Shalom.
Après des années de rumeurs (Stallone, Schwarzy, Bruce Willis ?) et de faux départs, après moults supputations et fantasmes, voici enfin arrivé, sur les talons des douze salopards, les bâtards de Tarantino, fin prêts à bouffer du nazi. Comme quoi il aura eu le temps de le peaufiner, son film. Euh, eh ben pas tant que ça, en fait. On fait souvent la remarque que Tarantino excelle à imaginer des scènes isolées, à concevoir des face à face à la Leone et à mettre des images et des mouvements de caméra sur des chansons qui l'inspirent, ça n'a jamais été aussi évident que dans ce nouvel opus, qui recèle de formidables passages (le début du film dans la ferme, le bar, formidables de tension et de suspense) mais qui a les défauts de ses qualités et qui manque franchement de fluidité, donnant parfois plus l'impression d'un film à sketchs que d'une histoire unitaire. L'intrigue principale est famélique (pour un film qui dure quand même 2h30...), pleins de scènes ne servent pas à grand-chose, et, plus grave encore (oui parce que je reconnais volontiers, ce que je viens de souligner est assez habituel chez Tarantino), plein de personnages sont sous-utilisés, souffrant de la tendance qu'a le réa de partir dans tous les sens et de peupler ses films de dizaines de persos différents (et comme ceux-ci sont moins goûteux que d'habitude, les autres habituels défauts de Tarantino paraissent tout de suite plus évidents). Pourtant, si le film a quelques passages dantesques, il a aussi et surtout un personnage génial : le colonel Landa, comme le disait Guigui, officier nazi chasseur de Juif absolument jouissif dans ce rôle de Sherlock Holmes SS à la faconde et au sang-froid dignes d'un Ubermensch (interprété par un comédien plus connu jusqu'à présent des téléspectateurs de "Tatort", vous le croyez ça ?). Méchant génial donc, mais qui a quand même le défaut certain de souligner l'insipide transparence des autres personnages, notamment Mélanie Laurent et Brad Pitt (c'est con ils sont quand même centraux au film...). Un personnage d'autant plus délicieux ce Landa qu'il n'est bien sûr absolument pas vraisemblable, comme le reste du film, qui malgré le sérieux de sa pseudo-histoire (des Juifs qui massacrent des Nazis histoire de se venger... remarquez d'ailleurs comment la question de l'holocauste, totalement absente des écrans pendant 50 ans, est aujourd'hui incontournable quand on parle de 2e guerre mondiale), le film donc tend plus vers la comédie qu'autre chose et représente surtout un prétexte pour aller une nouvelle fois explorer les territoires du western spaghetti ("Once upon a time... in Nazi-occupied France") et du polar (les basterds ont un petit côté reservoir dogs quand même...), ce qui est assez amusant vu la nature historique du film. Et comme le peu d'histoire (histoire qui d'ailleurs se dégrade à mesure que le film progresse) se concentre autour d'une salle de cinéma et d'un film de propagande, Tarantino s'offre plein d'occasions de référencer et célébrer le cinéma d'avant-guerre (euh, sauf Riefenstahl quand même, la réalisatrice nazie number one; d'ailleurs c'est dommage, plutôt que Goebbels et surtout Hitler, inutile et grotesque, je l'aurais bien vu elle comme grand méchant du film) réussissant même à insérer parmi ses protagonistes (mais y en a tellement faut dire...) un projectionniste, une actrice et même un critique de cinéma, ce qui quand on est cinéphile est assez tripant ("What can you tell me about UFA?"). Paraît-il que Tarantino ne savait pas comment finir son film, et franchement ça se voit. C'est dommage, parce que si le salaud de service est central à la réussite d'un film, la fin l'est aussi, et Tarantino est trop cinéphile pour qu'on puisse décemment lui pardonner de l'avoir éludé... mais bon, Herr Landa est génial, et je lui pardonne tout. Heil cinema.
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PS : finalement, Morriconne n'a pas composé la B.O., et Maggie Cheung a été coupée au montage... les enfoirés !!

Si quelqu'un m'a compris c'est que je n'ai pas été clair.