Vu ce qui se dit depuis Dimanche soir, je devine :
1/ qu'il n'y aura pas de renégociation.
2/ qu'il n'y aura même pas de tentative de proposer une renégociation.
3/ que les médias ont déjà commencé et continueront à rendre inenvisageable toute renégociation, et inutile de la réclamer.
4/ que tout sera fait pour éviter de donner la parole à tous ceux qui réclament cette renégociation.
5/ que la renégociation va être le nouveau sujet tabou des médias télé, après le tabou des votes négatifs dans les autres pays européens (dont les sondages aux Pays Bas par exemple -plus de 60% de non- n'ont été révélés qu'après notre propre scrutin...)
Bref, il n'y aura pas de renégociation. Le plus simple (et ce que réclame majoritairement le NON français), c'est une disparition de la partie III qui n'a rien à faire dans une Constitution. Une concession qui n'est pas prête d'être faite puisque cette partie III est justement la raison d'être de ce TCE !!!
[quote="Guigui"]Voilà le NON est passé, les médias s'y reprendront à 2 fois avant de forcer une réponse.[/quote]
Tu crois vraiment ? D'après ce que je vois, j'ai au contraire l'impression qu'ils ont déjà commencé leur implaccable campagne en vue du second référendum !!!!
Car c'est ce qui est visé ici (et c'est précisément pour ça que toute hypothèse de renégociation devra être écartée quoi qu'il arrive).
La seule leçon qu'ils auront tiré de tout ça les médias, c'est que... "rien ne sert de courrir, il faut partir à point" !
Désolé de dire ça mais le pré-référendum n'a été qu'une timide (et tardive) mise en bouche comparé à ce que l'on va subir maintenant, et ce que l'on a déjà commencé à subir depuis le 29 au soir...
Si le citoyen s'exprime lors de son vote, c'est toujours [b]quoi qu'il arrive[/b] [u]les médias qui reformulent son vote[/u] et en font après coup, il faut bien le dire, strictement ce qu'ils veulent. Cf. le premier tour de 2002 dont le message pourtant très clair a été totalement perverti, dénaturé et rendu muet par les médias.
Et bien aujourd'hui, c'est exactement la même chose qui se passe. Les mêmes contradictions qui s'observent.
La plus énooooorme étant quand même que tous, politiques comme journalistes, partisans du oui, comme du non, [b]n'ont cessé de vanter la qualité du débat mené par le peuple français, sa prise de conscience citoyenne[/b] miraculeuse et historique, etc, etc. Certes, ce genre de "discours", ce genre de pratique (= la turlutte !!!
) n'est pas nouvelle. Chaque perdant d'élection, tout bord confondu, y a toujours eu systématiquement recours. Les soirées électorales ont toujours été ainsi d'ailleurs : les perdants se mettent à genoux, et commencent leurs mouvements de va et vient la bouche grande ouverte, espérant sans doute se servir du fait qu'ils ont la bouche prise comme excuse parfaite pour ne pas trop parler de ce qui pourrait déranger... :twisted:
La différence cette fois-ci c'est que ce discours n'est pas qu'un simple blow-job comme on en a l'habitude. On le sait tous, on l'a tous observé, sur le net, dans les cafés, ailleurs, qu'effectivement il y a eu un vrai débat, de qualité, une vraie mobilisation des consciences. Au sein même des familles dit-on (et c'est pas la mienne qui contre-dira ça d'ailleurs). Un débat qui a très largement porté sur le texte en lui même (notamment sur Internet, où le texte a été - ici comme ailleurs - épluché comme jamais aucun autre texte n'a été épluché par le passé). Un débat au cours duquel des questions fontamentales, presque oubliées, ont refait surface. Un questionnement sur la démocratie notamment. Bref, les ventes de produits dérivés estampillés "Constitution Européenne" ne démentiront pas non plus cela. Ils sont vendus comme des petits pains (j'ai même vu des DVD l'autre jour au Virgin !!!! :shock: ), prouvant qu'il y a eu un réel intérêt POUR LE TEXTE, et son étude. Tout ça pour dire que [b]OUI, le débat a été exceptionnel, et il a porté en grande partie [u]SUR LE TEXTE[/u] lui-même !!!![/b]
Alors nous féliciter sur la qualité - et la pertinence - de ce débat, c'est bien gentil, mais si c'est pour essayer de nous le faire oublier, passés les 12 coups de minuits, là je crie au scandale et bien entendu, à la manipulation !!!!
[b]Qu'elle impression gardez vous de tout ce qui s'est dit depuis le résultat ????[/b]
La mienne est très simple. J'ai bcp zappé le soir du scrutin, et hier surtout, des premières émissions du matin aux JT du soir, en passant par les access prime time, les émissions chiffons du genre "On a tout essayé" et sa consoeur "La Ferme" (qui devrait effectivement la fermer !!!
). Ce que j'en retiens c'est que :
1/ Quasiment à aucun moment n'a été donné la parole aux citoyens pro-européens qui ont voté non en conscience. Seuls les pro-oui défaits, profondément atristés, et ne parvenant toujours pas à comprendre comment on a pu en arriver à une telle défaite de la citoyenneté, ont été interrogés, sur les terrasses de cafés où autres lieux d'échange et d'ouverture d'esprit. Pour les votants du non, les médias n'ont pas réussi à faire autre chose que du Pernauld, à la limite de la caricature de Groland. Le votant du non est donc un français "d'en bas" celui qui vit dans des contrées reculées, et qui a un degré de raisonnement proche de celui du haricot, ou pire encore qui n'en a rien à foutre de l'Europe, voire même est anti-européen ! C'est ça la réalité dépeinte par les médias. Un petit reportage donnant la parole à ceux qui fêtaient la victoire du non sur la Place de la Bastille ????? N'y comptez même pas, ceux là paraissent bien trop citadins pour être montrés à la télé, associés à un non qui par "définition" est rural (provincial étant devenu synonyme de rural bien entendu !!!). Oui, bon, d'accord la France urbaine (=Paris), c'est 66% pour le oui. On comprends dès lors un peu mieux le décallage entre l'opinion publique et les médias ! Un fossé presque aussi grand que celui qui existe entre les citoyens et ses représentants politiques au Parlement (qui aurait vraisemblablement donné un beau 80% pour le oui) !!!!
2/ Le mot d'ordre semble très clairement être celui-ci : on va jouer à fond la carte de la culpabilisation du non !!! Tout comme de la marginalisation du non (alors qu'il est majoritaire ! :shock: ). Sérieux, si je ne m'en fiais qu'aux médias j'aurais vraiment l'impression à l'heure actuelle d'avoir fait la plus grosse connerie de ma vie, de m'être fait manipulé depuis le début par des anti-européens déguisés, et surtout, d'avoir oeuvré contre l'Europe, d'avoir voulu lui porter ouvertement préjudice, d'avoir privé la "population des gens ouverts d'esprit" d'une belle Europe puissante où la diversité culturelle aurait pu enfin s'exprimer (clin d'oeil à Mr. Philippe Torreton hier sur le plateau de Arlette Chabot ! :P Mais il y avait encore pire à côté de lui, en la personne de cette jeune femme disant que le non de gauche avait eu recours durant la campagne aux mêmes arguments xénophobes de l'extrême droite. Et après elle s'offusque d'être montrée du doigt comme véhiculant elle aussi cet amalgamme incessant et insultant !!!
). Le message que les médias essayent de véhiculer c'est : "oh mince, c'est vraiment dommage". Si on peut faire couler des larmes, on est encore plus preneur. Vu sur "La ferme !" : Dechavanne "Vous ètes au courant des résultats du référendum ?". Les fermiers, ne savant pas quelle version donner (sont-ils au courant, ou pas), laisse planer un légère hésitation avant d'en arriver à la conclusion qu'ils vont prétendre ne pas savoir (!!!!!!!!!!!). Puis on entend des "oh mince", "oh c'est dommage", bien surjoués comme il faut ! Dommage pour Dechavanne, leurs fermiers ne sont pas des acteurs (juste des putes même pas convaincantes). Lamentable.
Lamentable également a été "On a tout essayé". 5 chroniqueurs sur 6 qui sont pour le oui, le font savoir, et encensent même le pauvre Hollande pour qui ont est tellement triste, lui qui s'est battu si héroïquement pour défendre -je cite Miss France (
)- la seule chose de bien que le PS ait voulu faire. Quel gachis effectivement. Ils vont finir par me faire pleurer tous...
3/ J'imagine aisément que plus ça va aller plus les médias vont se faire joyeusement l'écho d'une crise majeure que tout le monde (et principalement les tenants du oui) souhaitent majeure, irréversible, et catastrophique. Bien sûr qu'aujourd'hui, après une telle claque (c'est pas 50,1% / 49,9%) personne ne va oser parler d'un second référendum. Ce serait proprement insultant de le faire. Mais c'est bien pourtant ce qui est en jeu depuis Dimanche 22h... Il faut s'assurer une victoire fracassante du oui lors du prochain référendum dont on commencera bientôt à nous parler, n'en doutons pas. En attentant tous les moyens vont être bons pour faire regretter au citoyen consciencieux d'avoir osé mettre l'Europe en péril (en otage comme ils disent) dans le simple but de sanctionner le méchant et bien pratique Raffarin...
Je rappelle que Paris c'est 66% de oui... Je vous laisse imaginer la proportion de oui dans les rédactions des JT, et sur les plateaux de TV !!!
4/ Mais le pire c'est que comme je disais on essaye de nous faire oublier qu'il y a eu un débat sans précédent [u]qui a porté sur le texte[/u]. On essaye de nous faire croire que le NON n'est pas un NON au texte, mais un NON sanction à l'égard du gouvernement en place.
Un brin paradoxale avec les turluttes de la veille concernant la dite "qualité du débat" ?
Peu importe, le téléspectateur oublie vite, et ça les rédacteurs le savent. Ils ne sont de toute façon pas à une contradiction près maintenant. On transforme donc tout ça en un NON puéril et inconscient. Si les médias font bien leur travail, l'opinion publique va revenir sur sa position, tant elle va se morfondre en cet après-référendum d'avoir voulu jouer à mai 68 en risquant l'avenir de l'Europe. Quelques mea culpa des politiques en place (sans poids, et bien entendu suivis de rien) vont venir parsemer le parcours, donnant l'impression que remise en question du système politique il y a. Ouaaaaaaais, un nouveau 1er ministre !!!! Supeeeeeeeeeeeer !!! Tant mieux certes, on a jamais eu une telle tête de con au gouvernement, mais c'est pas ça qui changera quoi que ce soit à l'existence d'une partie III dans cette Constitution (pour ne citer que ce problème là).
Mais ça va donner une "nouvelle impulsion" comme Jacques nous a dit !
Et vu que c'est visiblement tout ce qui semble être prévu pour les prochains mois, donner une nouvelle impulsion (je vois toujours pas le rapport de cause à effet mais bon...), on devra se contenter de ça. Sarko (ou autre) va nous gerber à la face toutes ces bonnes intentions, toute sa volonté de changer enfin les choses, de réussir à faire ce que ses prédecesseurs n'ont pas réussi à faire depuis 20 ans, etc. Il va nous faire des beaux discours fédérateurs, et ça va calmer les ardeurs de ceux qui avaient l'habitude d'avoir affaire au mur qu'a été Raffarin.
L'opinion publique va changer. Et aucune renégociation ne sera alors nécessaire, tant ce vote aura été travesti en vote purement sanction, qui aura été entendu. Le texte nous sera alors à nouveau proposé tel quel et sera adopté par une population bien embrigadée.
Attendons-nous à voir les médias nous montrer quotidiennement le visage humain des députés européens, de la Commission, etc. (je ne dis pas que c'est une mauvaise chose mais bon...)
Attendons-nous à ne jamais ré-entendre parler de la seule impulsion qui ait été réelle et déterminante sur ce coup-ci (=> l'impulsion des électeurs de gauche).
Attendons-nous à ne plus voir que 3 réprésentants du NON. Le Pen, De Villiers à droite, et Fabius à gauche. Cet arriviste qui va enfin commencer à sortir de son terrier depuis que le vote a donné le non gagnant. Lui que l'on a jamais (ou si peu) entendu parler pendant la campagne, n'ayant visiblement pas le courage de son revirement aussi risqué qu'opportuniste...
Attendons-nous à ne plus jamais réentendre parler des problématiques posées par le texte. Car n'oublions pas ceci : [b][u]le débat n'a jamais eu lieu[/u], pas plus que la prise de conscience citoyenne des français ![/b] Le TCE n'a pas été mis en cause par les français lors de leur vote ! Ce n'est qu'à ce prix là, en inventant ce "fait", le rappelant sans cesse et le gravant dans les mémoires, que nos politiques pourront à nouveau nous présenter le même texte l'an prochain : en reformulant et travestissant le message exprimé lors du scrutin, comme les médias savent si bien le faire !
66% de oui à Paris... 100% dans les rédactions de TF1, France2, France3 !
Plus la situation va être montrée comme étant catasprophique et inextricable, plus le remords chez les pro-européens ayant voté non sera grand, et leur revirement l'année prochaine assuré. Le but maintenant est donc de prouver à ces mauvais européens à quel point il était inconscient de croire à la possibilité d'une renégociation, à quel point ils se sont laissés manipulés par des démagos de gauches qui leur ont menti (et qui n'en seront que plus décribilisés lors du prochain référendum fin 2006).
Les intérêts de Chirac ne se trouvent pas dans un espoir de renégociation, mais au contraire dans tout échec en ce sens ! Il ne cherchera donc pas à défendre nos intérêts (qui restent contraires aux siens)...
Ma conclusion, vue les réactions des médias est très simple :
[b]>> Les rapports de force entre les médias et l'opinion publique ne font QUE commencer !!![/b]