Prison et Psychiatrie

[Polonours]

[b]Le sort des détenus malades mentaux posé par un cas de cannibalisme [/b]



CHÂTEAUROUX (AFP) - L'affaire du prisonnier de la maison centrale de Saint-Maur (Indre) qui a entrepris de manger la cervelle d'un co-détenu après l'avoir tué pose le problème des criminels relevant plutôt de structures psychiatrique adaptées.

"Ce type de détenu devrait être mis à l'écart de la détention normale et placé dans des structures psychiatriques spécialisées", a déclaré jeudi Frédéric Grandcolas, secrétaire général de l'Union fédérale autonome pénitentiaire (Ufap).

Le délégué Ufap de la centrale, Thierry Fouchet, a écrit au garde des Sceaux Dominique Perben au sujet de cette affaire. "Nous réclamons l'ouverture d'un débat sur la question de ce type de détenus car l'institution pénitentiaire ne sait pas les gérer", a-t-il expliqué.

Le détenu, qui a été mis en examen mardi pour meurtre avec actes de barbarie, a été transféré jeudi dans une unité pour malades difficiles d'un établissement psychiatrique de Sarreguemines (Moselle).

Agé de 36 ans, grand et physiquement robuste, il purgeait une peine de 30 ans de réclusion pour homicide et actes de barbarie et de cannibalisme, infligée en 2000 par la cour d'assises de la Corrèze pour des faits datant de 1997.

Dimanche soir, lors de la distribution des repas il a, en quelque sorte, récidivé. Dès que la porte de sa cellule s'est ouverte, armé d'un cendrier, il s'est précipité sur les détenus et gardiens qui apportaient le dîner.

Il a blessé légèrement un détenu et deux gardiens mais il a surtout fracassé le crâne d'un autre détenu, s'acharnant sur lui et entreprenant de manger sa cervelle. Huit personnes ont été nécessaires pour le maîtriser. Ayant réussi à rentrer dans un office proche de sa cellule, il s'est emparé d'un couteau et s'est blessé volontairement au ventre.

Interrogé par la suite à l'hôpital par la police, "il a déclaré qu'il avait entendu des voix lui disant qu'il allait être agressé au moment du repas mais il a affirmé aussi n'avoir aucun souvenir de ses actes", a indiqué Stéphanie Forax, substitut du procureur de Châteauroux.

Le détenu qui, à Sarreguemines, gardera le statut carcéral, va subir une voire plusieurs expertises psychiatriques.

"On nous a laissé entendre qu'il ne reviendra certainement pas en structure pénitentiaire classique, ce qui prouve qu'il n'avait rien à y faire", a affirmé M. Grandcolas.

Ce meurtre a causé un grand traumatisme au sein de la centrale de Saint-Maur, notamment au sein du personnel pénitentiaire qui a reçu une assistance psychologique. "Cette fois la victime est un détenu, demain ce sera un gardien mais, à chaque fois, il s'agit d'un échec de l'institution pénitentiaire car nous sommes là pour sauvegarder l'intégrité physique de tous ceux qui sont dans la centrale", a estimé M. Fouchet.

"Dans la centrale il y a d'autres détenus de ce type dont je me méfie", a-t-il ajouté sans donner de chiffre.

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