A ceux qui pensent sauver la démocratie à chaque élection...

Par ici les brèves de comptoir

A ceux qui pensent sauver la démocratie à chaque élection...

Messagepar Zarathoustra sur 15 Oct 2009 8:57

...l'affaire Jean Sarkozy prouve bien qu'il n'en est rien. La Démocratie en France n'est qu'une mascarade qui dissimule bel et bien la profonde culture monarchique de notre pays. C'est pas moi qui le dit, c'est Dominique Rousseau - professeur de droit constitutionnel à Montpellier I et membre de l'Institut universitaire de France (et ex membre du Conseil supérieur de la magistrature de 2002 à 2006).
Je vous ai fait un copier/coller de son interview au Monde du 14.10.2009 au sujet de l'affaire Jean Sarkozy. Et après ils s'étonnent qu'on ne vote plus...



L'affaire Jean Sarkozy est symbolique d'une "culture monarchiste"
LEMONDE.FR | 14.10.09 | 08h37 • Mis à jour le 14.10.09 | 08h53

Dominique Rousseau est professeur de droit constitutionnel à Montpellier-I. Il est membre de l'Institut universitaire de France et a été membre du Conseil supérieur de la magistrature de 2002 à 2006.

Comment réagissez-vous à l'élection attendue de Jean Sarkozy à la présidence de l'EPAD ?


Cette élection attendue a l'apparence de la légalité : Jean Sarkozy a été élu conseiller général. Le conseil général l'a ensuite élu au conseil d'administration de l'EPAD et va bientôt l'élire président de ce même établissement. Nous sommes dans le cadre d'une légalité républicaine reposant sur le suffrage universel. Cependant, derrière cette apparence se cache une réalité, la reproduction héréditaire des élites.

Une ministre a déclaré au Monde en privé : "C'est du népotisme, mais cela a toujours existé sous la Ve République"…

Cet événement n'est pas symbolique de la Ve République, mais plutôt de la culture monarchiste française latente dans notre pratique politique et constitutionnelle depuis 1789. De grandes dynasties politiques se sont succédé : Lazare Carnot, ministre de l'intérieur en 1815, dont le petit-fils, Sadi, devient president ; François Arago, un des fondateurs de la IIe République, dont le frère Etienne est élu à l'Assemblée constituante et le neveu Emmanel devient ministre ; Jules Jeanneney, président du Sénat, dont le fils Jean-Marcel est ministre du général De Gaulle et le petit fils Jean-Noël, secrétaire d'Etat sous François Mitterrand…

Est-ce une spécificité française ?

Non. Le tout nouveau premier ministre grec, Gheorghios Andréas Papandréou, est le fils d'Andréas, qui fut deux fois premier ministre. Il est aussi le petit-fils de Gheorghios, qui occupa trois fois cette même fonction entre 1944 et 1965. Héritier d'une dynastie républicaine de gauche, Gheorghios Andréas était d'ailleurs opposé, lors des dernières élections, à un héritier d'une dynastie de droite, Konstantinos Karamanlis. Même chose au Japon, où l'actuel premier ministre, Yukio Hatoyama, est issu d'une grande dynastie.

Pourquoi ce fonctionnement est-il gênant ?

Cette pratique referme la classe politique sur elle-même et dresse un mur entre la "noblesse d'Etat" dont parlait Pierre Bourdieu et le tiers état, le bas peuple qui accède plus difficilement à l'exercice du pouvoir mais à qui on demande d'acclamer par le vote cette "noblesse" qui s'autoreproduit.

Il est intéressant de relire Alexis de Tocqueville. A son retour des Etats-Unis, vers 1830, Alexis de Tocqueville défendait l'introduction du suffrage universel. A ses amis qui le traitaient de fou, il disait en substance : "Ne vous inquiétez pas, le suffrage universel ne fait que légitimer l'exercice du pouvoir par ceux qui l'ont déjà."

Est-ce une faiblesse de la démocratie ?

Sur le plan de la philosophie politique, l'élection a changé peu de choses. On retrouve une transmission héréditaire du pouvoir politique à travers le temps, les formes de gouvernement, de régimes. Au point de s'interroger sur la portée de l'élection comme instrument de démocratisation réelle de nos institutions.

L'élection est considérée comme l'instrument permettant au peuple d'exercer le pouvoir. On se rend compte qu'elle est un instrument permettant de confier l'exercice du pouvoir à ceux qui le possèdent déjà. Une réflexion de grande envergure est à mener sur la signification du vote dans la construction des pratiques démocratiques.

Et si cette réflexion n'est pas menée ?

Qu'est-ce qui a conduit le peuple à se révolter au XVIIIe siècle ? Il connaissait la famine et avait l'impression que les mêmes se partageaient tous les pouvoirs. Le peuple français est très patient, mais il faut tout de même faire attention, faire preuve d'un minimum de bon sens. Jean Sarkozy entame sa deuxième année d'étude de droit et n'a que dix-huit mois de présence au conseil général ! Devant le silence des institutions, devant cette classe politique qui se referme sur elle-même, le peuple pourrait laisser éclater sa colère.

Propos recueillis par Laure Belot
[i]"Le suffrage universel ne fait que légitimer l'exercice du pouvoir par ceux qui l'ont déjà."[/i] Alexis de Tocqueville
Avatar de l’utilisateur
Zarathoustra
Nègre de BHL
 
Messages: 292
Inscrit le: 04 Avr 2004 13:05
Localisation: Maison dorée de Samarkand

Re: A ceux qui pensent sauver la démocratie à chaque élection...

Messagepar Wonk sur 22 Oct 2009 20:45

Ya pourtant pas besoin d'être sociologue ou autre pour piger ça ...
[url=http://wonkshop.over-blog.com][img]http://idata.over-blog.com/2/11/11/71//wonkshopBAN400x67.jpg[/img][/url]
Avatar de l’utilisateur
Wonk
Habitué du Minton's Playhouse
 
Messages: 754
Inscrit le: 23 Jui 2004 13:32


Retourner vers Le Qafé

Qui est làààà ?

Utilisateurs parcourant actuellement ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 10 invités

cron