bande annonce des 2 tours fut par exemple basé sur le thème musical principal de Requiem for a dream. [/quote]
Tout à fait d''ailleurs j''ai le score. Par contre si vous regardez ce film, essayez d''être totalement dans l''ambiance. Ce n''est pas le genre de film sur lequel on fait pause pour téléphoner à un ami, c''est vraiment une expérience comme l''est "Apocalypse Now" dans un genre totalement différent.

[url=http://www.theredux.com][size=75]TheReduX.com[/size][/url]
Damien
 

Messagepar Mad' sur 05 Mar 2004 0:01

Ah ah... d'où le fameux Selby... Oui, dès que j'aurai fini de lire tout ce que je me suis déjà préparée à lire, je m'y mets aussi...

ZCG's site
Mad'
 

Messagepar underhilldaisy' sur 05 Mar 2004 0:01

J'adore également, dans les comédies musicales, "le magicien d'Oz", à chaque que je le vois, ca me fais rêver et en plus j'adore les chansons!

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**Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit, mais Savoir nous laisse dans un perpétuel état de calme**-Honoré de Balzac
underhilldaisy'
 

Messagepar torrance' sur 05 Mar 2004 0:03

Après avoir laissé ce topic dépérir quelque peu, voilà un nouvel ajout qui me tient particulièrement à coeur. A savoir l''un des meilleurs films de ces 20 dernières années, un film malheureusement trop souvent détruit par les critiques et le milieu du cinéma.
Un film mal aimé, qui s''est ramassé au box-office, qui a le problème d''être sulfureux. Un film qui à mon humble avis, sera considéré comme un classique dans 20 ans. Un de ces films, à l''instar du "Parrain" qui s''est fait descendre à sa sortie pour devenir ensuite un chef d''oeuvre.
"Fight Club" aura cette destinée. Du moins, je l''espère.
Car oui, c''est bien de "Fight Club" qu''il s''agit...

[img]http://images-eu.amazon.com/images/P/B000050FII.08.LZZZZZZZ.jpg[/img]

réalisé par David Fincher
avec Edward Norton, Brad Pitt, Helena Bonham Carter...
1999

Je retranscris ici un article écrit pour un fanzine lors de la sortie du film... D''où le style un peu... littéraire ! :

" [b]Sujet [/b]: Quand un jeune cadre insomniaque (Norton) rencontre un fabricant de savon anarchiste (Pitt), que se disent-ils ? Que la société les oppresse et les standardise. Mieux vaut alors s''en mettre plein la tronche, histoire de se sentir vivant...

Adapté d''un roman éponyme de Chuck Palahniuk, dont c''est le premier roman, "Fight Club" fait parler la poudre.
Ou plutôt les poings. Car les personnages de "Fight Club" trouvent le bonheur, leur identité et leur liberté dans la baston. Sauvage. Clandestine. A mains nues. Et ce qui avait commencé comme un petit club de boxe pour hommes perdus va se transformer en monstre incontrôlable. En idée s''étendant comme un virus.

Si l''histoire vous intrigue ou si vous n''y comprenez pas grand chose, sachez que tout a été fait pour flouer le spectateur. des bandes annonces imprécises où se côtoient meubles IKEA, pingouins et crash d''avion, à l''affiche qui clame un slogan évasif ("Chaos. Confusion. Savon"), la campagne de promotion de "Fight Club" joue sur l''anticonformisme d''un film pourtant produit par une major mythique : la 20th Century Fox.
Un studio qui, sous le pouvoir de son directeur Bill Méchanic, va tout faire pour que ce film soit à part. Pas de projection test. Une promo intelligente et narquoise. Pour le four du film au BO, Méchanic se fera limoger...

Mais "Fight Club" est-il vraiment un film si différent ? Une seule vision suffit pour s''en assurer. "FC" dérange. Innove. Tire à boulets rouges sur notre société consumériste. Ajoutez à cela un peu de violence extrême. Vous obtenez un cocktail molotov sur pellicule, qui, comme beaucoup de très bons films, n''attire que des réactions sans nuance.

La force du film vient d''abord d''un scénario construit comme un puzzle aboutissant à un jeu de massacre. Une scénarisation éclatée qui permet à Fincher de coller au roman, qui offrait un style syncopé et épileptique. Tout comme Tarantino dans "Pulp Fiction" ou Soderbergh dans "L''Anglais", Fincher utilise tous les moyens narratifs possibles (flash-back, flash-forward, images subliminales, voix-off, humour en flash-back...).
Cette construction graduelle, jouant tout autant sur une noirceur visuelle que sur une (fausse) légèreté du propos, contribue à chatouiller l''imagination d''un spectateur médusé devant tant d''audaces auxquelles il n''était plus habitué. Car qui depuis Woody Allen dans "Annie Hall" avait osé faire parler ses personnages au public ? Fincher ose. Et sonne juste.
Si bien que la première demie-heure sonne comme une comédie hilarante, baignée dans une ambiance glauque, créant une circonspection de rigueur chez tout spectateur normalement constitué.

S''appuyant sur trois acteurs en état de grâce, Brad Pitt, Edward Norton et Helena Bonham Carter, Fincher montre l''importance qu''il attache à ses personnages. Car cette histoire est avant tout une histoire de personnages banals, bancals, étouffés par un consumérisme outrancier et par une hypocrisie sociale. Nous, en somme. Et ce n''est pas un hasard si le "héros" du film est un jeune homme au physique normal (Norton) exhorté à se réveiller par un homme qui "parle, baise et agit comme [il] voudrait le faire" (Pitt). Car l''identification à Norton est quasi immédiate, et la fascination que génère Pitt, intense.
Leur entente frisant la gémellité est un bonheur, les deux acteurs s''amusant à casser leurs images respectives de premier de la classe et de playboy.

D''aucuns rétorqueront que faire dire à un Brad Pitt taillé comme uns statue grecque que le véritable homme n''est pas le mannequin sculptural qui pose en slip pour Calvin Klein est un message hypocrite. C''est compter sans l''ironie distillée tout au long du film. Une ironie soulignant constamment les ambiguïtés de personnages poussés dans leurs derniers retranchements. Un ton sarcastique qui en dit long sur l''une des grandes questions du film : comment refuser le conditionnement sans en créer un autre ?

Car Fincher se garde bien d''asséner un message nihiliste qui prônerait la violence comme solution. Ce que Tyler Durden, le personnage de Pitt, propose, n''est qu''une possibilité parmi d''autres. Ce qui compte étant plus le réveil que le moyen utilisé. Malheureusement, chaque solution a son impasse et Fincher ne se prive pas pour creuser l''ornière un peu plus profondément.

"FC" se pose ainsi plus en film sur une génération qu''en film de génération. Cette fameuse génération X qui ne trouve pas sa place dans un monde façonné par leurs parents. Des parents ayant refusé et refoulé tous les idéaux nés de la révolte morale et politique des années 50-60.

Un film sur notre génération, donc. Mais loin de toutes les comédies pour ados ou jeunes adultes qui envahissent les écrans. Car "FC" ne prône pas une attitude, une philosophie, mais au contraire une liberté totale de l''individu face à la société, chacun devant s''assumer selon ses critères. Loin des clichés culturels véhiculés par la télé ou les marques de vêtements. Ce film offre le choix. Celui de refuser la standardisation des humains, de nos vies. Celui de refuser le système. Celui de cracher à la gueule d''un ordre moral et politique hypocrite.
"FC" est un film révolutionnaire, au sens strict du terme, utilisant une réalisation clippé et publicitaire en les exacerbant, les tournant rapidement au ridicule.

De ce fait, Fincher s''assoit à côté des grands cinéastes américains ayant su provoquer autre chose qu''une vente massive de pop corn ou qu''un encéphalogramme plat.
Tout cela grâce à une vision acide, ironique, audacieuse, non dénuée d''amour. Car c''est bien peut-être cet amour si fugace, si volatile, que les personnages de "FC" recherchent avec difficulté, fracas et dents cassées. Une quête elle aussi pervertie qui les mènera vers un nouveau futur. "

Voilà pour cette petite review du film... Je ne peux que vous exhorter à lire le bouquin qui est un bijou méconnu, dont l''auteur peut être qualifié de génial. Si vous aimez "FC" le film, vous aimerez "FC" le livre. Et si vous aimez "FC", vous aimerez aussi "Survivant", du même auteur... "Survivant" étant le pendant de "FC", mais ça, c''est une autre histoire...

Niveau DVD, il faut dire que l''édition spéciale de "FC" est un régal pour les yeux et les oreilles.
Le packaging retranscrit à merveille l''esprit du film.
L''image est d''un rendu hallucinant, rendant particulièrement hommage à la grandiose photo de Jeff Cronenweth.
Le son est lui aussi parfaitement géré et spatialisé. Où l''on se rend compte que Fincher est un maniaque du détail... Lors d''un coup de feu, vers la fin (je ne dis pas quelle scène...), le son se voit affublé d''un acoufène monstrueux et lancinant, qui virevolte dans les enceintes arrière... Du grand ART.

Niveau supplément, du gros, du bon, du niveau !
Le commentaire audio de Fincher, Pitt, Norton et Carter est à la fois informatif et à la fois un délice d''humour. Pitt et Norton s''en donnent à coeur joie niveau anecdotes rigolardes. Fincher, lui, tente tant bien que mal de tenir le bateau et ses commentaires frisent souvent la leçon de cinéma. On peut en revanche regretter que les commentaires de carter aient été enregistrés à part... Un commentaire sous titré en français de surcroit...

rajoutez à cela des tonnes de making of en multi angles.
17 séquences explicatives avec commentaire audio et multi angles.
des scènes coupées, des bande annonces (dont deux teaser hilarants jamais diffusés, les désormais légendaires "Public Service Announcement"), interviews, 150 photos de tournage...
Bref, une manne d''infos pour comprendre la génèse de ce film somme.
Seul regret, l''absence de Palahniuk dans ces making of, le mossieur étant très très discret....

Je ne sais pas si cette édition est toujours trouvable en magasin mais si vous la trouvez et que vous ne l''avez pas, cela serait un crime...

Petit supplément : la BO des Dust Brothers est ce qui s''est fait de mieux depuis pas mal de temps, (avec celle de "Requiem for a dream", évidemment). Une ambiance glauquissime à tendance électronica qui colle parfaitement au film et qui de surcroit, peut s''écouter chez soi sans problème...

Voilà, maintenant, je ne veux plus vous voir ici.

1st rule of Fight Club is...........................

"-Qu''as tu fait pendant ces 35 ans ?
-Je me suis couché tôt3
torrance'
 

Messagepar N°6' sur 05 Mar 2004 0:04

... you do not talk about Fight Club.

Je suis entièrement d'accord avec cette critique, ce film est une perle, l'histoire, les dialogues, les persos, les effets de réalisation, sont tous fascinants et participent (presque) tous au même but, constater, dénoncer, la faillite de notre société, le manque de repères de notre génération, sans pour autant cautionner la solution imaginée par Durden : le Chaos. Peut-être en effet n'y a t-il pas de solution, mais ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure, c'est déjà beaucoup.

Maintenant j'ai dis que tous les effets de réalisation participaient presque tous au même but. Presque parce que ce qui a tendance à m'agacer dans le cinéma de David Fincher ce sont tous ces petits effets souvent inutiles, ces mouvements de caméra à l'emporte pièce qui donnent l'impression que Fincher fonctionne à l'épate. "Fight Club" était le film parfait pour lui car sa réalisation typiquement envahissante est en adéquation avec le propos, parce que son style permet de donner un cachet et un dynamisme qui fonctionne très bien avec le thème principal. D'ailleurs ces effets sont désormais inséparables du film. Maintenant j'aurais tendance à être plus critique avec un film comme "Panic Room", où ses petits effets me semblent assez parasites. Quel intérêt en effet que de faire passer la caméra (ou donner l'impression plutôtque la caméra passe) à travers un trou de serrure ? Je suis dubitatif.

Mais je le répète : "Fight Club" est un film fascinant, à voir. Impérativement.

Edité par - No 6 le 13/11/2003 01:17:53
N°6'
 

Messagepar Damien sur 05 Mar 2004 0:05

Je ne dirai rien de ta review ainsi que de ton choix de film Torrance
Par contre quand avec ma copine on a pris l'avion, elle m'a forcé à faucher les description de comment sortir d'un avion en cas de panne où les gens sourient. Et je n'oserais même pas vous dire l'utilité que l'on a trouvé à l'une de ces fiches plastiques

Petit paragraphe de complaisance habituelle histoire de couper court aux rumeurs : Bon, 3 chefs d'oeuvre que j'ai en DVD sur 3.
Quel sera le prochain film? Suspense!

TheReduX.com
Damien
 

Messagepar torrance' sur 05 Mar 2004 0:06

Après trois films sérieux dont certains (tous ?) sont des chef d''oeuvre, j''ai décidé de poster la review d''un film qui est moins sérieux.
Un film complètement con.
Un film complètement génial.
Un film qui unit scatologie, politique, enfants, gros mots, vannes, chansons, animation ratée et subversivité...
J''ai nommé (vous avez déjà trouvé, surtout que la jaquette est en dessous !) :

[b]"South Park, le film : plus long, plus grand et pas coupé"[/b]

[img]http://images.amazon.com/images/P/B000022TSW.01.LZZZZZZZ.jpg[/img]

Sujet : Les abrutis canadiens Terrence et Phillip sortent leur nouveau film et les gamins de tout le pays sont déçus de ne pouvoir y assister, pour cause de "rated R"... Mais quand Stan, Kyle, Kenny et l''inénarrable Cartman parviennent à se faufiler dans la salle, ils découvrent avec effarement un monde enchanté fait de pets, de scatologie et de "fuck" (à toutes les sauces). Malheureusement, les adultes vont vite se révolter contre Terrence et Phillip et... accuser le Canada d''avoir des armes de destruction massive (bon j''extrapole mais cela sert bien l''histoire !!).

Avant d''aller plus avant sur le film, je vais revenir rapidement sur la génèse de "South Park"...
Trey Parker et Matt Stone se rencontrent à la fac et découvrent rapidement qu''ils ont le même humour subversif et foncièrement "faussement stupide". Ils réalisent des courts métrages puis passent au long avec un film ultra indépendant au titre évocatuer : "Cannibal, the musical" (!!), sorti en 1994.
C''est alors qu''un producteur de FoxLab les remarque et leur demande de réaliser pour lui une carte de Noël vidéo qu''il pourrait envoyer à tous ses amis.. Cette vidéo,cela sera "The spirit of Chritmas", où 4 gamins mal dessinés recherchent jésus....
Tout Hollywood est mort de rire devant cette vidéo et particulièrement George Clooney, qui, devenu superstar avec "Urgences", va clamer partout que Parker et Stone sont des génies...
Après d''autres essais au cinéma (certains ultra ratés) dont le fabuleux "Captain Orgasmo" (!!), ils décident de lancer leur première série : "South Park", reprenant les persos des quatre gamins de "The spirit of Christmas"...

Diffusée sur la HBo de l''humour, "Comedy Central", "South Park" voit le jour en 1997... La première saison, est un carton et surtout, un concentré de mauvais goût, d''humour salace, mettant à mal tout ce que l''Amérique a de sacré...
Deux mois après la fin de la première saison, Parker et Stone lancent la saison 2 (ils sont rapides les salauds !!) qui affirmera ce que tout le monde savait : "South Park" est une série génialissime, drôle, ironique, sarcastique... Un méchant poil à gratter pour les ligues de vertu et de défense de l''enfance...

De cette lutte Parker et Stone vont en tirer un film, conçu et sorti durant la troisième saison...
Et cela se voit : car si le film est un concentré orgasmique de tout ce que la série a de géant, la saison 3 souffrira d''épisodes sans talent, redondants... On ne peut pas être au four et au moulin...

Alors parlons un peu de ce film !!
Sorti en 1999, "SP" est une fois de plus un travail monstrueux de la part de Parker et Stone. Autodidactes, ces gars-là écrivent, réalisent, produisent, font PRESQUE TOUTES les voix, écrivent et composent les chansons du film et les chantent !!! (comme dans la série en fait) Bref, s''ils n''avaient pas de coke à portée de main, ils ont dû se doper au Supradyne.

On retrouve ici tous les personnages de la série, comme le grandissime CHEF, auquel Isaac hayes prête sa voix de stantor de velours.
Mais aussi Mr Garrison, M. McKey, Big Gay Al... sans oublier le diable, Saddam Hussein, et la mère de Kyle qui, tout le monde le sait, est une salope.

Cela peut paraître confus comme ça...

Pourquoi "South Park" le film est si fort, si intense ? Pourquoi tout le monde devrait l''avoir vu et revu ?
Parce qu''en ces temps où les USA semblent de plus en plus maîtres du monde messianiques, "SP" tire à vue sur tout ce que l''Amérique a de sacré et donc d''emmerdant (voire de fascisant).

Je ne veux révéler aucun gag et surtout aucune diatribe, cela serait du gâchis... mais les thèmes démontés par Parker et stone sont d''actualité :

l''hypocrisie sur la violence et le langage, la religion, la xénophobie, les tabous sexuels.... tout y passe !
L''intelligence des deux créateurs fou fou, c''est de mettre à l''écran un film qui paraît à première vue complètement con : de la scatologie aux insultes en dessous de la ceinture, en passant par des chansons nunuches, ils ne nous épargnent rien... Mais là où la MPAA n''y voit que du feu, l''habitué au genre de l''animé sarcastique saura voir sans trop se forcer tout ce que ce film a d''intelligent.

Car pendant que la MPAA demandait aux créateurs d''enlever des "fuck", les deux gars rajoutaient des scènes encore plus fortes, encore plus subversives, mais cette fois sans insulte ou sexe... Résultat : "SP" le film est un concentré de méchanceté, de causticité, de subversité, d''intelligence...

Et bien sûr, les zygomatiques sont mis à contribution tout au long de ce délire hallucinant de maîtrise...

Rajoutez à cela des chansons aussi drôles que bien foutues... et vous obtenez un délire en barre !

Je ne peux que vous exhorter à le louer pour une soirée entre potes... Ou même tout seul !! Car faire une reviex exhaustive serait spoiler à mort....

niveau bonus, vous pouvez oublier, puisque le DVD n''en comporte aucun ou presque... Mais le film se suffit largement à lui même.

Entre temps, South Park est devenu une usine à merchandising et la saison 3 m''a achevé, tant sa nullité atterrante montrait à quel point Parker et Stone avaient tout donné dans le film...

Mais depuis, tout s''est calmé et je suis tombé l''autre jour sur la saison 5 et j''ai tellement ri que je regrette d''avoir lâché...
On y voyait les USA s''enthousiasmer car une série à succès sur "HBC" allait comporter le mot "shit".... Pendant ce temps, là, les gamins et les habitants se mettent à dire "shit" à tout bout de champ, et un compteur défile en bas de l''écran... Au total, 250 "shit" seront dit dans l''épisode de 25 mn (!!) sans compter les fuck et autres.... Bref, un bon foutage de gueule en règle du puritanisme lingual des USA.... Je vais m''y remettre, ça c''est sûr !!

Allez, bon film...

Si cette review est un grand n''importe quoi, c''est normal, c''est pour coller à l''esprit du film...

"They killed Kenny ! You bastards !"

"-Qu''as tu fait pendant ces 35 ans ?
-Je me suis couché tôt"

Edité par - torrance le 20/11/2003 16:47:37
torrance'
 

Messagepar Invité sur 05 Mar 2004 0:07

"South Park", voilà encore, quoi, un an, je ne connaissais que de nom. Puis je suis tombé dessus sur "Comédie!", la chaîne de la déconne. Et j'ai été, comment dire... soufflé. Je suis régulièrement plié en deux devant les gags incroyables d'intelligence de la série, devant le traitement apparemment complètement con mais en fait si juste, si incisif, si acide, de thèmes tels que l'homosexualité, les armes à feu, le racisme... Et moi qui croyais naïvement que "Les Simpsons" était ce qui se faisait de mieux côté irrévérencieux !!

Certains épisodes me restent en mémoire, et régulièrement j'y repense, parce que franchement, c'est fort. Très fort. Et très drôles. Je ne peux les raconter ici, je ne leur rendrais pas justice. Mais quand j'y repense, bon sang... :bravo:

Le film je n'en ai vu qu'une partie, mais il avait l'air effectivement à la hauteur ! Faudra que je le loue à l'occasion...
Invité
 

Messagepar torrance' sur 05 Mar 2004 0:08

[quote]"South Park", voilà encore, quoi, un an, je ne connaissais que de nom. Puis je suis tombé dessus sur "Comédie!", la chaîne de la déconne. Et j''''ai été, comment dire... soufflé. Je suis régulièrement plié en deux devant les gags incroyables d''''intelligence de la série, devant le traitement apparemment complètement con mais en fait si juste, si incisif, si acide, de thèmes tels que l''''homosexualité, les armes à feu, le racisme... Et moi qui croyais naïvement que "Les Simpsons" était ce qui se faisait de mieux côté irrévérencieux !![/quote]
Je comprends ça !! Quand j''ai découvert cette série sur Canal lors de ses débuts, je suis tombé sur le cul mais vraiment !! Comment une télé US peut être à ce point audacieuse et diffuser une série animée aussi couillue !! Aussi drôle qu''intelligente, que demande le peuple ?

Je crois que Comédie ne la diffuse qu''en VF... Je peux t''assurer N°6 que la VO est à peu près 1 million de fois plus puissante... Ne serait-ce que les gimmicks de Cartman... Sa voix démultiplie l''effet par mille ! idem pour Garrison, McKey, Stan et Kyle évidemment... Bref, loue toi la série en VO et tu as de longues heures de monstrueuse poilade en vue...
Et le film, je peux te parier qu''une fois loué et vu, tu iras l''acheter direct... uniquement pour te faire des soirées révisionnage avec tes potes...

[quote]Certains épisodes me restent en mémoire, et régulièrement j''''y repense, parce que franchement, c''''est fort. Très fort. Et très drôles. Je ne peux les raconter ici, je ne leur rendrais pas justice. Mais quand j''''y repense, bon sang...[/quote]
Complètement d''accord. cette série, comme les grandes séries, ne peut se raconter. Elle se vit, car en la racontant, l''auditeur ne peut imaginer l''impact des mots, des attitudes, des intonations. La force visuelle des gags...etc...

Bref, "South Park", c''est l''antidote au cynisme !!

A signaler : Parker et Stone ont créé il y a 2 ans une autre série, avec des acteurs cette fois : "That''s my Bush", parodie hilarante de la présidence de Bush, dans laquelle l''acteur était un sosie incroyable de Bush... Evidemment, c''était à mourir de rire, Bush étant dans cette série plus vraie que nature : d''une connerie hallucinante... Malheureusement arrêtée, car "trop irrévérencieuse" : on touche pas au président directement !! Mais si cela repasse sur Canal, je vous la conseille vivement également...

"-Qu''as tu fait pendant ces 35 ans ?
-Je me suis couché tôt"
torrance'
 

Messagepar Damien sur 05 Mar 2004 0:09

"I FOUND THE CLITORIS!!!" :D

(une blague très facile est insérable ici)

Ce film est une bombe! J'étais allé le voir dans un bled où beaucoup adorent le hockey, le canada et la religion (véridique)! Je ne vous dis pas les discussions à l'entracte!!! Tout le monde détestait et moi j'adorais!
Sadam et Satan, c'est culte! L'énorme Clito! Les photos pornos de Carter's mom ;) Le visage de Kenny! Big gay et ses bunnies! etc... etc...
A noter que le trailer est excellent sur Carmina Burana lol
Et quand le général montre les revenus du Canada, on voit "x-files shooting" ;)

Bien sûr, ce film est à regarder en VO (comme tout film en somme...)

Alors oui ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais ça reste un excellent divertissement (et c'est son but!) et souvent une belle critique de la société!

TheReduX.com
Damien
 

Messagepar torrance' sur 05 Mar 2004 0:10

Me revoilà pour parler un peu DVD... Le papa Noël a été très gentil avec moi cette année et toutes sortes de jolis DVD merveilleusement packagées et truffés de bonus m''attendaient au pied du sapin.
Parmi la liste, il y en a un dont je voulais parler à tout prix, car malgré son caractère hautement culte et le buzz quil a engendré à sa sortie, ce film n''est que peu cité de nos jours. Ou du moins, s''il n''est pas tombé dans l''oubli, disons qu''il a été un peu délaissé dans les conversations cinéphiliques. Et pourtant, c''est l''un des tous meilleurs films des années 90 et peut être l''un des meilleurs films européens de ces 20 dernières années.

[b][color=red]TRAINSPOTTING[/color][/b]

[img]http://images-eu.amazon.com/images/P/B0000DINSZ.08.LZZZZZZZ.jpg[/img]

Sujet : Mark Renton et sa bande de potes habite Edimbourg. Entre les moments d''ennui, leur manque de rôle dans la société, leurs beuveries et leurs disfonctionnements, cette jolie bande s''adonne à l''addiction à l''héroïne.

Si ce résumé paraît léger et ironique, c''est bien parce que ce film, merveilleusement adapté du roman éponyme de Irvine Welsh, est une perle d''ironie, un bijou satyrique et une oeuvre subversive.
Beaucoup pensent encore que "Trainspotting" est un film sur la drogue et l''addiction.
Pourtant, le propos de Welsh dans son roman, repris par Danny Boyle dans son film, va plus loin que ça.
A la manière de Hitchcock et de ses fameux McGuffin (ces sujets prétexte censés attirer l''attention, pour traiter en fait de thèmes plus subtils), "Trainspotting" propose une réflexion acerbe et satyrique sur ce qu''est devenue la société, lorsqu''elle est tombée dans le libéralisme et dans la consommation de masse.
A l''instar d''un "Fight Club", "Trainspotting" montre ce qu''a été la solution à l''ennui et à la standardisation des esprits pour Renton et sa bande. L''héroïne. Et la drogue en général. Tyler Durden et lui même se foutent sur la gueule. Renton et ses potes se piquent les veines.

Ainsi, les speech de Renton sur "les choix de la vie" ("choisir une télé, choisir une bonne assurance"... etc...) est une diatribe virulente de la façon dont le capitalisme a endormi les esprits et marchandiser la vie des êtres humains.
Dans le trou perdu qu''est l''Ecosse ("une nation qui accepte d''être colonisée par des branleurs" dixit Renton), le choc est d''autant plus terrible que la population subit âprement le chômage et la crise des années 80... Résultat, les moyens de s''évader ne sont pas légion. La drogue fait donc un excellent prétexte.

Et puis il y a aussi dans "Trainspotting" une critique jubilatoire de l''apauvrissement culturel, social et humain.
Pour Renton et sa bande, le plaisir passe par toutes sortes d''icônes dont James Bond et Iggy Pop. Les speech de Sick Boy, passionnés au possible montrent à quel point les années glorieuses de la culture britannique sont passées. De même pour Tommy et Iggy Pop... A tel point que Diane, la collégienne avec qui Renton couche parle de Ziggy Pop...
Un apauvrissement nettement montré du doigt lors du déménagement de Renton à Londres. Diane lui signifie que les choses changent : la musique, le monde, les drogues, les gens.
Alors que sa vie à Edimbourg est rythmée par une BO à tomber reprenant du Iggy Pop, New Order, Lou Reed, Brian Eno ou Blur, l''arrivée de Renton à Londres se solde par une BO Euro Dance ronflante (Ice MC pour ne pas le citer "Boom Diggy Diggy Bomm Hé Hé" !!). Le décalage est flagrant. Une vie dans laquelle Renton va s''endormir momentanément en tant qu''agent immobilier.

Un Renton philosophe qui, après bien des rebondissements, choisira la vie que nous menons tous, nous montrant du doigt, mais sachant qu''il n''y a presque pas d''autre choix possible.
Une fin désespérée, ou, comme dans Fight Club, la solution n''apparaît pas, faisant de nous des prisonniers d''un système ne nous proposant comme solutions que des addictions malfaitrices (drogue, sport, consommation, télé, alcool...).

Cette peinture juste et acerbe de toute une Europe (voire de tout le monde occidental) est d''autant plus brillante qu''elle est servie par une interprétation sans faille de toute une bande d''acteurs en grande forme. Ewan McGregor en Renton, Jonny Lee Miller en Sick Boy, Robert Carlyle en Begbie, Ewen Bremner en Spud ou même la débutante Kelly MacDonald (sublime de fraîcheur et de sex appeal candide), tous font merveille et subliment des dialogues écrits au couteau.
La réalisation de Boyle est elle aussi excellente, et pas mal de scènes resteront gravées dans les mémoires, tant par leur inventivité que par l''intelligence avec laquelle elles servent l''univers et le style du livre.
Rajoutez à cela une BO totalement indispensable et vous obtenez un film brillant, ayant souvent choqué pour les mauvaises raisons (tout comme "Fight Club") mais que beaucoup sauront sans aucun doute reconnaître comme un film majeur de notre génération. Cela attendra peut être 10, 15 ou 20 ans, mais force est de constater que "Trainspotting" est DÉJÀ un film majeur.

Au niveau des bonus, je n''ai pas encore eu le temps de tous les voir. Les scènes coupées, sont pour la plupart peu intéressantes, sauf deux ou trois, sans être fondamentales non plus.
On trouve aussi un commentaire audio de Boyle, Hodge et MacDonald ( sous titré !!) et un DVD entier de bonus : documentaires, interviews...
Bref, que du bon, pour un film qui mérite entièrement d''être sur toutes les étagères d''une DVDthèque qui se respecte.

[img]http://www.killbill-lefilm.com/images/accueil/home_anim.gif[/img]

Edité par - torrance le 04/01/2004 01:20:20
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