- - - En réponse à un post plus ancien d'Underhilldaisy - - -[quote="Underhilldaisy"]JE veux que mon Pays est une place forte au sein de l'UE, de l'ONU, du monde. Et non, je ne sens pas chez Ségolèen Royal cette force de l'y amener, alors que je la sens chez Sarkozy.[/quote]
Je le souhaite aussi, que la France retrouve son poids. Et c'est justement pour cela, entre autre, que je voterai "Tout Sauf Sarko" Dimanche. En l'occurrence pour Ségolène Royal.
Parlons-en de l'UE... Avec Sarko, la France ne pourra espérer n'obtenir qu'un vague regain incertain, là où Royal permettrait, au contraire, de faire oublier l'affront du NON qui handicape tant aujourd'hui la France au sein de l'UE, et par extension l'UE elle-même.
Parce que faire passer un traité raccourci par le Parlement, comme Sarko le souhaite (peu importe comment il l'appelle), là où Chirac avait opté pour un référendum, et là où le peuple français s'est exprimé par référendum, ça ne pose pas uniquement un problème de conception démocratique et de respect du peuple, des électeurs, et du système référendaire : ça pose surtout un gros problème d'ordre psycho-affectif, entre le peuple français et la construction de l'Europe. Une ambiguïté qui se paiera un jour ou l'autre...
Il faut bien s'appeler Nicolas Sarkozy pour être incapable de voir cette évidence et l'importance de ces facteurs, lui qui semble animé d'un besoin quasi-compulsif d'empirer les situations des fractures partout où il en voit.
Ici donc la fracture entre le peuple français et la construction européenne.
Sarko propose donc d'accentuer encore plus l'impression ressentie par beaucoup de Français que l'Europe se construit derrière leur dos, la plupart du temps à leur détriment.
Passer ce traité amoindri par les coulisses aurait un autre problème (le même en fait, mais cette fois-ci depuis le regard extérieur) : aux yeux du monde, le peuple français n'aurait en effet pas été CELUI qui aurait dit OUI et qui aurait désavoué son NON précédent. On restera donc sur une dynamique du NON, dernier mot prononcé par le peuple avant de se faire sodomiser allègrement par son nouveau Président super respectueux de son peuple.
Quelle image aurait le peuple Français après cela ???? Il gardera son image de peuple imprévisible dont on ne sait plus du tout, de manière formelle, s'il est du genre pro-construction européenne, ou s'il est encore contre, malgré le OUI de son Parlement, [u]qui ne voudra rien dire[/u]...
Comment envisager, dans ces conditions, que l'UE ne se sente pas obligée de ne surtout plus jamais chercher à consulter les peuples de chaque pays européen durant la poursuite de sa construction ? Par peur des réactions du peuple imprévisible et incertain que nous incarnerons. Ne serait-ce que pour la forme. Avec Sarko, on va directement vers une Europe peu sûre d'elle-même, puisque peu sûre de pouvoir compter sur le peuple français. Une Europe confortée dans ses nécessités d'éviter au maximum la consultation populaire. Et ça, je trouve que c'est une dynamique extrêmement mauvaise pour une telle union en pleine construction.
La France, pour se relever au sein de l'Union Européenne, a BESOIN de [u]dire[/u] OUI à l'Europe, de faire oublier son NON. Et pour ça, seul un OUI [u]par référendum[/u] peut être capable de venir effacer le NON d'avant. Parce qu'il viendra du peuple français, de celui-là même qui avait dit NON auparavant.
Sarko prétend que son traité amoindri ferait l'unanimité ? D'accord, très bien, je n'en doute pas... Mais alors pourquoi ne pas le proposer au référendum ? De quoi a-t-il peur ce mec, nom d'un pipe ?????! On aurait l'unanimité, mais on voudrait quand même éviter que celle-ci s'exprime au grand jour, pourquoi ça ? Quel dommage...
Sarko ne propose rien d'autre que de consolider l'ambiguïté, les soupçons, et peut-être pire encore : les rancoeurs qui pourraient en découler ! Là où pourtant il a tout choix de faire se clarifier la situation de la France, son désir de faire progresser la construction Européenne...
Curieux tout de même de voir que, là encore, sans même vraiment le vouloir, le système Sarkozy possède des risques de "monter les uns contre les autres" (en l'occurrence les couches populaires françaises contre le reste de l'Europe). A croire qu'il a ça collé à la peau !
On observe en tout cas, là encore, deux attitude diamétralement opposées : le craintif incertain, qui ne prendra surtout pas le risque d'un refus à un référendum, et l'audacieuse confiante, qui ne doute pas une seconde que son mini-traité sera massivement accepté. Elle qui, j'en suis sûr, est consciente que ce qui se joue là est avant tout d'ordre psycho-affectif.
Moi je pense aussi qu'un traité amoindri récolterait un score extrêmement encourageant et enthousiasmant, susceptible de créer une impulsion bénéfique (redonner des ailes, sur le plan psychologique, à l'Europe, là où un OUI timide de coulisses, quelque peu fabriqué, aurait surtout pour effet d'encourager la prudence et la discrétion de Bruxelles face à la France).
Je pense même que, même s'il n'était pas amoindri, le "nouveau traité" aurait toutes les chances de l'emporter. Ne serait-ce parce que, après avoir vécu l'après référendum, on s'est tous très bien rendu compte que si on ne voulait pas de plan B en haut, et personne en haut n'en voudra jamais, il n'y aurait jamais de plan B. Très clairement, il n'y aura jamais de plan B, c'est un fait. Très clairement aussi, en 2008-2009 la France n'aura plus l'espoir de servir d'exemple et d'encourager les autres pays n'ayant pas encore voté, à se prononcer pour le NON. Ceux-là ont maintenant voté, c'est trop tard, et on ne fera pas machine arrière (chose qui ne pouvait être envisageable qu'en plein processus, pas une fois le TCE massivement adopté par les autres pays). Par ailleurs, le 1er tour 2007 vient de montrer des extrêmes particulièrement faibles. Ceux qui, hier, ont voté NON, sont aujourd'hui devenus des partis très marginaux ayant pour la plupart (la gauche radicale) perdu beaucoup de crédit. Besancenot a tué Buffet (et le PC dans son ensemble), et lui seul ne pèserait guère lourd pour combattre à nouveau un TCE.
Bref, selon moi il n'y a plus rien à craindre d'un référendum. Il est encore temps de mettre, aux yeux du reste du monde, toute cette errance (qui a marqué nos deux dernières années politiques) sur le compte de la crise traversée par la France à ce moment-là, sur le compte notamment de l'inertie du Président sortant, Président illégimité élu à 82% au terme d'une élection dont on avait volé le premier tour... On PEUT le faire, et je pense qu'on DOIT le faire. Dans l'isoloir !
On a perdu bien trop de temps pour se permettre de faire les choses en douce, par derrière, en cachette. Maintenant, il faut créer les [b]impulsions[/b] positives.
C'est un mec qui a voté NON en 2005, pour les mêmes raisons que celles soutenus par la gauche radicale, qui dit ça !
Tout ça pour dire que c'est une position irresponsable, je pense, de la part de Sarkozy, qui ne comprend décidément rien aux fonctionnements "psycho-affectifs" les plus élémentaires d'un peuple, ni rien des regards internationaux censés préoccuper en premier lieu le tenant de la fonction présidentielle.
A moi maintenant de dire que Nicolas Sarkozy ne me paraît pas avoir les "capacités" requises, ne me paraît pas être en mesure de diriger un pays. Sa vision du monde est bien trop ignorante, pour cela, des facteurs psychologiques...
[quote="Underhilldaisy"]Moi je ne veux pas que mon Pays ne finisse plus par peser sur la scène mondiale ou européenne. Je veux qu'on puisse encore s'imposer et dire Merde ou Non quand on est pas d'accord, ou à l'inverse convaincre et dire Oui quand on l'est.[/quote]
Idem, je préfère que mon pays soit en mesure de peser sur la scène mondiale. Qui ne l'est pas ? Et la seule voie pour ça, c'est Royal, et surtout pas Sarko. On pourra discuter sur le rang mondial, mais pour le prestige international, le rayonnement du Pays, ça ne peut passer que par Royal.
Si tu résumes les 5 dernières années, quelles sont les images qui sont le plus ressorties de la France à l'étranger ?
=> 1/ L'opposition de Chirac à la Guerre en Irak. Le seul réel moment où la France a su briller !!! (surtout après-coup) Etrange tout de même que tu t'apprêtes à voter (si tu le fais) pour le seul candidat qui n'aurait même pas eu idée de se poser les questions éthiques (entre autres) qui ont été posées à l'époque.
La position de Sarkozy sur cette décision était très claire (= pro-guerre en Irak, anti-opposition de la France !
), jusqu'à ce qu'il ait à se renier pour mieux lécher le cul de Chirac et ainsi obtenir dans la foulée son soutien.
=> 2/ Le NON à l'Europe. Un coup dur ! Et une situation d'enlisement que seule Royal est capable de régler à la source, aux yeux du monde. Sarko ne résoudra rien, il ne fera qu'aggraver les faiblesses actuelles de la France (toujours contrainte de faire profil bas sur cette affaire) par rapport à l'Europe. [comme je l'explique plus haut]
=> 3/ Les émeutes de 2005 signées Nicolas Sarkozy. Un autre coup dur. Si on en reveut d'autres comme ça, Sarkozy est une bonne option en effet. Et là on pourra être sûrs d'avoir notre petit moment de gloire sur CNN et FOX News, assurément...
=> 4/ La lutte contre le CPE. Quelque chose me dit que la gauche est mieux armée pour éviter ce genre de mécontentements et descente dans les rues. Mais passons...
=> 5/ L'incident à la Gare du Nord. Cf. mon 3/
Peut-être Sarkozy est-il plus apte à redresser l'économie française, peut-être, mais dans le même temps il est aussi le plus apte, de manière beaucoup moins hypothétique, à accentuer les fractures, partout où elles se trouvent. Et forcément, en retour, à laisser percer l'image d'une France en grave crise interne.
Un pays qui va mal ne se tourne pas vers l'extérieur.
Sarkozy n'est pas le candidat de l'apaisement. Il est le candidat de la crise accentuée.
[u]Sur la scène internationale, le rayonnement de la France :[/u]
Royal de son côté se réclame de traditions profondément humanistes (pour un Pays qui se veut être le Pays des Droits de l'Homme), notamment vis-à-vis du continent Africain. Elle est aussi beaucoup plus en avance sur les questions qui vont devenir enjeux internationaux capitaux pour les prochaines décennies : comme la course à la protection de l'environnement, lorsque le Parti Démocrate américain aura gagné aux USA et sera prêt à partir en guerre pacifique contre ce nouvel ennemi que sera la fin du monde et la destruction de la Terre par l'homme.
Vaudra mieux pour nous être "compétitifs" sur ce terrain. Un terrain par ailleurs extrêmement porteur (en terme d'emplois, d'activité, et de relance économique - cf. le cas très enviable de l'Allemagne). Or Sarkozy est complètement à la ramasse sur cette question, dont Royal souhaite, pour sa part, faire un sujet d'excellence. Rattraper notre retard sur le reste du monde, et repartir en tête de course avec le visage d'un pays en avance, qui regarde en avant et qui incarne le [b]progrès[/b].
Question progrès et innovation, on ne peut pas oublier non plus la question de la recherche, où, là encore, Sarkozy est complètement à la ramasse et propose un programme qui risque de nuire à ce secteur (pas seulement "ne pas lui profiter assez", mais bien "lui nuire"
). Le collectif "Sauvons la recherche", qui ne voulait se prononcer pour aucun candidat à la base, a même dû afficher son soutien à Royal tant le programme de Sarkozy lui paraissait gravement mauvais et nuisible !
Sur les questions de progrès sociaux, qui déterminent aussi la resplendissance d'un Pays (surtout nous, qui avons une certaine réputation à tenir quand même à ce niveau là), Royal est également plus avancée : le Pays soi-disant des Droits de l'Homme qui est en retard incroyable sur ses voisins sur les questions du mariage homo par exemple, je trouve que ça craint (tout positionnement partisan mis à part). On y viendra un jour ou l'autre, qu'on le veuille ou non, c'est INELUCTABLE. Pourquoi attendre ? Sur la question, Sarkozy propose quelques avancées, certes (certains droits supplémentaires nouveaux, réclamés depuis longtemps), doublées néanmoins d'une grosse régression "éthique"/"idéologique" par rapport au PACS (puisque ce nouveau contrat sera un contrat spécifiquement gay, ce qu'avait justement catégoriquement refusé de faire le PACS, en décidant de s'ouvrir également aux hétérosexuels pour éviter les "distinctions"/"différentiations", la création de catégories bien à part, aux relents silencieusement discriminatoires et complètement contraires aux luttes actuelles des gays qui prônent le droit à l'indifférenciation). Comment peut-on être autant en retard et se prétendre en avance ?
Sur la question de la culture aussi, qui est pourtant un des plus grands attraits de la France aux yeux du reste du monde, comment peut-on envisager, comme M. Nicolas Sarkozy, de supprimer le Ministère de la Culture (!!!!!!!!!!!!!!) quand, dans le même temps, on propose de créer de nouveaux Ministères, comme son fameux Ministère de l'Immigration ET de l'Identité Nationale ?!
Ce n'est peut-être qu'un symbole, mais je pense qu'il est important de le préserver intact.
Le Pays que propose Nicolas Sarkozy, c'est typiquement un pays qui se replie sur lui-même.
On a aujourd'hui le choix entre deux Frances, selon moi :
Une France qui cherche encore à rayonner, contre une France repliée sur elle-même.
Une France ouverte, défendant les principes fondamentaux de la solidarité, contre une France complètement fermée à tout (y compris le dialogue).
Une France du progrès, contre une France de la régression sociale (avec un Sarkozy qui souhaiterait apparemment nous ramener 40 ans en arrière, avant Mai 68...
).
Une France volontaire, du droit et du devoir, du sens civique, du dialogue, contre une France de la mauvaise volonté, de l'individualisme exacerbé et de la division. Une France où chacun est "monté les uns contre les autres", selon l'expression désormais devenue courante.
Une France où les termes éducation et prévention reprennent leur sens, contre une France qui ne connaît rien d'autre que le déterminisme fataliste, le fichage emprisonnant et la répression primaire.
Ce que propose Sarkozy, c'est une France asphyxiée qui court à sa perte, car elle ne s'aime plus suffisamment, ou s'aime trop (?), pour pouvoir se tourner vers les autres et vers l'avenir.
Une France lumineuse, contre une France accrochée à sa morosité.
[quote="Underhilldaisy"]C'était pas mon but de tirer des conclusions aussi rapides, rassure toi.
Je ne dis pas du tout que c'est la faute du modèle social adopté. Je crois même que c'est l'inverse. Je suis pas spécialiste de l'histoire des pays nordiques je dois le reconnaître. Mais il est clair que depuis le XVIII è siècle, on ne les entend plus beaucoup s'exprmier, quand on pense au "prestige" d'antan. Du coup, lorsqu'un pays se replie sur soi, forcément qu'il gère son intérieur parce que d'une certaine manière il n'a que ca à faire si je puis dire. Tu vois ce que je veux dire?[/quote]
Ce que tu es en train de décrire, c'est la France de Sarkozy : un Pays qui ne s'occupe plus que de lui-même.
Sarkozy aura envie de s'occuper du reste du monde le jour où il y aura des grandes élections mondiales et où il aura nécessité de séduire le public international. En attendant ce jour qui n'arrivera jamais, il ne cherchera rien d'autre qu'à se faire aimer de son public, à le brosser dans le sens du poil, notamment en exacerbant ses sentiments nationalistes les plus fermés. La campagne électorale nous en a offert un avant-goût très parlant, je le crains fort...
Sarko règne là où il a à provoquer. L'étranger n'est pas son public (et c'est même plutôt à souhaiter, étant donnée sa brutalité naturelle). Son public, c'est la France, c'est le français. Et ça le restera. Sarko n'ira pas chercher plus loin. Nul besoin donc d'aller aider son prochain en dehors des limites de la France, cela ne nous regarde pas...
Ce sera plutôt "La France contre" untel ou untel, puisque c'est sa rhétorique pour chaque problème. Sarkozy est un mec qui a développé l'intégralité de son discours autour de la victimisation permanente de son auditoire (opposé à toutes sortes de criminels et de voyous : chômeurs paresseux, resquilleurs, fraudeurs, fumeurs tueurs, conducteurs tueurs, penseurs libertaires oppresseurs, etc, etc.). J'ai un peu peur qu'il en ait pris l'habitude, personnellement, et ça me fait craindre les pires dérives possibles. Parce que jusque-là il s'agissait seulement de monter des français contre des français (voire des immigrés), des catégories contre d'autres catégories. Qu'adviendra-t-il lorsque le référentiel deviendra mondial (dès le 6 Mai) et non plus seulement franco-français ?
Sarko, comparé à Hilter ? Personnellement ça ne me choque pas plus que ça, à vrai dire.
Qu'est-ce qui nous différencie du peuple allemand des années 30, après tout ? La question pourrait être intéressante à explorer... Surtout lorsque l'on sait que notre pays, de l'avis de tous, est un pays en crise.
Reste qu'un discours axé sur la victimisation permanente, c'est un discours dangereux. C'est un discours d'extrême-quelque-chose.
Sarkozy parle en exacerbant, toujours, la rage de son auditoire. Que ce soit une rage positive (rage de gagner, de vaincre, culte de l'effort - valeurs essentiellement guerrières d'ailleurs, accompagnées d'une forte conscience du gain et de la propriété), ou une rage carrément révoltée et revancharde (positionnement en victime, avide de justice).
Sarkozy parle avec les tripes, et s'adresse aux tripes. Et c'est pour ça qu'il convainc aussi facilement et rassemble autant. Et ça, c'est très très grave !!!!
Et un pays qui marche à ce petit jeu-là, c'est un pays qui me dégoûte, oui parfaitement.
Je suis un peu comme Yannick Noah : je ne comprends pas qu'on puisse ne pas voir ce que contient le discours de Sarkozy. Et ceux qui laissent faire, en s'abstenant ou en votant blanc, sont autant à pointer du doigt que ceux qui comptent voter pour lui. Je ne les comprends pas plus les uns que les autres !
Incompréhension généralisée donc.